Condamné en première instance à 8 ans de prison pour les viols de deux anciennes élèves de son club de tennis de Saint-Tropez, Régis de Camaret comparaît en appel devant les Assises de Draguignan ce lundi. Lors de son premier procès, l'ex-entraîneur était resté de marbre et avait nié tout viol.
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L'ancien entraîneur vedette de tennis Régis de Camaret - condamné en première instance à huit ans de prison pour les viols de deux anciennes pensionnaires mineures de son club de Saint-Tropez - retrouve lundi après-midi en appel le box des accusés, devant un nouveau jury d'assises à Draguignan.
28 élèves s'étaient plainte d'attouchements ou de viols
Lors de son premier procès d'assises, très médiatisé, en novembre 2012 à Lyon, il était resté de marbre face à ses nombreuses accusatrices venues décrire à la barre leur douleur. Il avait nié tout viol. Vingt-huit anciennes élèves, aujourd'hui âgées de 37 à 50 ans, ont pourtant déclaré durant l'enquête
avoir subi à l'adolescence des contacts physiques équivoques, des agressions sexuelles ou des viols. Les accusations s'étalent sur une quinzaine d'années, de la fin des années 70 jusqu'au début des années 90. Beaucoup de ces joueuses ne se connaissaient pas avant d'avoir été contactées par les enquêteurs. Reste que la plupart des faits, évoqués tardivement, sont frappés de prescription. Vingt-six accusatrices ont donc un statut de témoins. Seules deux anciennes joueuses âgées aujourd'hui de 37 ans, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, ont pu se porter partie civile pour des faits remontant à 1989-1990.
Violée à partir de 13 ans
Témoin crucial, Isabelle Demongeot - ancienne numéro 2 du tennis français - avait déposé plainte en 2005 à l'âge de 39 ans auprès de la gendarmerie de Draguignan, dévoilant un terrible secret qui l'avait empêchée de vivre normalement. Elle accuse son ex-entraîneur de l'avoir violée à partir de l'âge de 13 ans, en 1980 dans une chambre d'hôtel à l'occasion d'un tournoi.
Des viols qui se répèteront pendant neuf années dans la voiture de Camaret, les vestiaires ou le local à balles du club de tennis des Marres à Saint-Tropez (Var). En parlant, la championne découvre, au fil de l'enquête de gendarmerie, que beaucoup d'autres jeunes filles ont subi le même sort.
Un gourou, un pervers
L'une d'elles, qui précise avoir subi des attouchements sexuels répétés dès 10 ans et avoir été violée à 14 ans au domicile de Camaret, avait déposé plainte en 2002 à Draguignan, mais l'affaire avait été classée sans suite en raison de la prescription. Les jeunes femmes évoquent "un gourou" qui savait endormir la méfiance des parents, "
un pervers" qui aimait s'introduire dans les douches ou les chambres des filles à l'internat, un adulte à
"l'emprise terrible" qui clamait son plaisir d'être
"un loup dans la bergerie". Plus jeunes, elles ont eu peur de parler, ont éprouvé de la honte et de la culpabilité, choisissant d'oublier. Toujours traumatisées à l'âge adulte, beaucoup souffrent de dépression et vivent une sexualité difficile.
Des photos de filles en partie nues
Régis de Camaret sera interpellé en février 2007 dans son nouveau club de tennis de Capbreton (Landes), créé avec
son élève Nathalie Tauziat, ex-numéro 1 du tennis français, vivement critiquée pour l'avoir défendu devant les assises du Rhône. Des perquisitions permettent de trouver dans l'ordinateur de Camaret des photos de jeunes filles en partie nues. La procédure a été fastidieuse. En 2009, la cour d'appel d'Aix-en-Provence avait prononcé un non-lieu dans ce dossier, mais cette décision avait été invalidée par la Cour de cassation en 2011. Conséquence de l'ancienneté des faits, une lettre de dénonciation anonyme envoyée par Karine Pomares à la Fédération française de tennis (FTT) s'est perdue, les archives ayant été détruites. Isabelle Demongeot a aussi déclaré avoir abordé le sujet avec Philippe Chatrier, l'ex-président de la FFT, décédé en 2000.
56 témoins
Il y a 14 mois à Lyon, Régis de Camaret a simplement reconnu des "attouchements" sur l'une des deux parties civiles
"amoureuse" de lui et une
"relation consentante" avec Isabelle Demongeot. Le verdict est attendu le mercredi 12 février, le temps de réécouter 56 témoins, dont toutes les anciennes stagiaires qui ont répondu présent.