À l’appel de l’intersyndicale, l’Éducation Nationale est en grève ce jeudi 1er février. De nombreuses écoles seront donc fermées. Avec cette journée de mobilisation, les enseignants veulent lancer un avertissement au gouvernement. Ils alertent sur les salaires et les conditions de travail.
Les enseignants sont dans la rue ce jeudi. L'académie de Nantes indique 21,9 % d'enseignants en grève. Dans le premier degré, 20,2 % d'entre eux sont en grève, la mobilisation est plus forte dans le second degré avec 26,2 % d'enseignants en grève selon les chiffres du rectorat.
Dans les collèges, 33,6 % des enseignants sont en grève.
École en crise
L’école est en crise. Et c’est de pire en pire selon les professeurs. Depuis le 15 novembre, les remplacements des enseignants en maternelle et primaire ne sont plus assurés. Et pour le second degré, il n’y en a pas plus depuis des mois.
Des contractuels sont recrutés via le Bon Coin ou France Emploi. Sans formation, ils ne restent pas longtemps… Comment donner l’envie à des jeunes de se présenter au concours d’admission pour devenir professeur ? Au lycée, il y a en moyenne 37 élèves par classe et 32 au collège. "Pourquoi supprimer des postes ?", s’interroge Bernard Valin, le coprésident de la FSU 44, et enseignant en SEGPA.
"Nous aurons 165 postes d’enseignants supprimés dans l’académie de Nantes pour la prochaine rentrée. Et chaque année depuis cinq ans, on en perd. Ce n’est plus possible d’avoir un tel plan social. Ce serait chez Renault, les politiques iraient dans la rue", estime Bernard Valin.
Prolétarisation des métiers dans l'Éducation Nationale
"22 ans que je suis professeure de français en collège. Je suis en milieu de carrière. Et mon salaire a augmenté de 700 euros depuis mes débuts. C’est pas mal, mais si je prends en compte l’inflation et mes 50 heures de travail hebdomadaire avec mes cours, mes préparations, mes corrections et mes relations avec les parents. Ça ne fait pas beaucoup", constate Marie Haye.
"On arrive à une prolétarisation des métiers dans l’Éducation Nationale ", regrette Bernard Valin. Mais ce qui l’interroge davantage, c'est le grand chambardement pour la prochaine rentrée, avec le plan appelé "le choc des savoirs " Il vise à rétablir l’autorité à l’école et renouer avec l’excellence scolaire.
On va me demander de participer au tri scolaire et social de mes élèves alors que moi je fais ce métier pour créer du collectif et les faire tous progresser ensemble. Là c’est une attaque frontale contre ce qui fonde mon métier d’enseignante.
Marie HayeProfesseure de français
"Il va falloir mettre des groupes de niveau en français à partir de la classe de 6ᵉ. C’est l’horreur pour moi ! Ça contredit complètement les raisons pour lesquelles je fais ce métier. On va me demander de participer au tri scolaire et social de mes élèves alors que moi, je fais ce métier pour créer du collectif et les faire tous progresser ensemble", regrette Marie Haye.
"Là, c'est une attaque frontale contre ce qui fonde mon métier d’enseignante. Pour moi, cette réforme est comme celle de France Télécom, c’est la même violence professionnelle qui s’exerce sur les personnels. Je suis même étonnée qu’il n’y ait pas plus de suicides dans l’Éducation nationale. En revanche, il y a de plus en plus de démissions ", fulmine la professeure de français.
Dans la rue pour défendre l'école publique
"On nous ramène l’école du 19ᵉ siècle avec le port de l’uniforme. On veut aussi nous imposer les manuels scolaires", où va-t-on, s’insurge Bernard Valin. "On casse l’école publique", regrette Marie Haye. "On est dans une logique d’ultralibéralisme ", poursuit Bernard Valin.
Et les premiers mots polémiques de leur ministre Amélie Oudéa-Castéra, n’ont rien arrangé au malaise des enseignants, bien au contraire. "Elle aurait dû démissionner depuis longtemps", estime Bernard Valin.
Ces deux professeurs seront dans la rue ce jeudi pour manifester, pour défendre l’école publique. "Ce sont mes élèves qui me font tenir, et mon amour du service public" conclut Marie Haye.
Les rassemblements prévus demain en Loire-Atlantique :
- Nantes : assemblée générale à 9h30 à la fac de pharmacie puis 11h au miroir d’eau pour la manifestation
- Saint-Nazaire: 10h30 devant l’inspection puis 11h30 pour assemblée générale
- Clisson : 15h30 devant la gare
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