C'est la goutte d'huile qui a fait déborder leur colère. Les 300 000 tonnes d'huile de palme destinées à la raffinerie Total de la Mède. Dès dimanche soir, les agriculteurs bloqueront des raffineries et dépôts de carburant.
Plus une goutte de pétrole ne doit sortir de la raffinerie de Donges : à partir de ce dimanche soir, et pour trois jours, la FNSEA, principal syndicat agricole, appelle à bloquer les 4 raffineries Total installées en France, et 9 dépôts de carburants.
Objectif : protester contre la politique du gouvernement, qui les oblige à respecter des normes, auxquelles ne sont pas soumis les produits importés tels que l'huile de palme.
Si la colère couvait depuis longtemps, avec notamment des accords commerciaux comme le CETA signé par l'Union Européenne avec le Canada, c'est le dossier de l'huile de palme qui a fait basculer les agriculteurs.
Quand l'huile de palme supplante les huiles françaises
En effet, cet été, la bioraffinerie Total de La Mède, près de Marseille, devrait fonctionner avec 300 000 tonnes de cette huile, issue de la déforestation en Malaisie ou en Indonésie, alors que les agriculteurs français pourraient fournir pour le même usage, des huiles plus chères, mais plus éthiques, de tournesol ou de colza.
Plus globalement, la FNSEA dénonce des distorsions de concurrence pour des produits, qui peuvent être importés de pays n'ayant pas les mêmes normes, tandis que les agriculteurs français sont soumis à toujours plus de contrôles et de traçabilité.
Interdire les produits étrangers cultivés avec des pesticides interdits
Le syndicat réclame notamment la réintroduction dans la loi Alimentation, qui sera examinée au Sénat à partir du 26 juin, d'un amendement pour interdir l'importation de toute denrée produite à l'aide de phytosanitaires interdits dans l'Union Européenne.
Il souhaite aussi que le gouvernement français renonce à son contingent d'importation d'huile de palme, et demande un allègement de charges, sur le travail saisonnier, jugé 27% plus cher chez nous que la moyenne européenne.
Des revendications, une fois n'est pas coutume, observées avec grand intérêt par les organisations environnementales, d'habitude plutôt opposées à la FNSEA, notamment sur le dossier des pesticides.
Pas de pénurie de carburant
Quant aux automobilistes, pas de panique. Si 4 des 7 raffineries françaises devraient être affectées, le blocage ne touchera que 9 des 200 dépôts de carburants du pays.