Urgences : les personnels de santé des Pays de la Loire mobilisés ce jeudi, pour "la grande manifestation"

Depuis huit mois, les personnels de nombreux services et établissements de santé, toutes catégories de personnel confondues, sont en lutte. A Nantes, Saint-Nazaire et Angers, ils se mobilisent ce 14 novembre. Le gouvernement de son côté prépare un "plan de soutien".
 

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Urgences, Ehpad, psychiatrie, les personnels de santé de la région mobilisés depuis des mois, se joindront ce 14 novembre au mouvement national de grève des urgences. 

"Les conditions de travail se détériorent toujours et menacent la santé physique, mentale et sociale des personnels, avec des répercussions sur la qualité de la mission de service public rendue aux patient.e.s, résident.e.s et aux personnes accueillies dans nos différentes structures et établissements", constate le CGT santé de Saint-Nazaire.

"Le gouvernement est sourd"

"Le gouvernement ne répond nullement aux revendications des personnels de nos établissements. Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2020 actuellement en cours de discussion au Sénat puis à nouveau à l'Assemblée Nationale, prévoit un ONDAM (Objectif National de Dépenses d'Assurance Maladie) à 2,1 %, soit en baisse par rapport à 2019. Cela équivaut à une baisse de 800 millions d'euros de budget pour nos établissements. En conséquence, il y aura moins de moyens, moins de personnel et une nouvelle intensification du travail et des restructurations !", dénoncent les personnels.

Tous les corps de métier en souffrance

Moi je travaille en psychiatrie, en hôpital de jour. Pour vous donner un ordre d'idée, une famille qui fait une première demande chez nous, si ce n'est pas une situation qu'on juge urgente, on est sur un délai d'un an et demi pour un obtenir premier rendez-vous. C'est même pas des soins, c'est une première consultation. Pour les familles qui sont en précarité et qui ne peuvent pas aller vers le libéral, c'est un an et demi d'attente!-Baptiste Lunel, psychologue

 

On manque de draps, on manque de draps d'examen, aucune dotation pour les couches ou les changes pour les patients. Donc quand il y un patient à changer il faut aller chercher dans les services. Il n'y a pas non plus de dotation de nourriture pour les hôpitaux de jour, les patients n'ont pas à manger-Isabelle Durban, infirmière

Nous en Ehpad, les gens sont là pour vivre leur derniers moments. On ne peut pas être à côté d'eux. Les fins de vie sont très difficiles à vivre pour les patients, pour les familles qui les entourent, pour le personnel. On rentre chez soi le soir, on est pas contents de ce qu'on a fait! on aurait voulu faire bien, on aurait voulu faire mieux. Mais on ne peut pas, on a pas le choix!-Marie-Hélène Cocaud, Aide-soignante

"Un projet de loi catastrophique"


La CGT de Saint-Nazaire appelle tous les personnels médicaux et non-médicaux des établissements de santé et des Ehpad du territoire de St Nazaire, du Sud Loire (ST Brévin, Pornic, Paimboeuf…), de la Presqu'île Guérandaise, de Savenay, Pontchâteau et Saint-Gildas des Bois, ainsi que tous les usagers, à une manifestation ce jeudi 14 novembre entre 13h30 et 16h dans le Hall de la Cité Sanitaire de Saint-Nazaire.
 

A Nantes une manifestation devant le CHU

Les personnels du privé et du public sont appelés par la CFDT à se rassembler à partir de 14heures30 devant le CHU. 41 médecins de l'hôpital de Nantes annoncent qu'ils seront grévistes ce jeudi.

Les personnels demandent " la révision de ce projet de loi catastrophique et pour obtenir des moyens financiers à hauteur des besoins, le recrutement de personnels en nombre suffisant, l'arrêt des fermetures de lits, de services et d'établissements, ainsi que la revalorisation des salaires et la reconnaissance des qualifications des professionnels de notre secteur d'activité".
  

Le Maine-et-Loire en force à Paris

Le Syndicat Sud Santé Sociaux du Maine-et-Loire ont affrété un car pour participer à la Manifestation Nationale des hospitaliers à Paris. 

"Depuis des mois de nombreux services se mobilisent, au CHU d’Angers les Urgences Adultes, rejoints par les Ambulanciers, la Chirurgie Cardio Vasculaire et Thoracique, la Gériatrie. "Les conditions de travail sur l’ensemble de l’hôpital ne cessent de se dégrader. Le manque de lits en aval des Urgences engendre des dysfonctionnements importants et l’engorgement du service des Urgences. Les hospitaliers sont en souffrance ; la qualité et la sécurité des soins aux patients ne peuvent plus être assurées normalement", déplorent les personnels.

Sur le département, les Urgences de Cholet et de Saumur sont aussi mobilisées. La CGT et FO du CHU d’Angers se joignent à cet appel et seront présents à Paris.
 
Des médecins seront aussi présents et en grève. Une délégation restera sur Paris pour assister à l’assemblé Générale prévue à 18h30 pour discuter des suites de ce mouvement.

"La grande manifestation"

Lancé il y a un mois par le nouveau collectif Inter-Hôpitaux, l'appel à la "grande manifestation" de jeudi a réussi l'exploit de rallier la CGT, FO et la CFDT, dont les centrales peinent à s'accorder sur d'autres sujets.

Contrairement aux précédentes mobilisations, la ministère de la Santé n'est plus l'objectif visé. Signe que l'enjeu a changé de niveau. Agnès Buzyn y planche pourtant sur un ultime "plan de soutien", qu'elle doit présenter "dans le courant du mois de novembre".
    
Elle entend mettre l'accent sur "un meilleur investissement courant" pour que les soignants puissent enfin "travailler dans des conditions acceptables", ainsi que sur "la revalorisation des salaires, notamment en début de carrière".
 

Une reprise de la dette "inenvisageable" pour Bercy

La piste d'une reprise, même partielle, de la dette colossale des hôpitaux publics (30 milliards d'euros), qui leur permettrait d'emprunter à taux négatifs et d'économiser quelques centaines de millions d'intérêts par an, "n'est pas une option envisagée", prévient le ministère de l'Économie et des Finances.
 

"Des discussions lourdes de conséquences"

 Le gouvernement peut cependant activer d'autres leviers, en particulier la hausse des dépenses de santé dans le cadre du budget 2020 de la Sécu, en cours d'examen au Parlement.
    
Agnès Buzyn a ainsi annoncé mardi au Sénat que des "discussions étaient en cours sur le niveau de l'Ondam" (objectif national des dépenses d'assurance maladie), qui prévoit une progression limitée à 2,3%, dont 2,1% pour l'hôpital.
    
"Ces discussions sont lourdes de conséquences, elles nécessitent des arbitrages difficiles", a souligné la ministre.

Une rallonge pourrait être annoncée dès la semaine prochaine, avant le retour du texte en seconde lecture à l'Assemblée nationale à la fin du mois
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