Centrale à charbon de Cordemais. Syndicats et élus mobilisés pour soutenir le projet de reconversion Ecocombust 2

Politiques et responsables syndicaux se mobilisent ce mercredi 17 avril pour défendre le site de Cordemais et le projet Ecocombust 2. Une reconversion vers la combustion de bois de récupération. Mais la région nourrit d'autres ambitions.

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Ils sont nombreux à s'être rassemblés sous le soleil au pied de la centrale de Cordemais ce mercredi 17 avril.

Syndicalistes en chasubles rouges et politiques de tous bords, député LFI, sénateur écologiste et socialiste, ils sont venus soutenir le projet Ecocombust 2.

Sophie Binet, leader de la CGT a également fait le déplacement.
"C'est un dossier emblématique, cela fait neuf ans que la CGT se bat pour la centrale de Cordemais avec un projet extrêmement solide qui a été construit par les salariés. Tous les experts sont d'accord pour dire que ce projet a beaucoup de sens."

C'est très important pour décarboner notre énergie et garantir que nous ayons l'électricité dont nous avons besoin pour réindustrialiser le pays. Aujourd'hui la situation est ubuesque

Sophie Binet

Secrétaire générale de la CGT

"EDF fait tout pour torpiller le projet et le gouvernement laisse faire", ajoute la secrétaire générale de la CGT.

Nous voulons savoir si le gouvernement a changé de position ou si EDF fait la loi dans ce pays

Sophie Binet

Secrétaire générale de la CGT

"Nous avons aujourd'hui un gouvernement et patronat qui sont irresponsables et qui n'organisent pas la transition écologique et qui considèrent la question sociale et les salariés comme une variable d'ajustement", souligne Sophie Binet.

Produire de l'électricité avec des pellets de bois, c'est 200 millions d'euros d'investissement. 200 millions à l'échelle des 170 milliards d'aides publiques qui sont consenties chaque année aux entreprises sans condition ni contrepartie, c'est une paille !

Sophie Binet

Secrétaire générale de la CGT

Les élus locaux engagés aux côtés des salariés attendent d'en sortir enfin. Des années que la question de l'avenir de la centrale est sur la table.

Je ne crois pas qu'il faille un plan B, nous avons un plan A qui fonctionne qui a prouvé son utilité pour l'emploi et la transition écologique. Il faut aller au bout

Philippe Grosvalet, sénateur socialiste

"Le site doit être optimisé"

"Le quotidien, c'est l'incertitude, le doute dans l'esprit des travailleurs et des familles. Il y a l'outil industriel qui est là et toutes les infrastructures ferroviaires et fluviales. Un site comme le nôtre doit être optimisé", soutient Christophe Besnard, salarié de la centrale.

Emmanuel Macron a donné son feu vert, ça nous a donné de l'espoir, on voyait enfin le bout du tunnel et au moment du financement, c'est compliqué. Nous avons toute notre place pourtant dans le schéma énergétique du Grand Ouest

Christophe Besnard

Salarié de la centrale de Cordemais

Le projet avait été validé le 20 janvier 2023 par le Ministère de la Transition écologique. Un soulagement à l'époque pour les salariés du site engagés depuis de longs mois pour porter l'alternative. À savoir, la transformation de la centrale à charbon en usine de fabrication de pellets et en centrale biomasse.

À LIRE AUSSI. Reconversion de la centrale de Cordemais. Le ministère de la Transition écologique valide officiellement le projet Écocombust

La centrale EDF de production d'électricité fonctionne au ralenti. Elle n'est en action que quelques jours par an. Le charbon, ce combustible d'un autre temps, a fait long feu. Malgré des efforts en matière de filtrage et de traitement, le bilan carbone de l'infrastructure est catastrophique.

Quelle option alors pour en finir avec cette énergie fossile ? La combustion de black pellet portée par le groupe Paprec est pour l'instant la solution la plus envisageable, celle qui fait consensus. Mais EDF considère que le coût de la production des pellets serait prohibitif.

Sous le barnum installé pour l'occasion, les prises de paroles s'enchainent.

"EDF n'a jamais négocié"

"C'est une position que nous contestons. EDF avec la société Paprec dans un consortium commun ont répondu à un appel à manifestation d'intérêt. Il paraitrait donc logique qu'entre deux partenaires financiers une négociation se mette en place. La société Paprec n'a jamais rencontré EDF et EDF n'a jamais voulu négocier le prix du black pellet", explique Fabien Deschamps, délégué syndical CGT à la centrale de Cordemais.

C'est comme quand on achète une voiture, chacun arrive avec son prix et on trouve un terrain d'entente

Fabien Deschamps

Délégué syndical CGT à la centrale de Cordemais

"Une décision d'ici à l'été 2024"

"L’ambition industrielle pour la décarbonation progressive de Cordemais se déploie depuis 2023 en proposant une production d’électricité moins carbonée grâce à l’utilisation de jusqu’à 20 % de biomasse en substitution du charbon", rappelle, de son côté, EDF.

Une conversion totale à la biomasse d'ici à 2027 nécessite de définir les modalités de régulation d’un tel fonctionnement. Plusieurs réunions de travail ont déjà eu lieu et les travaux se poursuivent pour pouvoir prendre une décision d'ici à l'été 2024.

EDF

"Il est urgent d'entériner ce projet"

Michel Ménard, président du département de Loire-Atlantique exige pour sa part d'Emmanuel Macron "des garanties de réussite.

"La reconversion de l’usine à charbon située à Cordemais en biomasse en 2027 est une solution d’avenir et une solution de proximité pour la production électrique du territoire, pour ses habitants. Initialement porté par les salariés de la centrale, le projet Ecocombust permettrait d’assurer ainsi un avenir non seulement au site, mais également aux emplois et aux compétences des salariés de Loire-Atlantique", écrit-il dans un communiqué.

"Alors que le projet définitif Ecocombust 2, porté par EDF et Paprec, a franchi les étapes nécessaires (politiques, enquête publique, permis de construire…), que le président de la République a personnellement confirmé en septembre 2023 son soutien, le projet semble à nouveau remis en cause. Le positionnement entretenu par EDF depuis plusieurs années et accentué ces dernières semaines suscite de vives inquiétudes", poursuit le président du département.

Michel Ménard s'interroge sur "les mesures que l’État prendra pour soutenir définitivement la réussite de ce projet".

Il est urgent d’entériner ce projet, d’une ambition remarquable en matière de transition écologique et industrielle de l’Estuaire de la Loire et bien au-delà

Michel Ménard

Président (PS) du département de Loire-Atlantique

Nucléaire, hydrogène, certains évoquent d'autres pistes. "Le projet doit être adopté en l'État. C'est l'avenir de la centrale et du territoire qui se joue là. On a un outil de production d'énergie, on a des réseaux, on a une opportunité technique, alors profitons-en pour y aller", conclut Rémi Nicoleau, président de la communauté de commune Estuaire et Sillon.

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