Les supermarchés demandent aux laiteries de ne pas les fournir en lait produit à la "ferme des mille vaches" de Drucat, dans la Somme. Une position hypocrite, selon Olivier Thibaut, président des producteurs de lait de la Somme, qui menace de réagir.
Les grandes enseignes de distribution ont décidé de ne pas vendre de produits issus du lait de la "ferme des mille vaches" de Drucat, dans la Somme. "Elles font pression sur toutes les laiteries", affirme Olivier Thibaut. Le président des producteurs de lait du département a eu confirmation des informations des Echos, en contactant un établissement de collecte du lait ainsi que plusieurs industriels. Et il s'en désole.
Les grandes surfaces veulent se donner une virginité, mais c'est un jeu de dupes.
Dans les supermarchés français, il ne devrait donc pas y avoir de yaourts issus du lait des "mille vaches" de Drucat. Une information qui pourrait rassurer des consommateurs inquiétés par la bataille que mènent les écologistes contre les grandes exploitations laitières, notamment le collectif Novissen à Drucat, pour le cas le plus médiatisé. Mais selon Olivier Thibaut, ce boycott non-officiel (les distributeurs refusent de communiquer), pourtant largement médiatisé, est "un jeu de dupes".
Pas de boycott contre le lait importé des fermes-usines allemandes
"C’est de la communication, de l'hypocrisie, de l'incohérence, du cynisme", selon l'agriculteur. Il s'explique : "Les grandes surfaces montrent patte blanche vis-à-vis du consommateur en parlant de la ferme des 1000 vaches, parce que c'est fort médiatisé et fort politisé. Elles veulent se donner une virginité, mais c'est un jeu de dupes. A côté de ça, elles n'ont aucun souci à acheter du lait en Allemagne, où il y a bien plus de grandes exploitations qu'en France."
C'est sous la pression des grandes surfaces que les petits producteurs meurent les uns après les autres. Alors il y a une contradiction qui nous choque !
Un nouveau logo est en cours de diffusion en France. Il doit permettre d'identifier et valoriser le lait collecté et traité dans l'Hexagone. Un moyen comme un autre pour les producteurs français de se battre pour leur survie, dans un contexte ultra-concurrentiel avec la suppression des quotas de lait. En octobre dernier, le vice-président de Syndilait Emmanuel Vasseneix faisait un constat alarmant : "Il y a du lait en provenance d'Espagne, d'Allemagne, de Belgique et même d'Irlande qui (...) arrive actuellement sur le marché français à des coûts agressifs."
Des producteurs français étouffés par la guerre des prix
Olivier Thibaut nie être un "défenseur" des fermes des mille vaches mais demande "de la cohérence". "Les distributeurs font constamment pression pour baisser les prix, en s'appuyant sur les cours mondiaux et européens, rappelle l'agriculteur. C'est pour ça que les petits producteurs meurent les uns après les autres. Il y a une contradiction qui nous choque. Si on nous ajoute un critère de taille, on ne va pas s'en sortir."
Si vraiment la grande distribution voulait boycotter la ferme des 1000 vaches, "elle devrait faire des prix différents pour les petits producteurs français", plaide Olivier Thibault, avant de conclure : "Mais on sait très bien qu'elle ne le fera pas."
On se réserve le droit d'aller interpeller les grandes enseignes de distribution.
Alors son syndicat départemental, membre de la FNSEA, pourrait organiser des actions coup de poing, si les instances nationales - qu'il a contacté - ne s'engagent pas. "On se réserve le droit d'aller interpeller les grandes enseignes de distribution", menace Olivier Thibault. Avec leur boycott, les enseignes éviteront peut-être les opérations d'activistes écologistes, mais pour mieux être confrontés aux agriculteurs en colère.