Saïd Chabane, ancien président et actuel propriétaire du club de football d'Angers, a été condamné ce vendredi 22 mars à deux ans de prison, dont un avec sursis simple, pour agressions sexuelles.
Saïd Chabane, absent au moment du délibéré, a été reconnu coupable des faits dénoncés par six femmes et relaxé "au bénéfice du doute" dans un septième dossier, ce vendredi 22 mars par le tribunal correctionnel d'Angers.
Ses avocats, Bernard Benaiem et Pascal Rouiller ont immédiatement annoncé faire appel de la condamnation.
"Nous accueillons cette décision avec un certain soulagement puisque M. Chabane a été déclaré partiellement innocent de ce dont on l'accusait depuis plusieurs années. Bien évidemment nous ne sommes pas d'accord avec (le reste) de la décision et allons interjeter appel (...) pour que M. Chabane puisse être totalement innocenté", a déclaré Me Pascal Rouiller.
Trois ans de prison requis
Lors du procès, en décembre dernier, le procureur avait demandé au tribunal de condamner Saïd Chabane à trois ans de prison dont un avec sursis, évoquant lors de ses réquisitions les "gestes intolérables" décrits par les parties civiles.
À la barre, d'anciennes employées du SCO d'Angers et de l'entreprise de charcuterie de Saïd Chabane avaient raconté à tour de rôle des étreintes forcées et des attouchements aux fesses et à la poitrine.
"C'est une décision sans surprise pour les parties civiles, à la hauteur de ce qui a été dit à l'audience. L'important pour les plaignantes est que la vérité soit dite et reconnue", a déclaré à l'AFP Me Céline Tavenard, avocate de la partie civile.
La première plainte avait été déposée en janvier 2020 par une salariée du SCO d'Angers. Elle dénonçait des faits survenus quelques semaines plus tôt, lors d'un voyage à Madrid auquel participaient plusieurs employés.
À la suite de ce dépôt de plainte, "on m'a dit que j'étais vénale, menteuse, que je cherchais la lumière", avait-elle raconté à la barre.
Six autres plaintes avaient été déposées par la suite, pour des faits s'étalant de 2014 à 2019.
À l'audience, la présidente, Catherine Menardais, avait évoqué "des faits qui, confrontés, se ressemblent étrangement, y compris entre victimes qui ne se connaissent pas".
Dénégations
Jugé pour agressions sexuelles "commises par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction", Saïd Chabane, 59 ans, avait nié lors du procès l'ensemble des faits qui lui étaient reprochés.
Au premier jour de son procès, face au tribunal, il s'était dit "condamné" depuis sa mise en examen en février 2020, dénonçant une "présomption d'innocence devenue insignifiante".
Ses avocats avaient plaidé la relaxe.
"Si vous dites un mensonge à plusieurs, cela devient la vérité ? Cela m'effraie. On est sur le terrain judiciaire. Je récuse toute culpabilité déclarative", avait-il affirmé lors de sa plaidoirie.
Propriétaire du club depuis 2011, Saïd Chabane s'était décrit lors de l'audience comme un homme "parti de zéro", patron "directif" et "exigeant" mais qui n'a jamais entretenu de rapport de "domination" avec ses employés.
Sa "mise en retrait" demandée
Saïd Chabane a été l'un des principaux acteurs du spectaculaire redressement d'Angers sur le plan sportif avec notamment un retour en L1 en 2015. Le club a par la suite été relégué au terme de la saison 2022/2023.
Empêtré dans une succession d'affaires et une situation sportive catastrophique, Saïd Chabane avait cédé sa place de président du club à son fils Romain en mars 2023.
Ce vendredi après-midi, Jean-Marc Verchère, maire d'Angers, Florence Dabin, présidente du conseil départemental du Maine-et-Loire et Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, ont réagi à cette condamnation dans un communiqué.
"Cette condamnation à l’encontre de l’ancien président d’Angers SCO fragilise le club, écrivent-ils. Nous souhaitons la mise en retrait effective de Saïd Chabane de la vie du club. Il est important que le sport reprenne ses droits".
Saïd Chabane sera jugé dans une tout autre affaire à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny, pour exercice illégal de l'activité d'agent sportif et blanchiment en bande organisée, aux côtés de quatre autres personnes. Tous contestent les faits qui leur sont reprochés.
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