Après son naufrage lundi, Kevin Escoffier a été récupéré sain et sauf la nuit passée par Jean Le Cam. En duplex, ils répondent à nos questions depuis l'Atlantique sud.
"Comment allez-vous l'un et l'autre ?" une question de la vie courante mais qui prend ici tous son sens après les heures vécues par les deux hommes, Kevin Escoffier sur son radeau de survie, Jean Le Cam à la barre de son Imoca tentant de lui porter secours."On va bien je pense tous les deux, on vient de sortir d'une péripétie un peu particulière, on va dire, mais qui se termine bien. Dans ces cas-là, on ne peut qu'aller bien", lance Jean Le Cam en duplex dans notre édition régionale depuis son Yes we Cam.
"Ça va mieux qu'hier, enchaine Kevin Escoffier à ses côtés, là on en rigole parce qu'on a une nature comme ça mais cette nuit je n'en rigolais pas. J'étais plutôt concentré pour savoir comment ça allait se terminer même si à aucun moment je n'ai imaginé le pire"
Dans ma tête, la question était plutôt de savoir combien de temps j'allais rester sur le radeau mais à aucun moment je ne me suis dit : ça ne le fera pas
Un dénouement presque miraculeux ?
"Je ne sais pas, en tous les cas, j'avais la balise, il y avait plusieurs bateaux sur zone, je pense qu'on m'aurait retrouvé, poursuit le skipper rescapé, si ça n'avait pas été là ça uarait été plus tard. La seule question était le nombre d'heures".Kevin Escoffier décrit une casse extrêmement brutale sur son Imoca. Il est ingénieur, spécialiste de la construction de bateaux de course, et "regrette de ne pas avoir eu le temps de prendre une photo. C'était surréaliste, avec ce que j'ai dans la tête, je pourrais faire un dessin du bateau comme il était, plié à 90° avec l'étrave qui pointe vers le haut et l'arrière du bateau à l'horizontal".
Lorsqu'il s'est éloigné sur son radeau de survie, le bateau de Kevin Escoffier n'était plus vraiment à flot, "il flottait encore toujours, entre deux eaux mais il flottait encore toujours".
"Le problème c'est que, rester sur le pont du bateau avec l'état de la mer qu'il y avait, je n'étais pas protégé du tout, poursuit-il, le seul endroit où j'aurais été protégé, c'est à l'intérieur du bateau mais là j'étais sous l'eau..."
"Si je suis là aujourd'hui sur le bateau de Jean c'est que c'était le bon choix", ajoute le skipper.J'ai eu des choix pas faciles à faire, qui ont été résolus par le fait que j'aille à l'eau avec le radeau
Kevin Escoffier va rester encore certainement plusieurs sur le bateau de Jean Le Cam avant d'être récupéré, au mieux lundi prochain, au large des iles Kerguelen, selon Jacques Caraës, le directeur de course.
"Il nous faut trouver le point de chute le plus rapidement possible pour pouvoir le débarquer. Le passage aux Iles Kerguelen est sur la trajectoire initiale de la course, c'est donc faisable en terme de compétition. L'ETA (temps estimé d'arrivée) de rencontre nous porte au 7 décembre", a expliqué Jacques Caraës, qui attend un retour de la marine française.
"Ça dépend combien de temps ça va durer mais là on a encore de la nourriture pour deux mois donc on devrait quand même s'en sortir jusqu'à la prochaine destination qu'on ne connaît pas encore. On va décider ça dans les jours qui viennent, explique, de son côté, Jean Le Cam.
Le temps passé à porter secours à Kevin Escoffier sera décompté du temps de course de Jean Le Cam, qui pointait à la 3e place du classement lorsqu'il a été détourné de sa route.
► Revoir l'interview avec les deux skippers