En septembre dernier, Anaïs Le Ménahèze a fait 800 km à vélo entre Nantes et Lourdes, un défi lancé par son frère. La jeune femme, atteinte d'obésité, raconte son histoire et l'importance de la lutte contre certaines idées reçues liées à cette maladie.
Elle était, dit-elle, un bébé avec de bonnes joues, puis une adolescente bien ronde. Année après année, les kilos se sont accrochés à son corps, et ce, malgré les régimes, les tentatives pour perdre du poids.
Depuis plus d'un an, Anaïs est suivie à la clinique Breteché, à Nantes.
C'est là qu'on lui a expliqué que l'obésité était une maladie aux multiples causes : dérèglement hormonal, facteurs héréditaires, psychologiques, pas mal de raisons qui n'ont pas forcément à voir avec la nourriture, malgré ce qu'en pensent la plupart des gens*.
À partir du moment où l'on m'a expliqué que c'était une maladie, que l'on a mis ce mot-là sur ce que j'avais, j'ai commencé à déculpabiliser.
Anaïs Le Ménahèze
Pour combattre l'obésité dont elle est atteinte, Anaïs a pour l'instant refusé une très invasive chirurgie bariatrique qui consiste à réduire une partie de l'estomac. Elle préfère se remotiver à faire du sport.
La trentenaire a préparé son grand défi pendant plusieurs mois : parcourir les 800 km qui séparent Nantes et Lourdes. Elle s'est donnée 12 jours pour y arriver.
Sensibiliser et déjouer les préjugés
"L'objectif que je me (suis donné) tout au long du parcours, c'est de dire que l'obésité ne vient pas de la volonté des gens : cette maladie n'est pas due au fait de ne pas bouger ou de manger n'importe comment " expliquait Anaïs.
" L’obésité est un tabou dans notre pays, on n'en parle pas. Nous sommes invisibilisés malgré nos corpulences. On ne trouve pas ce qu'on veut en magasin, les sièges sont trop petits. Et on souffre parce qu'on a honte".
Anaïs Le Ménahèze
Anaïs a décidé de rendre son combat le plus visible possible.
Une carriole, une mascotte (Obélix) et des slogans déclinés en jaune et vert, les couleurs de Nantes certes... mais pas seulement.
" Ce sont aussi les couleurs du Togo, précise-t-elle. Mon mari est togolais et là-bas, on valorise les femmes qui ont des formes. Dans ce pays, j'ai découvert que les regards pouvaient être bienveillants sur les personnes grosses. Le terme même de "gros" n'a pas le sens péjoratif qu'on lui donne ici".
Adopter ces couleurs, c'est pour Anaïs une façon de rendre hommage aux gens qui ne stigmatisent pas la différence.
Le départ du périple de la jeune femme s'est fait le 24 septembre dernier près des nefs des Machines de l'île de Nantes. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisqu'il abrite l'Éléphant. Un symbole de poids, choisi et assumé par Anaïs qui a intitulé son programme : "La vie en gros ! Pédaler pour avancer face à l'obésité".
Anaïs est arrivée le 5 octobre à Lourdes, "Lourdes comme une plume...".
*67 % des Français estiment que perdre du poids est d'abord une question de volonté et 62 % pensent que l'obésité est avant tout due à une mauvaise alimentation et à un manque d'activité physique.
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