Découvrez l'histoire de La Roche-sur-Yon, ville nouvelle créée par Napoléon en 1804. Ce projet d'envergure visait à pacifier la région et à apporter des infrastructures à une petite bourgade de 1000 habitants, choisie pour sa situation géographique.
En plein milieu de la place principale de La Roche-sur-Yon trône une statue monumentale de Napoléon.
Elle rappelle à tous les Yonnais que c’est l'empereur, lui-même, qui décida de créer cette ville nouvelle par décret en 1804, une semaine après son sacre.
8 noms différents en 70 ans !
Elle change d'ailleurs directement de nom pour s'appeler sobrement Napoléon. La ville a d'ailleurs la particularité d'avoir changé de nom 8 fois en moins de 70 ans, entre 1804 et 1870.
Cette décision est prise dans un contexte historique bien particulier : "On sort des guerres de Vendée. Il y a la nécessité de pacifier la région", explique Gwënnolé Le Bourg, médiateur culturel et patrimoine de La Roche-sur-Yon.
"L'empereur veut apaiser les tensions par le contrôle du territoire, avec notamment la présence de l'État au centre du département tout en apportant différentes infrastructures qui manquent à la population."
Avant Napoléon, un simple bourg de 1 000 habitants
Car à l’époque, la Roche-sur-Yon est organisée autour d’une place forte, dont aujourd’hui il ne reste qu’une partie des murailles.
Autour, s’étale une petite bourgade d’à peine 1 000 habitants. L’activité est essentiellement agricole. C’est sur ces champs qu’une ville nouvelle va naître.
Mais pour transformer La Roche-sur-Yon en place forte politique vendéenne, il faut tout construire : "Les travaux sont confiés aux ingénieurs des ponts et chaussée", poursuit Gwënnolé Le Bourg.
Ils vont repérer les terrains, définir les limites de la ville, tracer les rues, les places et commencer à imaginer des plans de bâtiments en fonction du budget qui leur est alloué.
Gwënnolé Le Bourg, médiateur culturel et patrimoine de La Roche-sur-Yon
Après ces repérages, les ingénieurs tracent donc un pentagone sur la carte. Ce seront les limites de cette ville nouvelle qui, à terme, devra accueillir 15 000 habitants. Elle en compte plus de 50 000 aujourd'hui.
Au centre domine bien sûr la place Napoléon, puis ils placent les bâtiments officiels. La ville va se développer selon un quadrillage méthodique que l'on retrouve toujours aujourd'hui.
"En janvier 1805, Napoléon signe un décret et valide le plan officiel de la ville. Il détermine les bâtiments à construire en priorité : la préfecture, le palais de justice et la prison", ajoute le médiateur culturel.
Un chantier à ciel ouvert
"Évidemment, le premier lieu construit par Napoléon, c'est la préfecture. C'est le lieu de pouvoir, c'est le sien. Il doit pouvoir montrer autorité", raconte Philippe Porté, adjoint à la ville de la Roche-sur-Yon, délégué à l'identité napoléonienne.
La ville devient donc rapidement un grand chantier à ciel ouvert. Il faut en effet aussi construire la mairie, des casernes et un hôpital militaire pour ne citer qu'eux.
Mais Napoléon est également sur tous les fronts militaires. Il livre des batailles de l’Italie à la Prusse.
Le 8 mai 1808, quand il revient d'une énième guerre en Espagne, l’empereur fait un arrêt à la Roche-sur-Yon.
Quand il arrive ici, rien n'était construit, sauf une auberge dans laquelle il recevra les autorités locales. Il n’est pas content et dit je vous ai donné de l’or et vous m’avez fait une ville de boue.
Philippe Porté, adjoint à la ville de la Roche-sur-Yon, délégué à l'identité napoléonienne
L’obligation était de faire vite. C’est donc le pisé, cette terre compressée, qui a été choisie pour construire les logements des fonctionnaires, dont aujourd’hui il ne reste qu'une seule maison.
Après cette visite éclair, Napoléon concédera une rallonge budgétaire. La ville est loin d’être finie, il faut achever les lieux de pouvoir, mais aussi offrir des divertissements aux futurs habitants, comme avec le théâtre.
Le théâtre pour marquer la fin des travaux en 1845
"C’est le dernier bâtiment qui a été fait. Il a été inauguré en 1845 avec l'architecture néoclassique du reste de la ville avec ses particularités comme son péristyle, sa colonnade et son fronton triangulaire", observe Gwënnolé Le Bourg.
Ce théâtre à l’italienne, avec son intérieur richement décoré, marquera la fin du programme de construction des édifices publiques.
Il aura donc fallu près de 40 ans pour transformer la bourgade de La Roche-sur-Yon, en nouveau chef-lieu du département de Vendée.
Parfois difficilement assumé, le nom de son créateur, qui a donné un temps son nom à la ville, semble aujourd’hui plus assumé et devenir un atout touristique.