L'Amiénois Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, a ouvert le débat parlementaire sur son texte, qu'il présente comme "une première étape", mais qui est critiquée, notamment par l'économiste Philippe Légé, maître de conférences à l'université d'Amiens.
Lundi 26 janvier, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a présenté sa grande loi à l'Assemblée nationale. Parfois perçu comme un big bang économique, le texte, qui porte le nom d'un Picard (le ministre est né à Amiens), fait l'unanimité... au centre. Des voix s'élèvent notamment à la gauche de la gauche et chez les économistes atterrés (courant économique hétérodoxe) contre le texte, jugé trop libéral et fourre-tout.
Cette "loi Macron" cumule les mesures : dans le champ purement économique (travail le dimanche, facilitation des licenciements, libéralisation des professions réglementées et autres dispositions fidèles aux préconisations libérales du rapport Jacques Attali de 2008), dans celui de la justice (réforme des tribunaux de commerce) ou encore dans celui de la santé (réforme de la médecine du travail).
Toute la société est concernée. Et à Amiens ce lundi, ce sont les intermittents du spectacle qui étaient mobilisés contre le texte. La CGT a distribué des tracts. Des affiches dénonçant la "boucherie sociale" ont été placardées sur les sièges du parti socialiste et du Medef.
Pas d'impact chiffré
Selon Emmanuel Macron, il s'agit avec cette loi "de nous prouver à nous-mêmes, à tous les Français, que nous sommes capables de bouger, que nous ne sommes prisonniers d'aucun dogme, ni d'aucun intérêt en place".
Alors que son prédécesseur à Bercy, Arnaud Montebourg, annonçait en grande pompe que sa loi sur la croissance allait restituer 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, s'est bien gardé de tout calcul. Mais en début d'année, il a demandé à plusieurs organismes de produire des notes d'impact.
France Stratégie, qui dépend du Premier ministre, a ainsi publié des rapports plutôt élogieux sur quatre mesures : le travail du dimanche, l'ouverture du marché des autocars, la réforme des prud'hommes et les professions réglementées. Mais aucune évaluation n'a fait l'objet d'une communication...
À l'inverse, le Conseil d'État, dont l'avis était paru en décembre dans la presse, avait vertement critiqué les premières études d'impact présentées avec le projet de loi. Et aujourd'hui, le ministre insiste sur le fait que sa "loi Macron" n'est qu'"un premier pas".
Une loi critiquée
Si la plupart des observateurs, économistes orthodoxes ou éditorialistes de centre-droit et centre-gauche, accueillent ce "premier pas", ce "message", ce "signal", comme une petite victoire (si le texte est voté) et le gage d'un avenir réformiste auquel ils aspirent, il existe des voix dissonantes.
Le ministre prétend s'attaquer aux rentes, mais (...) il s'abstient de toucher aux plus importantes de ces rentes.
Parmi elles, celle de Philippe Légé, maître de conférence à l'université de Picardie et membre du collectif des économistes atterrés (lequel avait soutenu le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon en 2012). Tout en dénonçant la ligne conductrice générale de la loi, l'économiste souligne un paradoxe : "Le ministre prétend s'attaquer aux rentes, mais (...) il s'abstient de toucher aux plus importantes de ces rentes."
L'expert cite notamment les banques et les sociétés d'autoroutes qui ont "distribué près de 15 milliards de dividendes depuis 2006" et qui ne sont pas du tout bousculées par le texte débattu à l'Assemblée nationale.