Depuis moins d'une semaine, les parcs d'attractions et de loisirs accueillant plus de cinquante personnes doivent contrôler les pass sanitaire à leur entrée. Au parc Grimmland de La Roque d'Anthéron, cette mesure est jugée trop difficilement applicable sans moyens supplémentaires.
"2021 sera pire que 2020". Désespérée, Audrey Fonfrede voit ses chiffres de fréquentation chuter depuis l'instauration cette semaine du pass sanitaire. "Nous étions à 1.000 visiteurs par jour au début de l'été, nous ne sommes plus qu'à 200, c'est une chute brutale de 80% de fréquentation", détaille la gérante du parc Grimmland de La Roque d'Anthéron (Bouches-du-Rhône)
Audrey Fonfrede ne comprend pas comment le pass sanitaire a pu être décidé si rapidement et sans lui donner les moyens nécessaires pour les contrôles. "D'un côté, nous sommes dans l'obligation de contrôler les QR-Code, d'un autre nous risquons d'être poursuivis par les clients que nous ne laisserions pas passer car la loi n'est pas encore votée", explique t-elle, la voix pleine de colère.
"On ne peut appliquer ce qui n'est pas applicable"
Ouvert depuis 2006, ce parc d'attractions en plein air sur le thème des contes de Grimm recevait environ 85.000 visiteurs avant la pandémie. Après une année 2020 évidemment faible (40.000 clients seulement avaient franchi les portes du parc), les espoirs de retrouver le public étaient là.
Mais avec ces nouvelles mesures, 2021 risque d'être effectivement pire. "Ce qui est certain, c'est que si la loi passe, et si on ne nous donne pas plus de moyens pour effectuer les tests et les contrôles, nous devrons continuer à mettre une partie de nos trente saisonniers au chômage partiel", explique Audrey Fonfrede.
En attendant que la législation confirme la mesure decrétée, les visiteurs sans pass sanitaire sont tout de même autorisés à rentrer. Quant à la tente blanche installée pour les tests, elle reste vide : aucun infirmier ou responsable médical ne voulant se déplacer pour si peu de monde à tester. "Nous demandons à ce qu'un professionnel de santé viennent former nos employés à faire ces tests", tempête la gérante, "comment faire autrement ? Nous ne pouvons pas appliquer ce qui n'est pas applicable !"
"Une situation anxiogène"
Implanté en zone rurale, Grimmland est un lieu familial par essence où parents et enfants se rendent le plus souvent en voiture. Entre obligation des parents à se faire tester ou vacciner et l'impossibilité des mineurs à s'y rendre seul, la fréquentation du parc risque bien de se maintenir à ce faible niveau cette saison.
"La société a été mise dans une situation anxyogène de stress et d'angoisse, les gens ne sont pas libres dans ce contexte de se projeter dans des loisirs", analyse Audrey Fonfrede, "on ne sait pas si on va pouvoir tenir longtemps car on va être à -60% de chiffre d'affaires par rapport à 2019 et on ne sait rien sur les éventuelles aides à venir".
Grimmland est membre du Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (SNELAC). Selon son directeur Arnaud Bennet, directeur du parc animalier du Pal dans l'Allier, l'instauration du pass sanitaire "remet la tête sous l'eau" tout un secteur. "Les deux mois d'été peuvent représenter jusqu'à 70% d'un chiffre d'affaires annuel...", estime cet homme de 32 ans, ancien chef de groupe chez Danone. "Il sera difficile de s'en sortir dans ces conditions..."