L'hôpital de Montaigu a prolongé la fermeture de ses urgences jusqu'au 19 août alors qu'elles devaient rouvrir ses portes le 1ᵉʳ août. Une décision augmente l'engorgement dans les centres hospitaliers de Nantes et de La Roche-sur-Yon.
C'est une nouvelle fois la défection de médecins remplaçants qui a contraint l'hôpital de Montaigu à prolonger la fermeture de ses urgences jusqu'au 19 août.
"Et c'est possible que ça ne s'arrête pas là", déplore Valérie Bonnet, secrétaire ajointe de la CGT 85 et infirmière au centre hospitalier à La Roche-sur-Yon. La syndicaliste s'inquiète des conséquences de cette nouvelle fermeture sur les urgences yonnaises.
Des heures d'attente à La Roche-sur-Yon
Comme chaque été, les urgences de la capitale vendéenne constatent une intensification de ses flux dû aux nombreux touristes venus prendre quelques jours de vacances sur la côte Atlantique.
Cette année, la fermeture totale des urgences de Montaigu aggrave la situation. "Dès le matin, on peut avoir jusqu'à 70 patients qui font la queue, c'est ingérable. C'est presque le nombre de personnes que l'on accueille tout au long d'une journée considérée normale", détaille Valérie Bonnet.
Cette attente est très dangereuse parce qu'elle peut aggraver l'état de santé des patients
Valérie BonnetCGT 85 et infirmière au CHD de La Roche-sur-Yon
Avec seulement deux infirmières à l'entrée, la prise en charge des patients peut prendre plusieurs heures. "Cette attente est très dangereuse parce qu'elle peut aggraver l'état de santé des patients qui, souvent, poireautent de très longs moments dans les couloirs", alarme la syndicaliste.
Valérie Bonnet assure que l'inquiétude des équipes est d'autant plus forte que les urgences de Luçon et de Fontenay-le-Comte ferment aussi leur porte le soir. "Les patients sont donc redirigés à La Roche. On se retrouve à devoir tout gérer, mais on n'a pas assez de médecins et de personnel soignants pour garantir une prise en charge de qualité", ajoute-t-elle.
44 lits supplémentaires
Par mail, la direction du Centre Hospitalier Départemental de Vendée, dont dépend la Roche-sur-Yon, assure quant à elle que "le nombre de patients reste stable et similaire à celui des années précédentes".
"Pour anticiper et gérer tout éventuel afflux supplémentaire, la Direction a pris la décision d'ouvrir 44 lits supplémentaires répartis sur l'ensemble des services. Cette mesure a été mise en place sur une période de 9 semaines et a permis de maintenir un bon niveau de soins et d'accueil pour tous les patients", indique-t-on également.
Des problèmes de fluidité à Nantes
Du côté du CHU de Nantes, Oliver Terrien, aide-soignant et membre de la CGT, assure que le flux de patients de cette première semaine d'août est supérieur à l'année passée."La fermeture des urgences de Montaigu, la saturation de celles de Saint-Nazaire et de celle Challans ; oblige les gens à venir chez nous. Ça déplace le problème parce qu'on n'a pas plus de médecin pour gérer l'affluence", détaille-t-il.
La suppression de lits au sein de l'hôpital crée une stagnation des patients aux urgences
Olivier TerrienAide-soignant au CHU de Nantes et membre de la CGT
Pour le syndicaliste, la saturation des urgences nantaises est par ailleurs favorisé par le manque de fluidité dont souffre quotidiennement le service. "La suppression de lits au sein de l'hôpital crée une stagnation des patients aux urgences", assure-t-il.
Le manque de lits contraint effectivement les médecins à hospitaliser des personnes directement aux urgences alors que ce n'est pas le service dédié. "Des gens dorment donc dans les brancards et attendent, pendant 40 h à 48 h, d'avoir une vraie chambre", pointe Olivier Terrien.
Fins de vie indignes
L'aide-soignant se dit ainsi inquiet, autant pour ses collègues que pour les patients : "le corps médical est à bout de souffle. Sur le terrain, tout le monde fait de son mieux, mais personne n'a la sensation de bien faire son travail parce que des gens souffrent sur les brancards".
Après la mort d'une patiente dans le couloir des urgences du CHU de Nantes, quatre patients seraient décédés en trois semaines, entre fin juillet et début août. Parmi-eux, une dame, âgée de 72 ans, aurait été retrouvée sans vie dans la nuit du 2 au 3 août, après 10 heures d’attente sur un brancard.
Ils sont morts devant tout le monde et ça ne devrait pas arriver
Olivier TerrienAide-soignant au CHU de Nantes et membre de la CGT
"Rien ne prouve qu'ils sont décédés à la suite d'une prise en charge trop longue ou de mauvais soins. Toutefois, ils sont morts devant tout le monde et ça ne devrait pas arriver. Ce sont des fins de vie indignes", déplore gravement Olivier Terrien
Pour éviter les engorgements, les autorités publics rappellent qu'il est possible d'appeler le 116 117 pour les soins en urgence sans rendez-vous. En cas d'urgence vitale, il faut se tourner vers le 15.
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