A l'occasion du Salon de l'Agriculture, qui se clôt dimanche 3 mars à Paris, zoom sur une culture insolite : le quinoa d'Anjou. Depuis 8 ans, la petite graine originaire d'Amérique du sud a su faire son trou en Anjou. Reste désormais à se faire sa place dans l'assiette des consommateurs français.
En 2008, cet ingénieur agronome spécialiste des semences est le premier à mettre au point la formule magique agricole pour faire pousser du quinoa dans la région. Marié à une française, l'américain mène ses expérimentations dans sa ferme expérimentale de Longué-Jumelles, près de Saumur, pour trouver à sa fille intolérante au gluten des produits alternatifs. Il faut alors adapter les semences aux conditions agricoles de l'Anjou, totalement différentes de l'Altiplano péruvien. Mais l'Anjou, avec son climat doux, ni trop chaud l'été, ni trop froid l'hiver, offre un terrain de pousse favorable au quinoa, qui déteste " les gelées, les chaleurs extrêmes et l'humidité".
" A l'époque, le quinoa était un produit de niche, que l'on ne trouvait que dans des petites épiceries spécialisées, en ville. L'intérêt, c'était d'en faire un produit de masse, ouvert au grand public". Pari réussi. Avec la Coopérative Agricole des Pays de la Loire, la filière commerciale quinoa est lancée. Aujourd'hui, 300 producteurs font pousser du quinoa chaque printemps: jusqu'à 8000 tonnes sont produites chaque année. Soit un tiers de la consommation de quinoa en France.
Un atout pour l'agriculture
Consommer du quinoa d'Anjou, c'est certes favoriser les circuits courts, en consommant une petite graine qui n'a pas traversé les mers et les océans avec ce que le voyage requiert de carburant. Mais là n'est pas le seul attrait écologique. A dix kilomètres de Saumur, Christian Blet s'est lancé dans le quinoa avant tout pour faire du bien à ses terres :" J'avais besoin d'une culture de printemps, avant les blés. En ajoutant une espèce supplémentaire dans ma rotation, on minimise les phénomènes d'accoutumance, de maladie, de mauvaises herbes. Et donc, de pesticides !", explique le producteur céréalier.
Cultivée par des producteurs ne se concentrant pas forcément sur l'agriculture biologique, la petite graine ne s'offre pas encore le label bio, mais a obtenu ce printemps le label " zéro résidus de pesticides", et reste étrangère aux substances chimiques : " Comme le quinoa est une culture récente, très peu de produits phytosanitaires sont autorisés pour le moment. D'une difficulté, on en fait une qualité : quoiqu'il advienne du quinoa, les sols restent propres, et prêts pour la rotation !"La difficulté, aujourd'hui, consiste à convaincre le consommateur. Vendu à 80% aux industriels et aux restaurateurs, le produit peine toujours à se faire connaître auprès du grand public : " Les gens ont du mal à comprendre que c'est du quinoa local. Pour eux, ça reste un produit d'Amérique du Sud, et donc, un produit exotique", analyse Jason Abbott. Désormais, le semencier cherche à élargir l'offre et travaille à l'élaboration de produits dérivés, comme des pâtes ou des gâteaux apéritifs."Pour limiter l'usage de pesticide, l'obsession d'un céréalier, c'est de diversifier sa production. Le quinoa s'inscrit parfaitement dans cette dynamique là" Christian Blet