Privés de l’aide au maintien des terres en bio, les agriculteurs se mobilisent. Car l’impact financier est conséquent. Ils demandent l’intervention de l’Etat et de la Région et rappellent le rôle majeur qu’ils jouent dans la protection de l’environnement.
Près de 1700 producteurs Bio des Pays de la Loire ne pourront plus bénéficier en 2020 de l’aide au maintien des terres biologique. "Chaque ferme bio va perdre en moyenne 5000 € d’aides par personne", souligne François Vrignaud, producteur bio en Vendée.
"L’absence de soutien public va impacter directement notre revenu. Cette décision est injuste et injustifiée. Comment expliquer que l’agriculture bio est vertueuse et en même temps abandonnée par l’Etat et puis dans une moindre mesure par le Conseil régional des Pays de la Loire", s’alarme Nicolas Cousineau, producteur bio à Mouchamps.
Ce 24 juin, ils ont tenu une conférence de presse à Mouchamps en Vendée pour alerter les pouvoirs publics.
La plupart des producteurs de la région ont bénéficié de ces aides au maintien entre 2015 et 2019, cofinancées par l'Etat et la Région. Ils espéraient pouvoir renouveler leur contrat en 2020.
Mais en 2017, l’Etat a choisi de ne plus financer ces aides, une décision qui rentre en application en 2020.
"C’est le premier responsable", dénonce Julien Taunay de la Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire. "On interpelle l’Etat, car dans le contexte Covid. Il y a des plans de relance dans de nombreuses filières et notamment la filière agricole. On demande que l’agriculture bio ait aussi sa part. Cela nous parait totalement logique dans le contexte actuel de continuer à maintenir un financement pour l’agriculture biologique".
"On ne peut pas imaginer 3 années blanches"
D'autant que la nouvelle politique agricole commune (PAC) ne démarrera qu’en 2023. "Ce qui fait trois années blanches pour les aides au maintien en bio. On est en négociation pour que ces mesures soient rétablies avec la nouvelle PAC, mais cette période de 3 ans sans mesures va être un vrai problème pour le développement de la filière bio", précise Julien Taunay
Les agriculteurs bio dénoncent également une distorsion de concurrence car certaines régions ont choisi de maintenir ces aides en 2020. C’est le cas de la Bretagne et de la Nouvelle Aquitaine.
La CAB évalue le besoin à 8 millions d’euros pour financer le maintien des terres en bio chez 1700 producteurs de la région. "C’est un investissement rentable face aux enjeux environnementaux. Cette somme est à comparer avec les 25 à 30 millions d’euros mis chaque année pour financer des investissements sur les fermes, avec le Plan de compétitivité et d'adaptation des entreprises. Et investir dans la bio, c’est aussi investir dans de l’emploi local", rappelle la coordination.
Autre source d'inquiétude, la disparition de ces aides risque de renforcer la problématique de la transmission des fermes. "C'est paradoxal, mais en raison des aides à la conversion, il sera plus rentable de reprendre une ferme conventionnelle plutôt qu'une ferme déjà en bio", s'inquiète Philippe Jaunet, administrateur à EBIO, "alors que dans les dix prochaines années, on va avoir un nombre extrêmement important de fermes à transmettre".