Il avait tranché la gorge d'un autre jeune, un "pacifiste" de 22 ans condamné à 18 mois de prison avec sursis

Un jeune "pacifiste" de 22 ans a été condamné ce mardi 10 septembre 2024 par le tribunal correctionnel de Nantes pour "violences avec arme", deux ans jour pour jour après avoir tranché la gorge d'un autre à Châteaubriant (Loire-Atlantique) en marge de la Foire de Béré.

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Hugo se trouvait le 10 septembre 2022 avec trois autres de ses "amis" sur le parking du restaurant Mc Donald's quand sa victime, Thomas avait "toqué" à la fenêtre de leur voiture : il voulait "parler" avec l'un d'eux, avec qui il avait eu une "altercation" deux semaines plus tôt pour une histoire de "regards" de travers.

Passager de la voiture, Hugo était alors descendu de l'habitacle et avait "tiré en arrière" la victime en lui mettant un couteau sous la gorge mais "avec le pouce dessus [la lame] pour ne pas le blesser", selon des témoignages rapportés par la présidente du tribunal correctionnel de Nantes.

Mais Thomas s'était "débattu" et avait commencé à saigner abondamment : il porte encore aujourd'hui une "impressionnante" plaie de "25 cm" au niveau du cou. En s'échappant, il avait trébuché et avait alors reçu un second coup de couteau dans le dos, alors qu'il était au sol : une "fine dermabrasion" de 23 cm de long a été mesurée par un médecin légiste "entre les deux omoplates".

Un couteau gagné à la fête foraine

L'auteur présumé des faits était ensuite reparti chez lui avec ses trois "amis" pour "faire un récap" de leur soirée. Ce jeune jusqu'alors inconnu de la justice a "arrêté de les fréquenter" depuis car "ils consomment des stupéfiants". Mais cela n'a "rien à voir" avec le fait qu'ils l'ont dénoncé aux gendarmes, a-t-il certifié à la présidente du tribunal correctionnel. Les quatre anciens "amis" étaient en tous cas "particulièrement alcoolisés" le soir des faits, selon une témoin.

Lors de l'audience, cet ancien apprenti de la Maison familiale rurale (MFR) comme "magasinier-frigoriste" a tout réfuté : il ne boit "jamais" d'alcool, il n'était pas porteur d'un couteau et a "juste séparé une bagarre", et ses anciens amis veulent lui "faire porter le chapeau" de l'affaire. Ils avaient en effet déclaré que leur "ami" avait "gagné un couteau" lors de leur passage à la fête foraine... Mais "je suis pacifiste, je déteste la violence", a répété ce mardi ce jeune désormais "en recherche d'emploi".

"J'avais eu une altercation deux semaines avant avec [un de ses amis]", a expliqué pour sa part la victime à la barre du tribunal correctionnel de Nantes. Ce jeune d'Issé - âgé aujourd'hui de 17 ans et qui faisait alors en apprentissage dans le domaine de la charpente - a "dû changer de club de foot" suite à cette histoire. "Je suis passé pour le branleur qui voulait se battre alors que je voulais juste parler avec [l'ami du prévenu, ndlr]", a-t-il soufflé.

"C'est un différend qui aurait pu se régler dans la cour de l'école, mais qui en définitive aurait pu se terminer devant une autre juridiction [la cour d'assises de la Loire-Atlantique, ndlr]", résume son avocat, Me Philippe Greslé. "Cet événement est survenu à l'occasion de la Foire de Béré, un événement millénaire et extrêmement important à Châteaubriant, où tout le monde se retrouve... Avec le bouche-à-oreille, tout ce qui lui est arrivé a donc été modifié, déformé et aggravé."

Une cicatrice importante

L'avocat de la partie civile avait donc demandé 5 000 € de dédommagements pour son jeune client : il "voit tous les jours dans la glace" cette cicatrice "à la jugulaire" qui reste "extrêmement importante". "Il n'agit plus de la même façon : il se retourne par exemple dans la rue pour voir s'il n'est pas suivi", a-t-il aussi cité en exemple.

"Ce dossier témoigne de la banalisation assez terrifiante des armes blanches dans la société", s'est désolé pour sa part le procureur de la République. "Cela doit fortement nous interroger." Compte-tenu du fait que le prévenu avait un casier judiciaire vierge et qu'il "ne s'est pas fait connaître" de la justice depuis, il avait requis un an de prison avec sursis, une interdiction de porter une arme pendant deux ans et une inéligibilité temporaire en guise de "forte peine d'avertissement".

"Les gendarmes n'ont pas été pris du souci de douter dans ce dossier", a répliqué Me Guillaume Bouché, l'avocat de la défense. "Ils disent que treize témoins ont été auditionnés et que leurs descriptions de l'auteur des faits concordent en tous points, mais ce n'est absolument pas le cas ! On est déjà dans le pré-jugement... Vous, juges, vous avez des raisons de douter."

Le tribunal correctionnel de Nantes est néanmoins allé au-delà des réquisitions du parquet : son client a écopé de 18 mois de prison avec sursis, d'une interdiction de port d'arme pendant trois ans et d'une interdiction de contacts avec la victime pendant deux ans.

Sur le plan civil, le jeune homme devra verser 2 500 € de dommages et intérêts à Thomas et 800 € de frais de justice.

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