Solon un porte parole du groupe Lactalis, les investigations ont détecté une "cause probable de contamination survenue sur l'une de nos tours de séchage de l'usine de Craon dans la période du 1er au 6 mai". Lactalis a arrêté ses installations vendredi.
Selon Lactalis, cette mise à l'arrêt permet "d'engager des mesures de nettoyage, de désinfection additionnelles, renforcées, pour le futur", y compris
dans l'autre tour de séchage.
Ce grand nettoyage des installation est encadré par un arrêt préfectoral pris samedi. "Il faut que l'entreprise fasse un plan de correction de sa production pour être capable de rouvrir sa production de laits en poudre", a insisté Benoït Vallet, directeur génréal de la santé.
M. Vallet a d'autre part indiqué qu'en août et en novembre, des "prélèvements internes à Lactalis" s'étaient révélés positifs aux salmonelles sur le site de Craon.
Des traces ont été trouvées "sur du petit matériel de nettoyage et sur les carrelages", et pas dans l'appareil de production, a confirmé Lactalis. "La première information sur ces problèmes de possible contamination nous est arrivée la semaine dernière", a noté le porte-parole du groupe laitier.
Rappel massif de lait
Alors que Lactalis avait rappelé douze références de laits infantiles fabriqués dans son usine de Craon (Mayenne) le 2 décembre, le ministère
de l'Économie et des Finances a publié dimanche une liste beaucoup plus importante, de plus de 600 lots, qui sont rappelés, interdits à la consommation et à l'exportation.
Le directeur général de la Santé Benoît Vallet a indiqué à l'AFP qu'il était "assez rare de prendre des dispositions massives comme on le fait là".
Les quantités concernées sont "énormes", a reconnu un porte-parole de Lactalis, géant mondial des produits laitiers, interrogé par l'AFP.
Bercy estime que les mesures prises par le groupe depuis le 2 décembre ne sont "pas de nature à maîtriser le risque de contamination" par ces bactéries.
Le précédent rappel avait été ordonné après la contamination par des salmonelles de 20 bébés de moins de six mois, qui avaient consommé ces produits. Mais cinq nouveaux cas ont été déclarés cette semaine, dont un qui avait consommé un lait de riz ne figurant pas parmi les produits rappelés le 2 décembre.
"Ces enfants vont bien", a rassuré le ministère dans un communiqué. Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires allant de la gastroentérite
bénigne à des infections plus graves. Elles sont potentiellement plus dangereuses pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies.
Dans l'immédiat, le ministère a demandé aux parents, "dans la mesure du possible, de ne pas (...) utiliser" les produits concernés, essentiellement vendus sous les marques Milumel et Picot, mais aussi Carrefour. Au pire, les pédiatres recommandent de faire bouillir le lait pendant deux minutes.
Le liste des lots concernés est disponible sur le site du ministère de la Santé, www.solidarites-sante.gouv.fr.
Elle concerne une large gamme de laits premier et deuxième âge, lait-relais, poudres, avec ou sans lactose, à base de protéines de riz... Certains sont disponibles uniquement en pharmacie. Y figurent également des produits estampillés Algérie, Bangladesh, Chine, Soudan, Géorgie, Liban ou Royaume-Uni. Carrefour a de son côté décidé "par mesure de précaution" d'élargir son rappel à tous les produits infantiles fabriqués sous son nom à Craon, et pas seulement aux seuls lots concernés par la mesure de Bercy.
La direction générale de la Santé a ouvert le numéro d'information gratuit 0800 636 636 (7 jours sur 7, de 09H00 à 20H00), Lactalis le 0800 120 120 et le service client de Carrefour est joignable au 0969 397 000 (appel non surtaxé).
Quant aux pharmaciens, "ils ont été immédiatement mobilisés pour ne plus délivrer les produits concernés", "répondre aux questions des parents" et les orienter vers des laits de substitution, selon un communiqué de l'Ordre national des pharmaciens.
Reportage sur place de Pierre-Érik Cally et François Bobet. Avec comme interlocuteur Arnaud Boinard, directeur général de Lactalis.