Dans un contexte de dérèglement climatique, la question de l’irrigation agricole se pose chaque année. Dans le Sud Vendée, un plan de gestion équilibrée de la ressource en eau du marin poitevin a été initiée il y a une quinzaine d'années, avec notamment la mise en place de grandes réserves collectives, remplies en hiver et utilisées en été, pour 11 millions de m³ d'eau. Un système qui, s'il permet de aux agriculteurs d'arroser leurs cultures, ne fait pas l'unanimité.
Ce sont d'immenses réserves d'eau. Des centaines de mètres cubes.
Il y en a 25 dans le Sud Vendée, construites entre 2007 et 2017, financées par le département et l'état, sous l'égide de l'Etablissement public du marais poitevin.
À l'époque, c'est la solution imaginée pour permettre aux agriculteurs, dont beaucoup cultivent le maïs, de préserver leurs rendements.
Pour Jannick Rabillé, qui préside le Syndicat Mixte du Bassin du Lay, ce système s'imposait.
Ça aurait été difficile de dire aux agriculteurs on vous supprime l’irrigation. Il y aurait eu un tollé. Ça leur a permis de continuer en diminuant les mètres cubes qu’ils pompaient, mais on a permis malgré tout de pomper et de préserver le milieu.
Jannick Rabillé, Président du syndicat mixte du bassin du Lay
Aux alentours de la commune des Magnils-Regnier, en Vendée, 5 réserves se remplissent tout l'hiver entre novembre et mars.
Deux millions et demi de m³ d'eau, sont pompés dans la nappe du Dogger en bordure du marais. Une centaine d'agriculteurs comptent sur cette eau pour irriguer leurs champs, arroser leurs cultures cet été.
Aux origines du projet dans les années 2000, un marais en mauvais état, menacé par l'irrigation humaine et le réchauffement climatique. L'objectif à l'époque : trouver un équilibre grâce à une gestion collective et contrôlée de la ressource.
Eric Porcher, céréalier à Saint-Martin des Fontaines, bénéficie d'une de ces réserves. La substitution le préserve des restrictions estivales et sécurise sa production de maïs, blé, tournesol et colza. Il montre le point de "livraison".
Branché sur le réseau public "avec un compteur, bien évidemment, et après un système de vannes, c’est réparti sur mon exploitation par des canalisations enterrées".
Cette eau lui coûte, 20 centimes du m³ . Il affirme en consommer moins aujourd'hui. "On a moins 20% par rapport à 2003 parce qu’on a fait des efforts sur les formes d’apport puisque maintenant on travaille avec des sondes qui nous donnent l’état hydrique du sol donc on met pas l’eau n’importe quand, n’importe comment c’est en fonction du besoin du sol et de la plante qu’est dessus"
Repenser le système pour gérer une ressource de plus en plus précieuse
Quinze ans après l'apparition des premières bassines, des voix s'élèvent toujours pour dénoncer un système de gestion et d'usage de l'eau. Alors que
Yann Pajot, secrétaire départemental de la Confédération paysanne de Vendée, fustige des dispositifs qui coûtent cher à la collectivité et ne servent qu'à maintenir un des productions de plantes gourmandes en eau. Selon lui, l'irrigation est encore trop souvent destinée au maïs et à l'alimentation animale.
C’est une fausse piste car au-delà de la mauvaise utilisation des finances publiques ça ne permet pas de se positionner vers une autre forme d’agriculture, le système actuel n’est pas du tout remis en cause.
Yann Pajot, Secrétaire départemental de la Confédération paysanne de Vendée
Face au réchauffement climatique, l'eau, ce bien commun, cette ressource dont la France découvre depuis une quinzaine d'années qu'elle est limitée, n'a sans doute jamais aussi bien porté son surnom d'or bleu.
Elle est aujourd'hui au cœur d'une vaste réflexion qui porte non seulement sur les systèmes agricoles mais aussi sur l'organisation, et l'adaptation, de l'ensemble de la société, en situation de pénurie et de manque.
Pour aller plus loin ;
► Une émission de public Sénat consacrée à la gestion des bassines et plus largement à la sécheresse qui sévit actuellement avec les interventions de Magali Reghezza-ZittMaître de conférences en géographie (début de l'émission à 49'40)
►L'émission "Ça vous regarde" de LCP avec des intervenants de la région Pays de la Loire (Dominique Chargé, président de la Coopération Agricole, agriculteur en Loire-Atlantique, et Joël Limouzin, agriculteur en Vendée, vice-président de la FNSEA )