Ce vendredi 3 mai est la journée internationale de la liberté de la presse. À neuf jours près, la date coïncide avec l’assassinat de Camille Lepage, 26 ans, photojournaliste originaire d’Angers. 10 ans après, la douleur reste vive.
12 mai 2014 : une triste nouvelle tombe dans les rédactions en France. "Une photojournaliste française et huit autres personnes ont été tuées dans une embuscade, en Centrafrique", pouvait-on lire sur les écrans et dans les journaux. Cette photojournaliste est Camille Lepage. La jeune femme de 26 ans était originaire d’Angers (Maine-et-Loire).
Elle travaillait à son compte, pour plusieurs médias. Camille Lepage se trouvait alors en Centrafrique, pays en proie à une guerre civile depuis plusieurs mois. La journaliste s’y était rendue pour accomplir son travail, avec le cœur et l’engagement qui la caractérisent.
Presque dix ans après sa tragique disparition, la douleur reste vive, notamment pour sa mère.
Une tristesse et un vide à vie
"Cela fait dix ans que Camille est partie, mais j’éprouve la même douleur intérieure, le vide. Quand on perd un enfant, c’est une partie de soi-même qui part", commence Maryvonne Lepage. La peine de cette mère est indélébile, même si des initiatives contribuent à faire vivre le souvenir de sa fille : "Même si notre association Camille Lepage-On est ensemble, fondée par son frère Adrien, son père Guy et moi-même, fait beaucoup de choses pour faire connaître son travail, aider les populations du Soudan, du Soudan du Sud et de la Centrafrique, et les photojournalistes avec le prix au festival Visa pour l’image, je vis toujours cette absence."
Tout un paradoxe : une absence perpétuelle, alors que Camille Lepage voulait être là, toujours au plus près de la réalité. La jeune femme de 26 ans avait nourri très tôt ce rêve de devenir journaliste. "Elle avait cette idée de faire du journalisme écrit, vers la fin du collège et au début du lycée, peut-être vers 2003 ou 2004. Camille s’est finalement orientée vers le photojournalisme après un séjour Érasmus aux Pays-Bas et au Danemark, en 2011", détaille sa maman.
Un souvenir continu
Dans sa région d’origine et ailleurs sur le territoire, personne n’a oublié Camille Lepage.
En l’espace de 10 ans, un collège de Loireauxence (Loire-Atlantique) a été baptisé du nom de la photojournaliste. Même chose pour l’amphithéâtre d’un lycée privé d’Angers (Maine-et-Loire).
Des initiatives qui remontent au dernier trimestre 2022, et saluées par sa maman : "Il y a une grande fierté par rapport à Camille. Ce sont des lieux différents qui lui rendent hommage, et qui rendent hommage à son engagement. Elle avait envie de transmettre les conditions de vie des populations, par ses photos." Sans compter les ouvrages qui exposent l'ensemble de son œuvre.
Plus récemment, à Angers, ville dont Camille Lepage est originaire, une rue porte maintenant son nom. "L’inauguration a eu lieu à l’occasion d’une nouvelle exposition au grand théâtre d’Angers, intitulée 'Hommage' et qui lui est consacrée", complète sa maman.
L’œuvre de la photojournaliste a aussi été portée sur le grand écran. En 2019, "Camille", fiction du réalisateur français Boris Lojkine, est sortie au cinéma. Camille Lepage est incarnée par l'actrice Nina Meurisse, dans cette œuvre "respectueuse de nous, très près de la vie de Camille en Centrafrique, notamment aux alentours de Bangui (NDLR : la capitale de cet état)", juge Maryvonne Lepage.
Une enquête poussive et toujours en cours
L’assassinat de Camille Lepage et des huit autres personnes reste encore l’objet d’une instruction judiciaire. L’enquête a été ouverte immédiatement après son décès.
Trois ans après, en 2017, la maman de Camille Lepage faisait déjà part de son inquiétude. Les enquêteurs français n’avaient pas pu se rendre sur place. "Ce qu’il fallait, c’est qu’ils aillent sur le lieu de l’embuscade, et qu’ils refassent des investigations sur place", nous indiquait-elle à l’époque.
À présent, elle n’est que peu rassurée. "On ne peut pas dire que ça avance beaucoup. C’est plutôt une évolution. L’instruction est à présent aux mains d’un pôle spécialisé sur les crimes contre l’humanité, qui juge des dossiers plus compliqués, plus longs. Cela permettrait peut-être d’avancer un peu plus. Il y a quand même une réserve, puisque les relations entre la France et la Centrafrique ne sont pas bonnes en ce moment. Cela ne favorise pas les recherches complémentaires sur l’embuscade qu’a subie Camille", s’inquiète Maryvonne Lepage.
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L'enquête semble pour l'instant patiner, sur fond d'hommage. Ce vendredi 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, une cérémonie se tient à Paris, sur la place Ghislaine Dupont - Claude Verlon - Camille Lepage.
Cet endroit porte le nom des deux journalistes de Radio France Internationale (RFI) tués dans une attaque terroriste au Mali en 2013, et de la photojournaliste angevine.
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