Fermeture de la Centrale EDF de Cordemais : "Humainement, on est tous touchés", les salariés expriment leur amertume lors d'une réunion publique

Une centaine de personnes ont participé jeudi 10 octobre à la première réunion publique organisée par la CGT depuis l'annonce de l'annonce de l'abandon du projet Ecocombust à la centrale EDF de Cordemais en Loire-Atlantique. Ce projet de produire de l'électricité avec du bois est abandonné. La centrale de Cordemais fermerait en 2027.

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Comme un symbole de l'omniprésence du site dans le paysage de la commune, les cheminées de la centrale EDF dominent l'arrière-plan de l'hippodrome de Cordemais où se déroule la réunion.

350 salariés dans l'attente

Politiques, riverains, militants CGT mais aussi et surtout salariés se succèdent au micro.

Dany, 53 ans, agent EDF de la centrale résume, la gorge nouée, le sentiment de beaucoup des salariés présents.

"J’ai fait trois fermetures dans ma vie et je peux vous dire que ce n’est pas simple quand vous déplacez une famille, quand vous vendez votre maison" lâche au micro le salarié visiblement ému.

On sait que Cordemais est viable, que le projet Ecocombust il est viable, que le charbon est viable. Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a des familles autour. Humainement on est tous touchés

Eddy

agent EDF de la centrale de Cordemais

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"Je suis directement concernée parce que moi-même, je travaille à la centrale et mon conjoint aussi" explique pour sa part cette autre salariée du site, Caroline Quiec.

Je viens de la centrale du Havre qui a fermé. On a déjà subi une fermeture. Donc forcément, je me suis attachée à la région et e n'ai pas envie d'en partir.

Caroline Quiec

salariée EDF Cordemais

Cette salariée, même si elle exprime son scepticisme sur les annonces faites de fabrication de nouveaux matériaux veut encore y croire.

"Depuis huit ans, ça commence à faire beaucoup, lâche-t-elle avant de poursuivre, on a eu beaucoup de hauts et de bas. Les espoirs commencent un peu à affaiblir. Mais on y croit quand même" conclut Caroline Quiec.

D’autres salariés viennent de la Centrale de Vitry, en région parisienne, qui a fermé en 2015 après 50 ans de service.

On tombe des nues, on perd espoir. En plus on vient d'apprendre il y a deux jours que le directeur démissionne de son poste, donc on est vraiment très défaitiste.

Tojo Rajerison, salarié EDF

Salarié EDF Cordemais

"Moi je suis dans l'impasse parce que je suis père célibataire, donc mes enfants sont dans la région, je ne peux pas la quitter" explique Tojo Rajerison.

"Je travaille dans le service maintenance spécialisé dans la robinetterie, et un poste comme ça en restant dans la région, il n'y en a pas en fait" ajoute ce salarié du site EDF de Cordemais.

durée de la vidéo : 00h01mn52s
reportage du jeudi 10 octobre 2024 lors de la renuion publique organisée par la CGT 44 sur l'avenir de la centrale EDF de Cordemais en Loire-Atlantique ©France 3 Pays de la Loire

Un combat à mener au niveau politique

L'usine de Cordemais emploie 350 personnes et 120 prestataires, qui perdraient leur travail.

La CGT espère encore, a minima, garder l'usine en état de fonctionnement.

Et pourquoi pas, sauver Ecocombust, le projet de conversion du site aux énergies renouvelables.

"Sauver l'outil de travail pendant quelques années en décarbonant le maximum, ça peut être une piste" explique Fabien Deschamps, délégué syndical CGT de la centrale Cordemais.

Et de lancer la balle dans le camp des politiques.

"Ce sont les élus qui doivent porter cet élément au plus haut niveau. Dans les deux hémicycles, par des courriers, par des interpellations, des questions ouvertes au gouvernement" assure Fabien Deschamps.

"Le président de la République avait pris un engagement. En disant qu'on ne fermerait plus les centrales à charbon, qu'on les transformerait à la biomasse", poursuit-il.

Aujourd'hui on a une entreprise dont le seul acteur est l'État qui a pris une initiative personnelle, une décision unilatérale, de fermeture du site de Cordemais.

Fabien Deschamps

délégué syndical CGT de la centrale Cordemais.

Parmi les élus présents dans la salle de l'Hippodrome de Cordemais, le sénateur de Loire-Atlantique Phillippe Grosvalet

"Ce n'est pas la fin de l'histoire, c'est le début d'une autre histoire, et nous allons nous battre aux côtés des salariés pour que ce projet soit enfin entendu" estime le sénateur PS.

C'est un projet intelligent, c'est un projet d'avenir que nous soutenons, que tous les élus de ce territoire soutiennent. Et donc nous allons continuer de lutter et de faire valoir.

Philippe Grosvalet

sénateur de la Loire-Atlantique (PS)

"Dès la semaine prochaine, au Sénat, nous avons un débat sur l’énergie. J’interviendrai à nouveau sur cette question d'Ecocombust", ajoute l'élu.

L'usine de Cordemais est également la seule dans le grand ouest à produire de l'électricité.

Pour les élus, c'est une question de sécurité énergétique.

"Aujourd'hui, on est dans une réélectrification de nos usages" détaille Ségolène Amiot, députée de la 3ème circonscription de Loire-Atlantique (LFI)

"On va avoir tous une voiture électrique d'ici 20 ans, on a besoin d'électricité, et on a besoin de planifier tout ça. Pour pouvoir le planifier, il faut déjà être sûr de ce que nous avons. Là, aujourd'hui, arrêter de produire ici à Cordemais, c'est une catastrophe", estime Ségolène Amiot, députée de la 3ème circonscription de Loire-Atlantique (LFI).

La centrale de Cordemais emploie 350 salariés, mais en comptant les sous-traitants, près de 2000 personnes pourraient être touchées selon la députée LFI.

Les syndicats de Cordemais ont déposé un préavis de grève valable tout l'hiver, pour mieux peser sur les négociations.

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