L'ancien ministre de la Défense François Léotard, mis en cause dans l'affaire Karachi,affirme ce samedi, dans un entretien à Var-Matin, n'avoir rien fait d'illégal et ne s'être "jamais occupé" de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995
Les juges financiers Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent sur un éventuel financement occulte de la campagne de l'ex-Premier ministre, notamment via des rétrocommissions sur des contrats d'armement, dont le contrat Agosta de vente de sous-marins au Pakistan conclu en 1994.
"Tout ce qui a été fait était légal. C'est ma fierté. J'ai signé ce contrat en toute connaissance de cause. Mais avec l'accord du président de la République de l'époque (François Mitterrand, NDLR). Ce que l'on oublie un peu facilement...", déclare M. Léotard au quotidien.
"Comment envisager un seul instant que le chef de l'Etat ait pu laisser son ministre de la Défense négocier avec le Pakistan et l'Arabie saoudite sans s'en occuper? C'est grotesque", insiste-t-il.
"Je ne me suis jamais occupé" de la campagne d'Edouard Balladur, ajoute l'ancien ministre de la Défense. "On m'en a d'ailleurs fait le reproche. Balladur lui-même m'a dit que je devrais faire plus de politique. Mais vous savez, à l'époque nous avions 5.000 soldats à Sarajevo. Sans oublier le Rwanda".
François Léotard estime par ailleurs que la transmission imminente du dossier à la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, "ne donnera rien", compte tenu des "jurisprudences" et de "l'absence totale de délit".
"C'est donc retarder encore une fois la décision et je préférerais que cela aille plus vite", souligne l'ex-maire de Fréjus qui "regrette presque" de ne pas avoir été mis en examen pour avoir accès au dossier.
Dans le cadre de l'enquête, M. Léotard a été visé par plusieurs perquisitions, les juges s'intéressant notamment à des travaux réalisés dans sa villa de Fréjus.
Rappel sur l'affaire Karachi :
Dossier tentaculaire, l'affaire Karachi tire son nom de l'attentat qui avait fait 15 morts, dont 11 employés français de la direction des constructions navales DCN), le 8 mai 2002 au Pakistan.
Depuis 2009, le juge antiterroriste Marc Trévidic étudie l'hypothèse d'une attaque commise en représailles à l'arrêt du versement de commissions en marge du contrat Agosta.
- Pour aller plus loin, voir le dossier consacré à l'affaire par le site le Monde.fr ou celui de Mediapart.fr