"Faut pas généraliser" : les professionnels du ski minimisent un rapport sévère de la Cour des comptes

"Économie en déclin", "adaptation pas à la hauteur des enjeux climatiques" ... La Cour des comptes livre un constat sévère sur l'économie du ski. A la station du Val d'Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les professionnels défendent leur modèle économique.

Faut-il continuer à investir dans les stations de ski, alors que le climat se réchauffe en montage et que l'enneigement des massifs diminue inexorablement ? Dans un rapport publié le 6 février dernier, la cour des comptes s'intéresse à l'adaptation des stations de ski au changement climatique. Son constat est accablant. "L’enquête dresse le constat d’un déclin du modèle économique du ski français. Elle souligne également que les politiques publiques d'adaptation ne sont pas à la hauteur des enjeux."

"C'est une grande déception, la cour des comptes n'a pas écouté les remontées des territoires", estime Gérard Bracali, président Alpes-du-Sud des domaines skiables de France. Interrogé au pied d'un téléphérique de la station du Val d'Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence, il défend le bilan des stations de ski. "Aujourd'hui des stations vivent bien, elles sont en pleine restructuration de l'attractivité touristique. Il ne faut pas généraliser sur quelques exemples."

Pourtant, les communes du Val d'Allos sont directement citées par la cour des comptes parmi les collectivités qui "poursuivent, voire accélèrent leurs investissements au risque de dégrader leur situation financière". Dans le viseur, la nouvelle liaison entre les deux stations, La Foux-Pra-Loup : 43 millions d'euros financés par des subventions du département, de la région et les communes concernées.

La cour des comptes préconise que ce type d'investissement repose plus largement sur les skieurs. Avec un tarif moyen de 56 euros par jour, les stations de ski françaises proposent les forfaits les moins chers des grandes nations du ski.

Au Val d'Allos, un adulte paie 45 euros la journée. Mais pour Gérard Bacardi, il n'est pas possible d'augmenter les tarifs. "Nous sommes une économie viable" affirme-t-il.

"S'ils doublent les prix, on ne viendra plus"

Pour les skieurs, augmenter le prix serait rédhibitoire. "On est content d'en profiter parce que c'est à côté de chez nous, mais s'ils doublent les prix, on ne viendra plus", assure Anne-Marie Grimal. Cette retraitée venue profiter d'une journée de ski en semaine, loin de la foule des vacances et du week-end.

En bas de la station, les dernières neige ont fondu. Si la station peut fonctionner, c'est en grande partie grâce à la neige artificielle. C'est le modèle choisi par la plupart des stations de la région pour prolonger l'activité. Des investissements dont "la pérennité n'est pas assurée", dénonce la Cour des comptes.

Pourtant, les skieurs rencontrés minimisent le problème "Pour les stations à moins de 1500 mètres d'altitude, peut-être. Mais ici, ça va", lance Philippe Van Bockstaele, de l'association indépendante des résidents de la Foux d'Allos

Pour la cour des comptes, les stations de ski devraient opérer une transition plus volontaire vers un autre type d'activité.  "Les financements publics devraient être conditionnés à l’existence de plan d'adaptation par chaque station de montagne".

Des retombées économiques contestées

"On sait très bien qu'il y a des choses à changer dans le tourisme en montagne" rétorque Gérard Bracali. Pour le maire d'allos, Michel Lantelme, il est impossible de sortir du modèle du ski, pour des raisons économiques.

"Aujourd'hui le changement de climat, tout le monde en a bien conscience. Le rapport ne tient pas compte du fait que les collectivités font énormément pour cette transition écologique. Mais à un moment donné, on est obligés de s'impliquer pour maintenir une activité économique dans notre station."

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le ski emploie jusqu'à 4500 personnes. "L'économie de montagne existe grâce au ski, complète Gérard Bracali. Pour un euro dépensé dans les remontées mécaniques, il y a six euros de retombées." Un chiffre contesté par la Cour des comptes. Il reposerait sur des études anciennes et portées sur les grandes stations.

Pour des stations plus petites, les retombées seraient moindres. Par exemple, à Risoul, dans les Hautes-Alpes, les retombées seraient de 3,61 euros pour un euro dépensé en forfait de ski, selon une étude datée de 2015. Mais "certaines données n’ont pas pu être vérifiées par la Cour, faute de source précise", note le rapport.

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