Il est de plus en plus difficile de trouver un appartement à Angers pour les 45 000 étudiants qui débarquent chaque année. Certains doivent même se loger chez l'habitant en attendant une solution.
La rentrée universitaire se profile, mais pour certains étudiants, les cours sont encore bien loin d'être la priorité. Avec plus de 45 000 étudiants attendus, Angers est, comme l'année dernière, victime de son succès.
À un tel point que certains étudiants n'ont toujours pas trouvé de logement individuel pour l'année scolaire 2022-2023. C'est le cas de Yasmine, venue d'Algérie pour faire ses études.
Quand je suis arrivée ici, j'ai commencé à faire le tour auprès des résidences privées étudiantes. Elles m'ont toutes dit qu'il n'y avait plus de disponibilités, qu'elles étaient toutes complètes pour la rentrée.
YasmineFuture étudiante à Angers
Presque 5 demandes d'étudiants pour un seul logement
Angers est en effet la ville qui compte le plus de demandes d'étudiants pour un logement en France. Pour un seul logement, les agences immobilières reçoivent en moyenne 4,49 demandes d'étudiants.
À Nantes, ou les logements étudiants sont également une denrée rare, les agences reçoivent près de 1,96 demande par logement, plus de deux fois moins qu'à Angers donc, qui fait également partie des 5 villes les plus demandées par les étudiants, derrière Paris, Lyon, Lille et Bordeaux.
Pour limiter ce genre de situation, l'association Habitat Jeunes David d'Angers propose des solutions temporaires d'hébergement chez l'habitant. Yasmine va donc vivre pendant 4 mois chez Josette, 70 ans. Elle loue une chambre dans sa maison pour seulement 250 euros par mois.
Une chambre chez l'habitant pour 250€ par mois
"Je serai tranquille au niveau du budget. Franchement, avoir tout ce que j'ai ici avec Josette pour seulement 250€. C'est vraiment très rare de trouver une telle opportunité", se réjouit Yasmine.
Une belle opportunité pour Josette aussi. Cette femme accueille des étudiants, ou des étudiantes, chez elle depuis 25 ans. Elle aussi y trouve son compte.
"Vu que mes enfants sont partis c'est vrai que cela fait une certaine présence. Et puis cela permet aussi d'échanger sur sa vie, sur son origine, sur son pays. C'est enrichissant", explique-t-elle.
Ce dispositif d'hébergement temporaire est géré par Habitat Jeunes David d'Angers. À l'approche de la rentrée, l'association angevine a deux fois plus de demandes que de logement disponibles et doit jongler avec les centres d'intérêts de chacun.
"Je suis attentive à faire fonctionner des binômes hébergeur-hébergé. Je prends le temps de discuter avec chaque jeune pour voir le secteur géographique, le budget et surtout la qualité de la relation", explique Éloïse Benoît, qui travaille pour l'association.
Moins de logements Crous que dans les autres villes étudiantes
Yasmine a donc signé pour un bail de quatre mois chez Josette. Elle peut partir à tout moment, mais le binôme envisage éventuellement de prolonger l'expérience toute l'année, si des affinités se créent pendant la cohabitation.
Mais si Yasmine a trouvé une solution, ce n'est pas le cas de tout le monde. La ville d'Angers est en effet sous-dotée en logements Crous, ce qui complique les recherches : "Il y a 2500 logements étudiants pour 45 000 étudiants. On a un taux de capacité d'accueil du CROUS de 5% alors que la moyenne nationale est de 6,5%", informe Yahya-Pasa Akin, président de l'UNEF Angers.
Pour le président de l'UNEF Angers, "il y a une responsabilité partagée entre les différentes institutions qui ne permet pas de répondre à la venue des étudiants. Le foncier est cher à Nantes et à Angers. Il n'y a pas de place, ou de volonté politique, pour construire ou dédier le foncier disponible aux étudiants."
Ce manque de logements Crous est un poids financier pour les étudiants démunis, qui peuvent voir le prix du loyer doubler entre les logements sociaux et ceux du parc locatif privé.
"Quand on va dans une résidence CROUS, c'est un 9 mètres carrés que l'on peut trouver à 255 euros. Et pour ce qui est du locatif privé, on ne trouve pas de logement en dessous de 480 euros à l'heure actuelle", déplore Yahya-Pasa Akin.
Le logement représente 44% du budget étudiant
Une dépense qui vient encore alourdir le budget des étudiants. Le loyer moyen à Angers est de 419€, selon l'étude annuelle de l'UNEF, qui classe les 47 plus grandes villes étudiantes en fonction de leur coût.
Cette même étude montrait qu'Angers est la ville où le prix de la vie étudiante a le plus augmenté entre 2021 et 2022 alors que Le Mans, à moins de 100 kilomètres, est la ville étudiante la moins chère de France.
"Le logement représente 44% des dépenses mensuelles des étudiants. On a donc une inflation qui est de l'ordre de 6% pour les étudiants en moyenne, en grande partie à cause de cette inflation des loyers, et de l'inflation du coût de l'énergie. Les étudiants subissent cela comme les autres, mais avec des moyens beaucoup plus limités", ajoute le président de l'UNEF Angers.
Une pression sur l'immobilier qui devrait se poursuivre en septembre à Angers, comme l'année dernière. Avec Parcoursup, les résultats d'admission aux différentes universités et autres écoles du supérieur se font de plus en plus tardifs, laissant des milliers d'étudiants dans l'incertitude, même après la rentrée universitaire.