Question Ouest : Qui sont les 12 femmes en colère ?

En 1975, 12 femmes faisaient la une de l'actualité en Loire-Atlantique. Des femmes d'ouvriers d'une commune industrielle de la périphérie nantaise se rebellaient et levaient le voile sur leurs conditions précaires de vie. Retour sur un combat social et féminin qui a libéré la parole.

On les a appelées les douze femmes en colère.
Il y a quarante cinq ans, des femmes de métallos en grève étaient jugées à Saint-Nazaire, accusées d'avoir séquestré le patron de leurs maris.

Leurs maris faisaient grève depuis huit semaines quand Myriam et Geneviève ont reçu une lettre de la direction de l'usine les incitant à pousser leurs conjoints à reprendre le travail. 
Cette lettre elles la reçoivent comme une provocation. Elles la brûlent. Puis avec 10 autres épouses montent dans le bureau du patron.

Leur intention c'est d'abord d'afficher leur solidarité avec leurs maris puis d'expliquer ensuite de vive voix au directeur ce qu'elles endurent au quotidien.

Myriam N'Cho se souvient de cette confrontation

Il était mal à l'aise. Ça doit faire mal de prendre en pleine figure la misère des gens. Je me souviens qu'une n'avait plus rien à donner à manger à ses enfants. Y en même une qui n'avait pas de quoi s'acheter un savon pour la toilette des enfants. Ça a dû lui faire drôle.


Après cet épisode Tréfimétaux porte plainte pour séquestration, alors que rien ne les destinait à s'engager dans ce conflit social les 12 femmes sont désormais au centre la lutte.

Car pendant plus d'un an, les 12 de Couëron seront les icones pour le mouvement ouvrier. Elles incarneront la parole des femmes, feront l'objet de portraits dans les journaux, elles seront aussi filmées par les réalisateurs bretons, Soizic Chapedelaine et René Vautier.

Dans la région, grâce à leurs témoignages nul ne peut plus ignorer les conditions de vie et les états d'âmes des femmes d'ouvriers.

Selon Marie Chauvet, socilogue - maître de conférence à l'université de Nantes

Elles ont évidemment été soutenues par les syndicalistes, mais elles se sont exprimées en tant que femmes, peut-être pas en tant que féministes mais en tant que femmes qui portent une parole féminine.

Leur combat n'aura pas été vain. En 1977 le procès débouchera sur une victoire, un non lieu. Elles obtiendront 10% d'augmentation pour leurs hommes, et plus tard l'ouverture d'une section syndicale féminine au sein de l'usine.
Depuis cette époque Myriam et Geneviève n'ont jamais cessé de se battre pour leurs droits de travailleuses et de citoyennes.

►Notre reportage en vidéo
 
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