Depuis le mois de septembre, les fausses alertes à la bombe se multiplient dans des établissements scolaires du Vaucluse et des Alpes-de Haute-Provence. Mails de menace, établissements évacués, levées de doute par les équipes de déminage : une guerre des nerfs pour les préfets qui doivent "prendre les bonnes décisions" sans se laisser "déstabiliser par la logique de la terreur".
Les fausses alertes à la bombe n'ont jamais été aussi nombreuses en France depuis le mois de septembre et un pic a été atteint depuis le retour des vacances de la Toussaint.
Dans le Vaucluse, la cité scolaire d'Apt qui accueille 1300 élèves des niveaux école, collège et lycée, a été la cible de 130 fausses alertes à la bombe par mail en trois mois, selon les informations de la Préfecture du département.
Les mails, qui arrivent par dizaine ces dernières semaines, sont envoyés sur la boîte électronique de la cité scolaire d'Apt et comportent "des menaces d'attentat par engins explosifs" et "des menaces de décapitation". Mais depuis quinze jours, le dossier a pris une nouvelle tournure : un ou plusieurs pirates informatiques ont envoyé des SMS aux parents d’élèves sur leurs portables personnels. Des menaces visant toujours et encore ce même établissement. Il s'agirait de "hacking" de fichiers informatiques via l'application Pronote.
Pour 130 mails de menace, une seule évacuation
Ces menaces n'ont finalement donné lieu qu'à une seule évacuation des élèves et des personnels le 16 octobre dernier. Le mail reçu par la cité scolaire évoquait alors la présence d'un engin explosif dans un faux plafond, le jour de l'hommage à Dominique Bernard, il était "préférable de ne prendre aucun risque".
Mais la Prefète du Vaucluse, Violaine Démaret, tient à rester ferme face à ce qu’elle qualifie de "logique de la terreur" qui vise "à déstabiliser et désorganiser". Elle affirme réunir en cellule de crise, à chaque mail de menace, tous les services de police et de l'Etat concernés, afin de décider de l'action à mener. "A minima, c'est une équipe de gendarmerie qui se rend sur place pour procéder à la levée de doute, a maxima c'est une évacuation" détaille Violaine Démaret qui évoque dans chaque situation un examen de fond.
"Nous analysons le contenu des mails", explique la Préfète, qui constate une évolution : "On est passé de copier-coller très généralistes, similaires à des messages reçus dans d'autres départements, à quelque chose qui pourrait se resserrer sur la cité d'Apt", mais précise que la décision est prise également au regard du contexte national.
À la cité scolaire d'Apt, on tente de jouer avec les nerfs des enseignants, des chefs d'établissement et des parents d'élèves... C'est de la manipulation, il faut rester lucide pour prendre la bonne décision.
Violaine Démaret, la Préfète du VaucluseFrance 3 Provence-Alpes
Le parquet d’Avignon a ouvert des enquêtes judiciaires et pour "accompagner" la justice, la préfète explique avoir saisi les cyber experts de la Gendarmerie et de l'ANSSI (Agence Nationale de Sécurité des systèmes d’information) pour se pencher sur le hacking de Pronote.
Dans les Alpes de Haute-Provence, 20 fausses alertes
Mardi 21 novembre, trois établissements scolaires des Alpes-de-Haute-Provence ont reçu un nouveau message électronique indiquant la présence d’explosifs dans l’enceinte des collèges Giono et Mont d'or à Manosque ainsi que le collège de Saint-André-les-Alpes. Au total, ce sont 20 fausses alertes à la bombe que le département a subies depuis le mois de septembre, indique la préfecture.
Recevoir des mails menaçants devient une inquiétante habitude pour les services administratifs, dont les personnels ont pour consigne de relever leur courrier électronique le plus tôt possible avant l’ouverture des grilles. L’objectif étant d'éviter des évacuations qui perturbent le cours de la scolarité des élèves, et de procéder aux vérifications nécessaires avant leur arrivée dans l'établissement.
Levée de doute systématique
Ici, la ligne de conduite est différente pour le préfet. Franck Lacoste, son directeur de cabinet, indique suivre le protocole à la lettre : évacuation et une levée de doute systématiques." Les salles sont fouillées méticuleusement par des forces de sécurité formées, guidées à l’intérieur des locaux par des personnels de l'établissement", affirme Franck Lacoste, "une procédure qui prend 45 minutes".
Une situation inédite dans le département, où la ville de Manosque est particulièrement visée. "Nous avons demandé aux chefs d'établissement de porter plainte à chacune de ces fausses alertes à la bombe, afin de laisser le procureur de la République l'opportunité de poursuivre", conclut Franck Lacoste, "et de notre côté, nous continuerons à ne prendre aucun risque".