Une soixantaine de maires des Alpes-de-Haute-Provence ont signé vendredi 15 décembre une tribune adressée au ministre de la Justice dans laquelle ils dénoncent le laxisme du parquet de Digne-les-Bains face aux "infractions qui se multiplient".
Ils ont pris "la plume avec gravité et humilité". Plus de 60 maires des Alpes-de-Haute-Provence ont publié vendredi 15 décembre une tribune à l'attention du ministère de la Justice dans laquelle ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme du laxisme de la part du parquet de Digne-les-Bains, lequel, selon eux, "affiche d’importantes lacunes qui nuisent à son efficacité" conduisant à une perte de" confiance en la justice" de la part des citoyens.
À la tête de cette fronde: David Gehant, maire de Forcalquier et président de la Communauté de communes, qui a recueilli la signature de 64 des 198 maires du département. Ensemble, ils pointent une "insuffisance quotidienne de la réponse pénale", qui rend difficile l'exécution de leur mission d'élus et en particulier leur "pouvoir de police".
L'impartialité de la justice en question
Dans leur courrier adressé à Eric Dupont-Moretti, les édiles caressent le garde des Sceaux dans le sens du poil, évoquant des plaintes et des signalements classés sans suite dans une "multitude de dossiers qui touchent pourtant à des thématiques chères au Gouvernement comme la sécurité des élus".
Les maires font ici le procès du parquet de Digne, notamment pour son inaction face aux "entraves à des projets liés à la production d’énergie renouvelable", faisant référence au blocage du chantier Boralex à Cruis sur la montagne de Lure par des militants écologistes. Les signataires de cette lettre ouverte mettent clairement en "doute la capacité de l’institution à faire respecter la loi", et "à protéger les administrés et à rendre une justice impartiale".
Ironie du sort, les associations impliquées dans ce dossier réclament depuis des semaines le dessaisissement du Procureur de Digne au bénéfice du Pôle régional environnemental (PRE) de Marseille, mettant en cause son impartialité.
Mise en cause personnelle des magistrats
La réponse du parquet général de la cour d'appel d'Aix Provence ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué en date du 16 décembre, l'institution judiciaire tient à rappeler que "dans un Etat de droit démocratique, la critique des décisions de justice ne saurait en aucun cas s'exprimer par la mise en cause personnelle des magistrats auteurs de ces décisions" et que la justice doit pouvoir poursuivre ses missions "à l'abri des pressions, en toute indépendance".
Quant à David Gehant, son directeur de cabinet fait savoir qu'il "ne s'exprimera plus sur le sujet tant que le ministre n'aura pas répondu aux courriers des maires".