Alpes-Maritimes : on vous explique d'où viennent ces plastiques échoués sur les plages

Sur la plage abandonnés... Des millions de petits filtres en plastique sont régulièrement rejetés dans la mer Méditerranée et retrouvés sur le sable des plages de la Côte d'Azur. On vous explique de quoi il s'agit vraiment.

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29 juin 2021... Douce soirée d'été sur une plage de Juan-Les-Pins dans les Alpes-Maritimes. Sur le sable abandonnés, des herbes, des bois flottés et d'étranges rondelles de plastique. Pas vraiment des bouchons, ni des déchets échappés des poubelles publiques, non des OFNI : objets flottants non identifiés.

Identifiés, ils le sont. Il s'agit de biomédias, c'est filtres en plastique utilisés pour le traitement des eaux usées des stations d'épuration.

Depuis plusieurs mois, des associations en trouvent dans leur collecte des déchets. A Antibes, l'association "Opération mer propre" en récolte souvent.

Il y a deux types de biomédias sur nos plages azuréennes. Les plus gros, de 5 centimètres de diamètre, proviennent d'une usine en Italie. Elle avait en 2018 lâché volontairement 13 millions de filtres en mer. Et des plus petits.

Joko Peltier, co-fondateur de l'association opération mer propre.

Cette station d'épuration sur l'île d'Ischia, au large de Naples avait déversé en Méditerranée des millions de filtres en plastique en février 2018. Son procès s'est tenu en février dernier. NDLR.

Selon lui, les biomédias qui en ce mois de juin 2021 s'invitent sur les plages de la côte, seraient ceux emportés lors de la destruction des installations de quatre usines de retraitement dans les vallées lors de la tempête Alex en octobre dernier.

Ces éléments filtrants ne sont normalement pas censés se retrouver en mer, leur fonction est celle de permettre aux bactéries épuratrices de se fixer et de proliférer, améliorant ainsi leur efficacité. Ils sont des supports, et non directement des filtres mécaniques. Ce sont des fixateurs pour les bactéries utilisées pour digérer les matières organiques et ainsi accroître l’efficacité de la filtration mécanique.

"En fait, ils agissent comme des supports dépolluants" précise Joko Peltier.

La faille

"Ils représentent de 30 à 70 % du volume présent dans les bassins où ils sont en mouvement libre. C’est grâce à cette mise en mouvement que le processus est efficace, mais c’est aussi de là que vient la faille", selon un rapport de l'association Surfrider Foundation.

"Comme ils ne sont pas fixes, lors d'un gros épisode orageux ou de fortes de pluies, si les stations d'épurations débordent, ils sont libérés en mer. Ils flottent alors, comme le bois ou le polystyrène. Ces biomédias censés dépolluer l’eau, peuvent alors finir par polluer rivières, mers et océans..." regrette Joko Peltier.

Un traçage serait facile car en général, chaque station a son modèle de biomédias.

Une cartographie en cours

En avril dernier, la "récolte" était aussi impressionnante dans la calanque de Sormiou près de Marseille. En février, des plastiques similaires avaient eux été retrouvés sur les plages de Marana en Corse. Depuis, une association procède au référencement des zones infestées.

L’association "Mare vivu" est basée à Pinu, dans le Cap Corse. Elle a mis en place une cartographie citoyenne qui, à ce jour, a permis de recenser plus de 120.000 biomédias. Pour permettre ce travail collectif, il suffit de leur transmettre : 

  • Le nom de la plage et sa localisation (commune ou point gps)
  • Le type de plage : sable, galets, posidonies
  • Le nombre de biomédias, en précisant s'ils ont été collectés ou juste observés
  • La date
  • Une photo, ou à minima une description (indispensable pour nous permettre de les classifier).

Surfrider Foundation assure aussi ce référencement depuis 2007, date de la première présence de biomédia sur les côtes françaises. Car cette pollution, est en effet présente sur tout le littoral métropolitain. 

Cette présence récurrente de cylindres de plastique a d'abord été constaté sur les plages du Golfe de Gascogne.

Quel danger ?

En plus d'être polluants, les biomédias sont porteurs de bactéries et de germes nocifs pour la santé, ces petits objets étant expressément destinés à les attirer.

Dans certains cas, ils peuvent provoquer des septicémies ou la gale. Mieux vaut donc ne pas les toucher et dire aux enfants de ne pas jouer avec, de ne pas décorer leurs châteaux de sable avec...

Les animaux touchés ?

Selon Surfrider le plastique constituant une perturbation majeure pour le milieu marin, les biomédias prennent leur part de responsabilité. 

Des biomédias ont déja été retrouvés dans des estomacs d'oiseaux marins. Comme tous les plastiques, ils se peuvent aussi devenir de micro-déchets, des miettes que certains animaux vont ingérer. Le phytoplanton pourrait également se fixer dessus, mais pour l'heure aucune étude ne le démontre.

Selon l'association Marineland, des biomedias ont été retrouvé dans les déchets de ramassage de plage à Antibes, dans le cadre du programme Clean & collect mené par les bénévoles et dans une tortue morte autopsiée récemment dans la cadre du programme Obstortuemed. Il n'est pas prouvé que cette ingestion soit la cause de son décès.

La présence de ces OVNI qui ne le sont donc pas, pourrait être évité selon les défenseurs de l'environnement par la mise en place de filets ou de grilles sur les bassins notamment. Des moyens d’alertes rapides pourrainet aussi permettre de contenir une pollution plutôt que d’attendre sa dispersion en mer.

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