Planter des arbres et élever des poules noires de Challans sur un même périmètre afin que chacun apporte à l’autre. C’est ce qu’a mis en place Cédric Retours sur une friche de vignes, dans le vignoble nantais. Lui, l’ancien paysagiste qui se rêvait agriculteur, s’est donné les moyens d’y parvenir, aidé par tout un écosystème de solidarité.
À 40 ans passés, Cédric Retours s’est fait rattraper par son rêve, celui de devenir agriculteur. Il a donc lâché sa carrière de paysagiste pour se lancer dans l’élevage de volailles, notamment des poules noires de Challans, à La Chapelle-Heulin, en Loire-Atlantique. Et l’histoire est belle puisqu’il a recréé un écosystème grâce à tout un réseau associatif et solidaire.
Au début, il y avait…
"J’avais six hectares non cultivés derrière ma maison, explique Cédric. Je faisais partie de l’association Terres en vie qui recense justement les terres en friches, principalement des anciennes vignes, pour les entretenir et les proposer à des porteurs de projets. Je me suis donc lancé". Cédric a mis plus de deux ans à concrétiser le sien.
Je devais m’assurer que ce soit viable, en parler avec ma femme et ma fille, et me faire une expérience pour voir quel type de production me conviendrait le mieux
Cédric Retours
C’est lors d’une courte formation chez un éleveur de volailles dans le sud de la France qu’il s’est décidé à se lancer. "C’était un éleveur de volailles en cabanes mobiles en plein air, comme ce que j’ai fait ici".
Monter son projet
L’association "Terres en vie" lui a permis de réserver les terrains et lui a laissé le temps de se préparer et de se former. Et c’est tout un réseau solidaire qui s’est mis en place. Par le biais de la CIAP (Coopérative d'Installation en Agriculture Paysanne), Cédric a pu réaliser un stage paysan créatif. "Ils m’ont financé et aidé à investir pour monter la ferme. Au bout de deux ans, j’ai pu aller voir les banques avec mon outil de travail et ma clientèle pour pouvoir rembourser la CIAP. Officiellement, je suis en activité à mon propre compte depuis le 4 juillet de cette année et ça fait deux ans que je travaille".
Et le réseau ne s’arrête pas là puisque Cédric bénéficie également de l’expertise des associations "Passeurs de terres" et "Terres de Liens Pays de la Loire" qui permettent l’accès au foncier aux paysans bio. "J’ai construit mon hangar et les cabanes sur un terrain que j’ai en bail à Passeurs de terres. Je suis locataire. Le jour où j’arrête, ils me rachètent le hangar, ce qui est plus simple pour la succession, et ça revient à un autre agriculteur".
Des poules pas comme les autres
Pour l’élevage, l’ex-paysagiste a opté pour une race de poules qui était sur le point de disparaître : la noire de Challans. "Nous sommes sept éleveurs en Pays de la Loire. Nous aimerions bien nous développer pour être plus indépendant et travailler avec des races rustiques. Elles n'ont pas la même chair". Afin d'en vivre, Cédric élève également des poulets cou nu jaunes, plus communs. "Nos poulets vivent cent jours (ndlr, 2 à 3 fois plus qu’un poulet industriel), et nos poules de Challans 180 jours, quand la règle pour le Label bio est à 81 jours".
Et tout ce petit monde vagabonde en plein air, grâce à un système de cabanes mobiles que Cédric déplace régulièrement. "L’objectif est ainsi d’éviter la prolifération des parasites. J’ai également planté 2 km de haies et 200 arbres pour faire de l’ombre aux animaux, les protéger des rapaces, du vent, de la pluie, et éventuellement les nourrir avec les fruits". C’est ce qu’on appelle l’agroforesterie, l’association de la végétation et de l’élevage pour que chacun profite à l’autre. "On nourrit la terre et on recrée une biodiversité qui permet de combattre les maladies. On revient au naturel. On a des animaux plus résistants".
Une terre, des arbres, un avenir
Et le cercle vertueux se poursuit avec les enfants, via l’association "Des enfants et des arbres". Les primaires des écoles aux alentours sont ravis de venir planter des arbres, créer du lien avec les éleveurs et participer à la reconquête de la biodiversité. Ou comment sensibiliser les consommateurs de demain ? Cédric est un agriculteur heureux qui pense désormais à se diversifier. "J’aimerais acquérir d’autres terres aux alentours et avoir des vaches allaitantes, seul ou associé". Un joli modèle de reconversion pour un homme à qui, plus jeune, l’entourage avait déconseillé de devenir agriculteur.
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