"Des odeurs de cadavre en putréfaction" : l'usine de revalorisation de déchets de poulet pas en odeur de sainteté

La “Pooltry Feed Compagny” fait partie du groupe sarthois et leader européen de la volaille LDC. L’usine de revalorisation de carcasses de poulet implanté à Vaiges en Mayenne depuis 4 ans est décriée par les riverains pour les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent. De nouveaux investissements sont annoncés par la direction du groupe.

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Située entre le Mans et Laval, l'usine implantée depuis mars 2020 dans la petite commune de Vaiges fait surtout parler d'elle pour ses mauvaises odeurs dont souffrent les riverains de l'usine mais aussi les habitants des communes aux alentours.

Dans cette usine on fabrique de la nourriture pour les animaux à partir des carcasses des volailles utilisées dans le reste des usines du groupe alimentaire sarthois LDC, le leader européen du secteur qui continue son expansion.

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Des odeurs de cadavre

Le président d'une des associations les plus actives dans la lutte contre ses nuisances nous donne rendez-vous dans le bourg de Nuillé, à quelques kilomètres à l'ouest de l'usine PFC

"Le bourg de Nuillé est à 1,5 km de l'usine, qui est dans cette direction, vers l'est", explique le président de l'Association de la Sauvegarde de la vallée de la Vaige et de l'Ouette.

"Les vents dominants, en provenance de l'est, amènent les odeurs et les fumées de l'usine dans le bourg, dans les fermes et les maisons qui sont à proximité", rajoute Bertrand Bouflet.

"Le problème, c'est que ça ne prévient pas, c'est un peu tout ou n'importe quand", explique le président de l'association de la sauvegarde de la vallée de la Vaige et de l'Ouette à propos des mauvaises odeurs.

" Ça peut être un matin, un après-midi, ça peut être le soir, ça peut être un week-end aussi, ça arrive", détaille-t-il.

On a des difficultés parfois à rester déjeuner ou à dîner dehors si les fumées sont présentes, c'est même assez insupportable. Il ne faut pas oublier que ce sont des odeurs qui sont proches de cadavres en putréfaction

Bertrand Bouflet

président de l'Association de la Sauvegarde de la vallée de la Vaige et de l'Ouette à propos des mauvaises odeurs

"C'est extrêmement désagréable à vivre au quotidien", conclut le responsable de l'association mayennaise qui a ouvert un groupe Facebook pour relayer son discours.

Des inquiétudes partagées par d'autres associations comme la Fédération de l'Environnement de la Mayenne mais aussi la Préfecture de Mayenne qui a mis en demeure l'entreprise PFC dès le 23 août 2021 de se mettre en conformité par rapport aux nuisances olfactives générées par son activité.

Une visite de presse inédite

La direction de PFC, de son côté, a décidé d'ouvrir pour la première fois l'usine de Vaiges à la presse pour vanter ses produits comme ce sachet de restes de plumes de poulet transformés en protéine.

"Ca c'est de la protéine de plume de volaille", explique, sachet à la main, la responsable qualité et environnement chez PFC.

"Elle a été traitée thermiquement, de façon très douce pour en garder toutes ses propriétés protéiques et elle est passée en meunerie donc elle a été broyée et tamisée. Elle est prête à être vendue en tant que matière première", continue Flavie Guimbert, responsable qualité et environnement chez PFC.

"C'est une matière première qu'on va vendre à des industries qui vont en faire soit des granulés soit des croquettes pour chat et chien. C'est une alternative au soja qui est bien plus écologique que celui-çi, dans la mesure où nous, on n'agit pas pour la déforestation", argumente la responsable qualité et environnement.

La direction de l'usine assure revaloriser 30% de déchets de volailles et transformer chaque année près de 150 000 tonnes de déchets.

Une revalorisation énergivore en eau notamment pour tenter de traiter l’odeur dégagée. Sans résultat jusqu'à présent.

Le tribunal administratif de Nantes a même annulé le 27 mars 2024 l'arrêté préfectoral d'autorisation d'exploitation de l'usine délivré le 2 mars 2020.

PFC et la préfecture de la Mayenne ont fait appel de la décision du tribunal administratif.

Le reportage de Louise-Anne Delaune et Florie Cotenceau monté par Alexis Legrand

Un dispositif de traitement de l'air

L’usine a investi près de 2 millions d'euros dans un filtre qu’elle projette de perfectionner.

"Voici les deux canalisations qui captent l'intégralité de l'air de l'usine", explique Nicolas Fabre, le directeur du site.

"Cet air passe au travers d'une filière de désodorisation avec une première étape de lavage par douche et une seconde étape de passage au travers d'un biofiltre. Il s'agit d'écorces d'arbres humides qui captent les molécules odorantes. Ensuite, l'air s'échappe par ces deux cheminées", assure Nicolas Fabre, le directeur de PFC de Vaiges.

Sur le plan technique, il existe des machines permettant de favoriser le bon fonctionnement de cette installation de désodorisation.Les deux leviers sont principalement la réduction de charge et la réduction de la température de cette charge.

Nicolas Fabre

directeur de PFC Vaiges

"Le zéro odeur n'existe pas", précise Nicolas Fabre. "Mais en tout cas mon objectif, est de répondre aux exigences des riverains en prenant en compte aussi la réglementation", assure-t-il.

Encore deux ans de travaux

Des efforts qui sont loin de convaincre les habitants aux alentours.

Touchés depuis maintenant 4 ans par ses nuisances, ils ont appris lors d'un comité de suivi du dossier le 16 octobre 2024 que l’entreprise annonçait encore au moins deux ans de travaux.

"On en reprend pour deux ans", constate, amer, le président de l'Association de la Sauvegarde de la vallée de la Vaige et de l'Ouette.

Psychologiquement les gens sont abattus. Il y a des burn-out, il y a des gens qui sont partis, qui ont vendu leur maison. On est dans une situation sociale d'inacceptation totale de cette usine en l'état. On attend évidemment que les choses avancent, le problème c'est que c'est très lent.

Bertrand Bouflet

président de l'Association de la Sauvegarde de la vallée de la Vaige et de l'Ouette.

Dans l’attente du prochain jugement d'appel de la décision du tribunal administratif de Nantes, l’entreprise bénéficie d’une autorisation d’exploitation jusqu’en avril 2025.

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