Nantes - Laval - La-Roche-sur-Yon : dans les théâtres occupés, les habitudes s'installent

Tout a commencé avec l'occupation du théâtre de l'Odéon à Paris le 4 mars. Le mouvement de révolte s'est rapidement diffusé en Pays de la Loire, en commençant par le théâtre Graslin (Nantes) le 10 mars. Au nombre de six dans la région à ce jour, les théâtres occupés s'organisent pour perdurer. 

Qui a dit que les artistes ne sont pas organisés ?  À Nantes , le théâtre Graslin s'apprête à entamer sa troisième semaine d'occupation

Le programme est suivi à la lettre : les commissions visant à organiser la mobilisation se tiennent à 9 heures. Puis à 11 heures, celles-ci se réunissent pour mettre en commun leurs décisions. Entre 13 heures et 14 heures 30, le parvis du théâtre s'anime, le temps d'une agora. Un micro est mis à disposition des passants qui clament des discours, des poèmes, ou exécutent des performances artistiques. Enfin, une assemblée générale se tient à 18 heures. Une journée bien remplie, en somme.

Deux femmes chantent "Tout le bonheur du monde" à l'agora du théâtre Graslin le 24 mars 2021

Au Théâtre de Laval aussi, après une semaine d'occupation l'organisation commence à être bien rodée. Les journées sont rythmées par des activités organisées sur le parvis : un échauffement artistique à 10 heures, une agora à midi, et enfin, une scène ouverte à l'extérieur à 17 heures qui se termine par une farandole, une chorégraphie interactive inspirée par l'artiste Pina Bausch. "Ca plaît beaucoup aux enfants, c'est un moment intergénérationnel assez chouette", note Jean-Marc Bedue, comédien amateur et occupant des lieux. 

Dans chaque théâtre, les militants sont répartis en différentes commissions : certains s'occupent de la gestion des repas et de l'entretien, d'autres sont chargés de discuter avec la direction de l'établissement. À Laval, le groupe chargé de la communication démarche des entreprises culturelles pour leur proposer de se positionner publiquement en faveur de l'occupation, ou de se joindre au mouvement pour soutenir les militants de la première heure. a commence à devenir fatiguant pour le noyau dur, mobilisé depuis plus d'une semaine", remarque Jean-Marc Bedue. Pour répartir les efforts, des roulements s'organisent en respectant les jauges de présence imposées : 20 personnes en journée et 6 personnes la nuit. Et toujours dans le respect des lieux et des artistes qui répètent, soulignent les occupants. Au théâtre Graslin, la limite est fixée à 30 personnes, et les volontaires doivent s'inscrire préalablement.

 

La cohabitation se déroule sans accroc : "C'est une expérience humaine très riche, il y a un foisonnement d'idées et de réalisations. Ça fait du bien de retrouver du vivre ensemble", se réjouit Jean-Marc Bedue. Au théâtre le Grand R de La Roche-sur-Yon aussi, cette vie en communauté est appréciée "Il y a une vrai émulation, on questionne le collectif: comment construit-on ensemble une société? C'est l'occasion d'avoir des discussions politiques", raconte Caroline Pottier (CGT Spectacle) qui participe par ailleurs à l'organisation d'un temps d'échanges autour de l'assurance chômage et des enjeux de l'intermittence samedi à 11h30.

Les artistes comptent rester dans le théâtre jusqu'à ce que des mesures soient annoncées pour répondre à leurs revendications :  un plan de relance de l’emploi dans le secteur de la culture, la prolongation de l’année blanche pour les intermittents du spectacle, et la suppression de la réforme de l'assurance chômage. Jean-Marc Bedue craint que les réponses ne se fassent attendre longtemps : "Il y a une incompréhension de ce que nous faisons, on pense que l'Etat est sourd". Peu à peu, le mouvement se décloisonne des enjeux propres au monde de la culture : à Nantes, les militants sont invités à soutenir la manifestation contre la réforme de la fonction publique, ou celle défendant le droit au logement. 

Karim Ammour, directeur artistique et musicien mobilisé à Nantes, ne s'inquiète pas de la pérénnité des occupations : « Quand on nous interdit de jouer on n’a pas grand-chose d’autre à faire. Je prends du temps pour préparer mes futurs projets, mais c’est facile de dégager des crénaux pour se joindre au mouvement. Il pourrait durer aussi longtemps que le Covid ».

Chaque semaine, une visioconférence est organisée pour mettre en lien tous les lieux culturels occupés de France . Il y en aurait au moins 78 à ce jour.   

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