Depuis les dernières tempêtes hivernales le littoral atlantique et notamment la Vendée est le théâtre de nombreux échouages de Guillemots de Troïl. De nombreux spécimens ont été retrouvés morts depuis la mi-janvier 2024. Les associations de protection de la nature tirent la sonnette d'alarme.
"Nous en sommes désormais à 160 guillemots de Troïl retrouvés morts sur une portion d'une centaine de kilomètres sur les côtes vendéennes en 1 mois" confie au téléphone Lamya Essemlali présidente et porte-parole de Sea Shepherd France.
Une proportion inquiétante
Chaque année depuis 2018 l'association de protection des animaux organise des patrouilles de plage chaque hiver, notamment pour comptabiliser les cadavres de dauphin, espèce sur laquelle Sea Sheperd est particulièrement engagée.
Tous les ans effectivement,on note la présence de cadavres d'oiseau marin. Mais jamais dans de telles proportions. C'est ça qui nous inquiète.
Lamya Essemlaliprésidente et porte-parole de Sea Shepherd France
Le Guillemot de Troïl est un oiseau au plumage noir et blanc, d'une quarantaine de centimètres qui peut être confondu avec son cousin le pingouin de la même famille des Alcidés.
"Ce sont des oiseaux qui nichent sur les falaises en bord de mer" précise François Varenne, de la Ligue de Protection des Oiseaux de Vendée.
"Ils ne se retrouvent sur terre que pour nicher au printemps,et ils passent tout le reste de leur vie en mer" ajoute-t-il.
"Ce sont des oiseaux qui arrivent en état d'hypothermie, qui sont en sous-poids, qui sont épuisés" note de son côté Sea Sheperd.
C'est cette espèce qui est particulièrement touchée par les derniers aléas climatiques.
Une explication valable mais non exclusive des causes probables de cette hécatombe.
La météo et le manque de nourriture
"On ne peut absolument pas tout expliquer par les conditions météo" tempère la présidente de Sea Sheperd France.
"Très clairement, on a une thématique globale de raréfaction des poissons, donc de raréfaction de la ressource en nourriture pour les oiseaux marins" note Lamya Essemlali.
Il y a des études très claires qui donnent des chiffres absolument catastrophiques, avec une baisse de 70% de population d'oiseaux marins en 50 ans.
Lamya Essemlaliprésidente et porte-parole de Sea Shepherd France.
"La raréfaction de la ressource oblige les oiseaux à déployer beaucoup plus d'efforts, à partir beaucoup plus loin, beaucoup plus longtemps en mer pour trouver de quoi se nourrir" affirme la porte-parole de Sea Shepherd France.
Du côté de la LPO on évoque plutôt un déplacement de la ressource que sa raréfaction.
Il est possible que la ressource en poisson ne soit pas au même endroit que d'habitude, et qu'il y ait aussi moins accès à la ressource en poisson avec le réchauffement climatique
François Varennecoordinateur de la Ligue de Protection des Oiseaux de Vendée
"En fait les poissons dont ils se nourrissaient les oiseaux marins ont tendance à rechercher des eaux plus froides vers le nord" conclut ce spécialiste de la nature.
Ne pas les nourrir de force
Attention aux fausses bonnes intentions des promeneurs quand ils voient des oiseaux marins qui sont en détresse sur les plages.
"C'est très important d'alerter le centre de soins le plus proche" détaille Sea Sheperd.
Et l'association environnementale de donner le numéro suivant, joignable 7 jours sur 7 :
07 65 17 22 88
De son côté la LPO de Vendée renvoie vers le centre de soins de la faune sauvage le plus proche situé sur le campus de l'Université de Nantes : Le Centre Vétérinaire de la Faune Sauvage Osiris.
Un exemple des choses à ne surtout pas faire ?
"Par exemple, essayer de nourrir à tout prix un oiseau qui est en hypothermie. En général c'est fatal" constate Lamya Essemlali de Sea Shepherd France.
En fait la meilleure chose, à faire, c'est de mettre l'oiseau dans un carton et de le mettre dans un endroit chauffé, faire des trous dans le carton pour qu'il puisse respirer, et nous appeler.
Lamya Essemlaliporte-parole de Sea Shepherd France
Fort heureusement certains spécimens retrouvent des couleurs et sont sauvés malgré leur état comme se fait l'écho sur ce post de ses réseaux sociaux l'association Sea Sheperd.
Vidéo plaisir - suite ! Nos p'tits guillemots ont retrouvé l'océan ce matin.
— Sea Shepherd France (@SeaShepherdFran) February 27, 2024
On vous les montrait hier en piscine au Sea Shepherd Rescue, notre centre de soins en Bretagne. Arrivés épuisés, aux deux tiers de leur poids normal et en hypothermie, ces sept gaillards ont repris du… pic.twitter.com/EMgkKQ0naz
De son côté la Ligue de Protection des oiseaux de Vendée rappelle que le stress ressenti par ces animaux sauvages déjà fragilisés peut leur être fatal si on les approche sans précaution.
François Varenne de la LPO 85 plaide aussi pour une prise de conscience plus large des enjeux environnementaux à cette occasion tragique.
Les risques qui mettent vraiment en danger ces espèces-là, c'est aussi notre mode de vie à plus large échelle, notre mode de consommation.
François Varennecoordinateur de la Ligue de Protection des Oiseaux de Vendée
"La vraie façon d'aider ces espèces-là, en fait, c'est par notre mode de vie. À l'énergie qu'on va consommer, aux pratiques d'urbanisme qu'on va avoir, aux pratiques agricoles, et ainsi de suite" analyse le coordinateur de la Ligue de Protection des Oiseaux de Vendée. Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv