Le très discret PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, est sorti de son silence. Il a promis que le groupe indemniserait "toutes les familles qui ont subi un préjudice".
Dans un long entretien accordé au Journal du Dimanche, le patron du géant laitier Lactalis s'exprime enfin au sujet de l'affaire du lait infantile contaminé.
Vendredi, à l'issue de sa rencontre entre Emmanuel Besnier et Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a ordonné que soient rappelés tous les lots de lait infantile produits sur le site de Craon en Mayenne.
Le PDG de Lactalis affirme l'avoir lui-même "proposé à Bruno Le Maire pour simplifier la procédure de rappel". "Il faut mesurer l'ampleur de cette opération : plus de 12 millions de boîtes sont concernées", explique-t-il, assurant que les distributeurs n'auront plus à trier. "Ils savent qu'il faut tout retirer des rayons".
Ce rappel concerne 83 pays.
Dans cette affaire du lait infantile contaminé, 35 cas de bébés atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France.
Une enquête préliminaire a été ouverte fin décembre par le pôle santé publique du parquet de Paris notamment pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui".
Une centaine de plaintes ont également été déposées par les parents de nourrissons. "Il y a des plaintes, il y aura une enquête, nous collaborerons avec la justice en donnant tous les éléments qu'on nous demandera. Nous n'avons jamais pensé agir autrement. Nous indemniserons toutes les familles qui ont subi un préjudice", assure Emmanuel Besnier.
La contamination à la salmonelle sur le site de Craon a été révélée début décembre au public.
"Nous n'avions pas d'informations sur de possibles contaminations avant le 1er décembre. Nous avons eu deux alertes en 2017, en août et en novembre", a-t-il dit, précisant que sont régulièrement prélevés des "échantillons avec des frottis sur les matériels et les installations de l'usine" de Craon. Ces échantillons sont ensuite envoyés "à des laboratoires indépendants qui nous transmettent les résultats quatre à cinq jours après", explique Emmanuel Besnier.
Le problème de contamination se situerait "probablement au cours du premier semestre 2017", avance Emmanuel Besnier, précisant "nous avons fait des travaux dans cette usine. À cette occasion, la bactérie peut avoir été réintroduite à l'intérieur des installations".
Aujourd'hui la production est arrêtée sur le site de Craon. "Nous avons 250 salariés au chômage technique et 80 salariés ont été reclassés de manière temporaire dans d'autres sites du groupe. Nous espérons redémarrer dans quelques mois" explique le PDG de Lactalis.
D'ici là, Emmanuel Besnier se dit disposé à rencontrer les associations de consommateurs. "Nous sommes discrets mais nous en refusons jamais de discuter avec personne : clients, consommateurs, autorités. Nous ne le faisons pas dans la lumière, mais nous allons à la rencontre des gens. pour travailler, pas pour être vu".
Quant à la discrétion du groupe depuis le début de cette affaire, Emmanuel Besnier l'explique par le fait que sa "famille a grandi dans une culture de la simplicité et de la discrétion, c'est aussi un peu la mentalité de la région. Ici en Mayenne, c'est vrai, c'est le travail d'abord, la parole après."