Faute de médecins, les urgences de Digne-les-Bains dans les Alpes-de-Haute-Provence ont dû fermer la nuit ce jeudi 29 août pour la troisième fois de l'été. Pour y faire face, la maire a pris un arrêté pour obliger l'État à prendre des mesures sans délai pour recruter du personnel soignant.
Les Alpes-de-Haute-Provence sont particulièrement touchées par la désertification médicale. Petit à petit, les services d'urgence des trois plus grandes villes du département ferment ponctuellement leurs portes. Alors que les portes du Centre hospitalier de Digne-les-Bains sont restées fermées ce jeudi 29 août, faute de médecins, la maire de la ville a pris un arrêté pour mettre en demeure l'État, sous peine d'intenter une action en justice.
"Il est obligatoire d'appeler le 15 avant de vous présenter à l'accueil", peut-on lire sur la porte du Centre hospitalier de Digne-les-Bains. Cet été, les malades ont eu plus de mal à se faire soigner par le personnel soignant dans cette ville des Alpes-de-Haute-Provence. Ce jeudi 29 août, les urgences du Centre hospitalier sont carrément indisponibles pendant la nuit. Le Samu doit donc imposer une régulation des patients.
Un arrêté préfectoral pris par la maire contre l'État
Inadmissible pour la maire de Digne-les-Bains, Patricia Granet Brunello. "Aujourd'hui, ne faites pas d'infarctus", clame-t-elle avec ironie. L'élue dénonce l'inégalité pour l'accès aux soins, les médecins en arrêt maladie n'étant pas remplacés dans ces trois services d'urgence. "Il y a 187 000 habitants ici. Ils ont le droit à un accès aux soins similaires dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes. Aujourd'hui, l'inégalité aux soins en France, elle est terrible. Je ne peux plus l'accepter."
Je ne lâcherai pas.
Patricia Granet-Brunello, maire de Digne-les-Bainsà France 3 Provence-Alpes.
Pour dénoncer la situation, la maire a pris un arrêté dans lequel elle met en demeure l'État et le conjure de "prendre les mesures nécessaires". Elle déplore le manque de médecins dans les services d'urgences. "S'ils veulent des médecins à l'hôpital, il faut qu'ils revalorisent la carrière des praticiens hospitaliers", nous confie-t-elle.
Dans son arrêté, Patricia Granet-Brunello appelle "au recrutement de 11 professionnels de santé à temps complet", "à l'élaboration d'un plan d'actions destiné à pallier les prochains départs de praticiens hospitaliers, en partie vers la retraite" ou encore à "la revalorisation du statut de praticien hospitalier à la hauteur de l'investissement des praticiens".
Et l'élue est déterminée pour faire changer les choses. "Il faut aller jusqu'au bout. Tant pis si ça va au tribunal administratif, tant pis si je perds, ce n'est pas ça le problème. C'est de faire prendre conscience que là ça ne va plus dans la santé", déclare-t-elle auprès de France 3 Provence-Alpes.
Des patients obligés de se soigner ailleurs
Face au manque de professionnels de santé, c'est le Samu qui prend la décision d'accepter les patients ou de les orienter vers un autre établissement. Avec deux arrêts-maladies de médecin urgentistes cet été, le service a dû s'adapter à contrecœur. "C'est une extrémité, on n'a pas le choix. C'est vraiment quelque chose qu'on ne souhaite pas, mais on est obligés d'en passer par là", nous explique Philippe Karpoff, médecin urgentiste et directeur du SAMU 04.
La nuit dernière, la porte des urgences de la ville préfecture était fermée pour la troisième fois depuis cet été. Les patients ont été redirigés vers les services de Sisteron, Gap ou Aix-en-Provence, à 33 km, 82 km ou 100 km de là. Une situation qui devrait se répéter dans les semaines à venir.