Un petit air de Cannes aux Sables d'Olonne. Jean-Paul Rouve et Xavier Beauvois sont venus y présenter leur dernier film "La vallée des fous". Une histoire liée au Vendée Globe où Jean-Paul Rouve se glisse dans la peau d'un homme au bout du rouleau qui fait le pari fou de faire cette course mythique dans son jardin.
Une nuée de journalistes, des spectateurs tentant d'apercevoir une star, le soleil bleu azur. Non, nous ne sommes pas à la montée des marches du festival de Cannes, mais plutôt à la descente des pontons au village du Vendée Globe aux Sables d'Olonne.
Le comédien Jean-Paul Rouve et le réalisateur Xavier Beauvois sont venus pour présenter en avant-première "La vallée des fous". Mais avant de rejoindre les salles obscures, bain de foule sous le soleil vendéen pour l'équipe du film, venue en force, pour profiter d'une visite menée par un Jean Le Cam tout sourire. Le roi Jean leur fait visiter son bateau qui prendra le départ du Vendée Globe le 10 novembre prochain.
Une rencontre qui prend des airs de vacances, les comédiens s'amusent sur le pont du bateau, se renseignent, prennent des selfies à bord de cet IMOCA qui sera bientôt dans les mers du sud. Ils prennent conscience de faire partie d'un petit bout de cette grande aventure qu'est le Vendée Globe.
Le Vendée Globe, la star du film
L'acteur principal du film, c'est lui, ce tour du monde en solitaire et sans assistance. Un tour du monde que les navigateurs amateurs ou confirmés peuvent faire de leur canapé ou de leur jardin avec la Virtual Regatta. Et c'est le propos du film.
Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage, pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille, mais surtout avec lui-même.
Jean-Paul Rouve, un rôle qui lui va bien
Si le scénario de départ devait raconter l'aventure du Vendée Globe en mer, le choix du jardin a été une obligation ou plutôt un soulagement pour Jean-Paul Rouve : "Au début, il voulait tourner le vrai Vendée Globe. C'était ça, son sujet, moi qui partais au Vendée Globe. Et quand je lui ai dit que j'avais le mal de mer, il a dit qu'il faut que je trouve une solution. Et il a eu cette idée de le mettre dans le jardin."
Faire la Virtual Regatta sur terre, mais dans les conditions réelles, une idée qui a tout de suite emballé le comédien.
C'est tellement poétique.
Jean-Paul RouveComédien
"Quand Xavier m'a appelé en me disant, je vais faire un film, tu vas faire le Vendée Globe au fond de ton jardin. C'est génial, c'est dément. Et comme lui, c'est un cinéaste du réel, tout est réel dans le film. Mon personnage, part sur ce bateau vraiment comme un vrai skipper, avec sa nourriture, avec tout. Il ne doit pas descendre de ce bateau, il est au bout de son jardin."
Même si l'acteur a déjà prouvé son talent à incarner des rôles plus dramatiques, notamment dans "le consentement" de Vanessa Filho, il trouve ici l'occasion de révéler une palette plus sensible, plus folle. Avec ce rôle de père dépassé, alcoolique qui trouve sa bouée de sauvetage dans ce projet un peu fou, il nous prouve qu'il est un grand acteur.
Il montre ici sa capacité à improviser un "pétage de plomb" face à l'écran de son ordinateur ou une danse sur le pont du bateau... Et il aime ça : "Xavier, ça aussi, c'est fort, il avait demandé à Peter Doherty d'avoir déjà la musique, et donc j'avais la musique qui résonnait comme ça. Donc moi, j'étais dans mon monde, et Xavier me dit, fais ce que tu veux."
Jean-Paul face à Jean-Paul
Pour incarner Jean-Paul, cet homme paumé qui se lance le défi de faire la Virtual Regatta dans son bateau, Jean-Paul Rouve a dû jouer une partition de soliste. En effet, dans la quasi-totalité de ses scènes, le comédien joue seul, dans le bateau, face à un écran d'ordinateur et c'est un sacré défi. "Au bout d'un moment, je vous jure, vous avez l'impression d'être ailleurs, de ne pas être avec le reste de l'équipe".
Mais sa complicité avec le réalisateur, Xavier Beauvois, lui permet de ne pas se mettre dans une bulle, coupé du monde, mais au contraire d'être à l'écoute et en osmose avec lui.
"Le personnage est proche de Xavier, et puis moi, je suis proche de Xavier (...) quand c'était moteur... action... Xavier était plus loin parce qu'il ne pouvait pas être sur le bateau, mais j'avais l'impression qu'il était avec moi, qu'il y avait une vraie osmose."
Rencontrer Jean Le Cam ou Michel Desjoyeaux, a été une belle expérience pour le comédien qui ne cache pas son admiration pour ces skippers qui partent faire le tour du monde.
Mais aucun risque qu'il prenne un jour la mer avec eux, "je suis malade en bateau, pour moi, c'est un handicap terrible, parce qu'évidemment, je suis parti avec Jean sur son bateau, tout le monde rêverait d'être avec Jean Le Cam sur son bateau, moi, je n'étais pas bien, j'étais content d'être avec lui, mais je dois reconnaître, ce n'est pas l'endroit où je me sens mieux."
Xavier Beauvois, un amoureux de la mer
Xavier Beauvois, c'est le réalisateur "Des hommes et des dieux" ou plus récemment d'"Albatros", mais c'est aussi un passionné de voile et notamment de la Virtual Regatta. Et c'est de là que vient l'idée du film.
"Moi, je suis joueur, à la base, ça va être mon cinquième Vendée Globe. Et comme il y a un million de personnes qui jouent, je me suis dit, comment font ceux qui gagnent ? Parce que moi, je me lève la nuit, j'essaie de faire tout bien. Je me suis dit, tiens, si quelqu'un se mettait dans les conditions réelles d'un skipper, dans les vraies conditions, peut-être qu'il aurait plus de chances de gagner. Et après, j'ai eu cette idée-là."
On sent chez Xavier Beauvois une réelle admiration pour ces marins qui défient la mer et le monde : "le titre, c'est La vallée des fous, tous ces gens-là, c'est des fous, faire ce qu'ils font, c'est dingue. Ce sont des extraterrestres, tout est prévu, tout est calculé, tout est pensé, tout est réfléchi, mais il y a une part de folie, sinon ils ne le feraient pas."
Tourner avec Michel Desjoyeaux ou Jean Le Cam, c'était un rêve pour le réalisateur breton : "avoir Michel Desjoyeaux, qui a gagné deux fois le Vendée Globe, et Jean Le Cam, ce sont des mythes pour moi, c'est comme si un amateur de foot avait Zidane dans son film".
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Des skippers acteurs de leur propre rôle
Dans "La Vallée des fous", deux navigateurs se prêtent au jeu de faire l'acteur en incarnant leur propre rôle : Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux. Le "professeur", seul skipper à avoir remporté deux éditions, prend un malin plaisir à jouer un rôle qui lui va comme un gant : donner des conseils de navigation. Une expérience qu'il décrit non sans un brin d'ironie.
"J'ai participé à l'élaboration des dialogues dans la mesure où, quand il y a Michel, trois petits points, c'était vas-y, démerde-toi. Soit c'est Xavier, soit c'est son assistante qui vient t'expliquer, voilà le contexte, la scène avant, la scène après, puis vas-y, dis ce que tu as envie de dire."
Si Michel Desjoyeaux s'est amusé à jouer la comédie, son terrain de jeu favori reste la mer : "Oui, c'est marrant de le faire, mais ce n'est pas mon métier, clairement. Je suis plus à l'aise ici, sur le ponton, que sur un plateau de tournage, c'est clair."
Réaction des skippers à la sortie de la séance
Le film "La vallée des fous a été présentée le jeudi 24 octobre en avant-première au Grand Palace des Sables d'Olonne. Et pour l'occasion, le cinéma avait mis les petits plats dans les grands avec la présence sur le parvis pour accueillir les spectateurs de la réplique du bateau du film et la totalité des sept salles diffusaient le film.
Mais une séance était particulière, une projection spéciale pour les skippers du Vendée Globe et leur famille. L'occasion de recueillir leur impression à chaud dès la sortie de la salle. Rencontre avec Paul Meilhat et Maxime Sorel, skippers et spectateurs...
Un article de Murielle Dreux avec Sophie Whal et Damien Revelau
►"La vallée des fous" de Xavier Beauvois avec Jean-Paul Rouve et Pierre Richard, sortie nationale le mercredi 13 novembre.
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