Lucie Gantier est éleveuse de volailles en sud Vendée depuis 2019. La mission qu'elle s'est donnée : expliquer le quotidien d’un élevage de volailles pour produire des oeufs. Elle vient de remporter le prix "coup de cœur du jury" au Concours Graines d’Agriculteurs.
Lucie vient de remporter le prix "coup de cœur du jury" au Concours Graines d’Agriculteurs 2020 et son prix est une GoPro. Un appareil pour filmer, fort utile pour cette jeune avicultrice, spécialiste en communication positive.
L’édition 2020 du concours était axée sur la thématique de la communication et de la pédagogie.
Des poules sur la toile
Lucie se filme et raconte sa vie entourée de ses poules pondeuses sur YouTube, Twitter, Instagram et son blog "lesjoliesrousses".Ce sont sans doute les cinq ans qu'elle a passé en tant qu’enseignante et formatrice en maison familiale rurale qui lui ont donné cette qualité de narration. Lucie veut expliquer, sans rien cacher, son métier et le quotidien d’un élevage de volailles.
"La communication est essentielle pour expliquer notre métier aux consommateurs et endiguer les idées reçues dont est victime l’agriculture" explique Lucie.
Avec deux masters en poche, elle décide de changer de métier au côté de son conjoint agriculteur Alexis. Elle se lance d’abord dans l’agriculture, un métier trop chronophage pour elle : "On est devenu parents, moi, j’avais du mal à laisser ma fille de 8 à 10 heures chez la nounou, j’ai un peu mal vécu tout cela."
Elle décide ensuite, toujours avec l’aide de son conjoint, d’ouvrir un élevage de poules pondeuses. C’était il y a un an.
"Je ne porte pas de jugement sur mes collègues éleveurs, mais pour moi, si je voulais pouvoir élever un animal, c’était forcement une bête qui allait dehors, je ne voulais pas avoir un animal qui reste enfermé, c’est pas comme cela que je voulais faire de l’élevage."
Son choix fait, Lucie découvre son nouveau métier : "Ça a été un coup de cœur, c’est un métier avec une double casquette à la fois, on fait bien de l’élevage, parce que l’on est près des poules et on doit veiller à leur bien-être, leur santé, et en même temps, il y a cette partie "œuf", moi je le vois comme un produit de luxe, c’est à la fois mon gagne-pain et cela me donne des éléments sur la qualité de vie de mes poules" affirme-t-elle.
"L’œuf il parle en fait, il y a tellement des choses qu’il nous raconte, c’est plus qu’un produit. Cela me donne des éléments tangibles très techniques sur la manière dont je travaille, c’est compliqué à expliquer, mais les œufs me disent des choses."
"J’aime bien parler à mes poules"
La ferme marche, ses quatre unités de 4 700 poules rousses en plein air et en liberté sur six hectares, produisent 4,6 millions d’œufs par an, une goutte d’eau cependant dans l’océan de la production française qui est de 40 millions d’œufs par jour."Moi, je tiens à préciser que mon poulailler, même s’il semble très grand pour le grand public, ça parait gigantesque, mais c’est rien, c’est un petit poulailler."
Lucie aime communiquer et elle le fait avec beaucoup d’humour et se met en scène. "J’aime bien parler à mes poules, mais ça ne fait pas tout, j’aime bien échanger avec des humains aussi." Lucie poursuit, " le risque dans une ferme, c’est de s’isoler et de se retrouver débordé par des tâches diverses et variées et ne pas s’imposer autre chose que son propre travail. La communication, c’est partager et à la fois apprendre des autres."
La communication lui apporte un reconnaissance professionnelle et grand public. Elle utilise différentes plateformes comme Twitter ou Youtube, elle anime aussi un blog "Lesjoliesrousses"
"Moi Youtube, je ne suis pas fan, je ne passe pas mes journées sur YouTube, déjà quand je vais plus d’une fois par semaine sur ma propre chaîne, c’est extraordinaire. Pour autant, je sais que les gens aiment y aller, c’était un défi de m’y mettre, de me regarder, de faire le montage, explique Lucie l'avicultrice, Twitter, j’aime beaucoup, il y a beaucoup d’agriculteurs, il y a des fois une sphère parfois violente, mais il y a quand même une sphère professionnelle agricole qui est très intéressante et très riche. Le blog, c’est pour ceux qui aiment lire et réfléchir. On est sur quelque chose de plus posé et de moins instantané que la vidéo et Instagram, c’est pour les photos parce qu'il y a plein de personnes qui y sont et les belles photos, ça fait du bien aussi."
Démystifier
"Je veux juste montrer ce qui se passe dans un élevage de poules pondeuses en plein air et démystifier un peu ce qui peut parfois exister. Il y a tellement de mauvaises images qui colle à la peau de la filière et notamment nourrie par des idéaux très orientés de certains groupuscules, faut être clair, en fait moi, je tiens juste à montrer ce que je fais moi, je n'ai pas la prétention de montrer ce que font les autres, moi, j’explique comment je travaille, de manière accessible à tous, sans entrer dans trop de technique. Moi, j’ai rien à cacher. Il faut juste comprendre qu’un élevage n’est pas accessible au grand public, notamment avec la poule pondeuse parce que nous avons des normes de bio-sécurité qui sont extrêmement strictes.""L’œuf est inter-culture, il n’y a pas de culture, il n’y a pas de religion qui s’oppose à la consommation d’œuf. On est sur un produit de base qui est accessible à tous et plus pour certains, ils ont des poules chez eux et j’ai beaucoup de questions : là ma poule, elle ne pond pas qu’est-ce que je fais ? Là ma poule, elle ne rentre pas, et ceci, et cela... C’est du dialogue entre professionnels et amateurs," théorise Lucie.Dans l’avenir, Lucie se projette éventuellement vers un élevage bio pour avoir moins d’animaux notamment.
"Je ne suis pas pour travailler plus, produire plus pour gagner plus, parce qu'en réalité, on ne gagne pas plus et on va finir par se tuer à la tâche."
"Moi ce que j’aimerais, c’est améliorer mes conditions de vie et mes conditions de travail et les conditions de vie de mes animaux encore et encore. Là, on va mettre des arbres dans le parcours, c’est plus cela qui m’intéresse, comment chaque année continuer à améliorer, réfléchir à faire en sorte que mes poules se sentent au mieux. J’ai encore plein de choses à faire", conclut-elle.
Lucie souhaite passer en production biologique rapidement. Vous pourrez, sans aucun doute, suivre ses nouvelles aventures sur les réseaux sociaux.