L'association de défense des animaux L214 dévoile ce jeudi des images d'un élevage du groupe LDC situé à Beaupréau-en-Mauges. Elle annonce porter plainte contre l'industriel agroalimentaire pour des faits de mauvais traitements à l'origine d'un état de santé dégradé des volailles reproductrices. L'industriel dit travailler à améliorer les conditions d'élevage des pintades.
Pintades déplumées, chair noircie de plaies nécrosées, volailles entassées perchées les unes sur les autres... Les images révélées par L214 ne faillissent pas à la réputation de l'association, qui ne cache rien, même le sanguinolent. Les photographies ont été prises au couvoir des Établissements Goubaud à Beaupréau-en-Mauges, au nord de Cholet (Maine-et-Loire).
L'élevage est la propriété du groupe LDC, qui détient notamment les marques Le Gaulois, Maître CoQ et Marie. Les oiseaux de l'élevage Goubaud sont des pintades reproductrices. Elles sont régulièrement inséminées pour produire des œufs à couver.
L'association décrit "plus de 4 000 oiseaux entassés à l'intérieur de cages exiguës dans un hangar privé de lumière naturelle". Les volailles sont cloîtrées à raison de 4 oiseaux par cage, 16 par m². L214 annonce porter plainte contre l'élevage auprès du procureur du tribunal d'Angers pour des faits de "mauvais traitements commis sur des animaux par un professionnel d'élevage".
"Ce sont des procédures assez longues, qui durent parfois plusieurs années, et des filières qui ne veulent pas changer", commente Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires chez L214.
Les preuves de lieux et de dates sont mises à disposition de la justice.
Léo Le SterChargé de campagnes agroalimentaires chez L214
C'est la première fois que l'association diffuse des images d'un élevage de pintades, tournées en avril 2023. Un nouvel exemple des pratiques d'élevage inadmissibles pour L214. L'association affirme avoir constaté que les animaux ne peuvent se redresser dans leur cage, ni étendre leurs ailes ou se percher.
"Ce sont des animaux proches des faisans, qui ont pour habitude de se percher sur des arbres, s'indigne Léo Le Ster. Il y a des animaux blessés et laissés sans soin." Selon lui, l'association a tenté le dialogue avec le groupe LDC. Plusieurs rencontres avec des membres de la direction auraient même eu lieu. Mais l'industriel s'est muré dans le silence, refusant d'accéder à une partie des demandes de L214.
Un dialogue rompu
L'association veut voir une diminution de la densité des élevages, davantage de lumière naturelle avec l'installation de fenêtres dans les bâtiments, l'introduction de perchoirs et de bacs à picorer. Léo Le Ster concède que le groupe LDC travaille à adapter ses bâtiments, mais elle rechigne à reculer sur la question de la densité.
L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommande pourtant d'abandonner les systèmes d'élevage en cage et de réduire les peuplements.
L'initiative European Chicken Commitment (ECC) lancée par plusieurs ONG européennes appelle quant à elle à respecter une densité maximale de 30 kg par mètre carré, ce qui correspond à 15 poulets. Une pintade adulte pèse le double d'un poulet, il faudrait donc un maximum de 7 à 8 pintades par mètre carré, donc deux par cage plutôt que quatre.
Plusieurs groupes se sont engagés à respecter l'ECC d'ici 2026, comme Loué, Fleury Michon, Intermarché, Picard, ou encore KFC.
"Ils refusent de s'engager sur nos demandes, donc il ne nous reste qu'à montrer ce qu'est la réalité de l'élevage intensif en France. On estime que les consommateurs ont le droit de savoir ce qu'il se passe derrière les murs des élevages", estime Léo Le Ster. Il rapporte que les images diffusées dans le cadre de l'enquête ont été communiquées par des "lanceurs d'alerte".
Ce sont des lanceurs d'alerte qui nous ont fourni les images.
Léo Le SterChargé de campagnes agroalimentaires chez L214
L214 parvient toutefois à avancer sur certains sujets avec d'autres acteurs de la filière volaille. "On discute avec 200 entreprises agroalimentaires, et 100 se sont déjà engagées. Les cages pour les poules pondeuses sont en train de disparaître à horizon 2025-2026", déclare Léo Le Ster.
Il regrette que LDC fasse partie des industriels qui tendent à lancer des "procédures-baillons pour nous attaquer sur tout sauf sur le fond du sujet".
À la recherche de solutions alternatives
Ce jeudi, après avoir visionné les images de L214, l'industriel LDC a réagi. Selon lui, "L214 montre une réalité biaisée par un montage d’images faites pour choquer".
LDC ajoute que "l’élevage de pintades reproductrices est à ce jour toujours en cage en raison des spécificités liées à l’espèce. Des essais de reproduction naturelle et hors cage ont en effet été menés par la profession et n’ont pas abouti à ce jour. Cet établissement suit donc les recommandations techniques et sanitaires en vigueur en France".
Le groupe affirme enfin concentrer ses axes de travail sur l'amélioration des conditions d'élevages "à travers un dialogue constructif avec plusieurs associations de défense du bien-être animal."
Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles solutions alternatives et suivons de près un essai qui se déroule en ce moment et dont les résultats seront connus en 2024.
LDCCommuniqué de presse
La France, acteur majeur de la filière pintade
Les Établissements Goubaud n'ont pas donné suite à nos tentatives de prise de contact. Contacté
L'élevage Goubaud est l'un des cinq couvoirs français. En Europe, seuls deux autres se situent en dehors de l'Hexagone, en Italie. La France est un territoire clé pour la filière, car c'est aussi là que se trouve Grimaud Frères, la seule entreprise au monde qui effectue encore un travail de sélection sur cette espèce.