Les canicules et sécheresses récurrentes mettent à mal les cultures françaises, notamment le blé et le maïs. Comment s'adapter à ces conditions extrêmes ? Faut-il repenser notre modèle agricole ? Dans ce nouveau numéro de Dimanche en Politique, on explore les différentes voies d'adaptation : de l'irrigation à la diversification des cultures, en passant par le rôle crucial des agriculteurs et des consommateurs.
Après un mois de septembre aux températures record, l'été n'a toujours pas envie de s'en aller en cette fin de semaine. Une douceur qui inquiète forcément, car le changement climatique va avoir des répercussions sur nos vies.
À commencer par nos assiettes, les agriculteurs sont déjà en train de s'adapter. Faut-il améliorer les techniques d'irrigation, de conservation des sols et de sélection génétique ? Ou bien, faut-il plutôt changer de modèle et diversifier les cultures ?
Le rôle des agriculteurs et des consommateurs dans cette révolution qui s'annonce est plus que jamais au centre des préoccupations.
Les cultures en souffrance, notamment le maïs
Les piliers de l'agriculture française, tels que le blé et le maïs, sont directement impactés par les caprices climatiques. Confrontées à des canicules et des sécheresses qui se multiplient, la productivité et la qualité des moissons sont sérieusement menacées. Cette situation met en jeu non seulement la régularité de notre approvisionnement alimentaire, mais également la pérennité économique de nos agriculteurs.
Illustration avec le maïs qui n'a plus vraiment la cote chez les céréaliers de notre région. Un reportage de Cathy Colin :
La culture du maïs ne peut être arrêtée brutalement
C'est une culture fondamentale, en particulier pour les éleveurs. Une bonne partie de ces éleveurs basent leur système fourragé sur cette culture-là. Donc, abandonner de manière brutale la culture du maïs poserait beaucoup de problèmes.
Le maïs, c'est une culture qui occupe une place très importante dans les systèmes de production, que ce soit à l'échelle nationale et à l'échelle de notre région.
Mathieu LorinEnseignant chercheur en agronomie à l’Ecole supérieure des agricultures d’Angers.
C'est effectivement une culture intéressante globalement parce qu'elle a des rendements conséquents, dans de bonnes conditions. Mais c'est une plante "déséquilibrée", donc qui nécessite de l'achat ou la production de protéines pour équilibrer la ration des bêtes à nourrir.
Avec l'évolution climatique, c'est une plante à haut risque puisqu'elle pousse en quatre mois et ces quatre mois d'été sont de plus en plus incertains sur la pluviométrie.
Des chiffres alarmants
Si le sud de la France est particulièrement touché par les vagues de chaleur, d'autres régions comme la Normandie et même la Bretagne commencent à ressentir les effets de la sécheresse. C'est aussi le cas en Pays de la Loire.
Le GIEC pays de la Loire prédit 27 jours de sécheresse par an en 2050. Des températures aussi qui évoluent entre plus 1 et plus 2,5 degrés. Concrètement, il faut s'attendre à des pertes de récoltes, à des baisses de rendement.
Et c'est déjà un petit peu le cas quand on regarde les rendements l'année 2022, avec moins 15% de rendement sur le maïs, et de 40 à 50 % de baisse sur le rendement des herbages...
L'irrigation et la conservation des sols comme solutions d'adaptation
L'irrigation, en particulier, permet de pallier les déficits hydriques et d'assurer la stabilité des rendements. Tous ces sols artificialisés par les infrastructures, par les habitations, c'est autant de surfaces qui ne sont plus perméables et ne permettent plus à l'eau de s'infiltrer.
Une de mes préoccupations, c'est effectivement comment faire en sorte que les sols retiennent le plus d'eau possible.
Jean-François GuitonÉleveur à St Gildas des Bois, membre de la Confédération paysanne
De même, la conservation des sols, à travers des pratiques comme le paillage, la rotation des cultures ou l'agroforesterie, renforce la santé et la fertilité de ceux-ci, les rendant plus résilients face aux aléas climatiques.
La prairie est souvent négligée en tant que culture, mais elle est la principale culture dans certaines exploitations agricoles. Des espèces de prairie plus résistantes aux conditions climatiques sont désormais développées.
Alors, qu'est-ce qui pousse chez nous en Pays de la Loire ?
Dans les Pays de la Loire, on produit aujourd'hui quasiment toutes les productions végétales que l'on retrouve dans le reste du Pays.
Notre région est avant tout une terre d'élevage. La production animale s'étend sur une large partie du territoire, du nord de la Mayenne jusqu'en Vendée.
Les grandes cultures, elles, sont essentiellement concentrées dans le sud de la Vendée, mais également dans le nord et l'est de la Sarthe, pour représenter au total 38 % des terres agricoles de notre région.
Le point en infographie avec Siegrid De Misouard :
Pour ce qui est des systèmes en grande culture, très majoritairement, on retrouve des céréales, maïs, blé, orge.
D'autres cultures qui ont des intérêts agronomiques et alimentaires très intéressants, comme la famille des légumineuses, sont encore très peu présentes : pois chiches, du soja, de la féverole, des pois protéagineux. Il y a une grande diversité au sein de cette famille-là, qui présente des intérêts agronomiques très intéressants, particulièrement en termes d'utilisation des intrants.