Des routes inondées en bord de mer, cela parle à tout un chacun. Un phénomène qui a tendance à s’accentuer. La cause : le mobilité du trait de côte. Des recherches sont réalisées en ce sens et des expériences menées dans les Alpes-Maritimes. Avec des résultats encourageants.
Notre littoral ne va pas bien. L’érosion des côtes se rappelle à notre bon souvenir régulièrement notamment lors des épisodes météorologiques "vagues submersion". Des dispositifs existent ou sont testés ici ou là pour essayer d’enrayer cette tendance naturelle encore accentuée ces dernières années avec le réchauffement climatique.
C'est notamment le cas sur les plages entre Antibes et Villeneuve-Loubet, où les galets s'invitent régulièrement sur la chaussée :
Ce jour-là, étrange spectacle sur la plage des Maurettes Vaugrenier.
Un à un des bambous sont retirés de l’eau. Ils avaient été immergés il y a trois ans pour constituer une barrière anti érosion et anti "vagues-submersion" de 3.000 mètres carré.
Le principe était de reproduire le mouvement de balancier des algues pour amortir l'effet des vagues et de la houle. C’est le Conseil départemental des Alpes-Maritimes qui avait mené cette expérimentation.
"On a bien remarqué que le trait de côte n’a pas avancé explique Marie Benassayag, déléguée à la mer et aux mobilités douces auprès du département. En d'autres termes cela signifie qu'il avance normalement d’un mètre par an : "Et on peut s’imaginer que dans dix ans on ait la mer sur la route. Là si on stoppe déjà c’est une belle avancée."
Tous ces efforts conjugués représentent un 1er grand pas pour récréer une protection naturelle de nos plages azuréennes, sécuriser et améliorer le trafic en bord de mer, mais aussi pérenniser notre biodiversité sous-marine #GREENDeal #REBAMB #AlpesMaritimes pic.twitter.com/ZnhBBxe2X9
— Charles Ange Ginesy (@ca_ginesy) February 8, 2018
Tout cela n’a pas enrayé le phénomène de vague submersion.
L’océanologue Pierre Farnole, directeur général de la société Biobamb précise : "on n’a pas encore la solution face à la submersion car la submersion c’est la mer qui se surélève par rapport à un niveau moyen et quand vous avez un mètre de plus la route est forcément menacée.
Changement climatique
Le spécialiste est alarmant :
il faut bien voir que dans le contexte actuel de changement climatique se manifestent des conditions atmosphériques beaucoup plus fréquentes et virulentes avec la houle et les vagues qui attaquent les rivages,
La situation est préoccupante en ce sens que des digues ne protègent plus de submersion, des structures rigides censées lutter contre l’érosion ont même pu entraîner l’effet inverse selon l’Observatoire des risques en PACA
Le rapport pointe du doigt le fait qu’avec les plages abaissées, la capacité des vagues diminuées a pour conséquence d'accroître la vitesse d’érosion et tendance à favoriser une montée des eaux plus rapides.
Quant à notre barrière de bambous, elle a eu des effets positifs inattendus résume Françoise Loquès, docteure en biologie marine à l'université Côte-d'Azur (Voir son étude sur des poissons intoxiqués par des anti-inflammatoires dans la mer Méditerranée).
Le conseil scientifique des îles de Lérins chargé de l'étude d'impact du dispositif sur les fonds marins a pu observer des bénéfices sur la biodiversité.
Les espèces sont arrivées rapidement ont colonisé les support, ça a commencé par des petites algues, des animaux et jusqu’à dernièrement au bout de trois ans on a pu voir des petits poissons se loger, c’était un feu d’artifice de couleur à chaque fois qu’on allait dans l’eau,
Vaste question
Mais la question du recul du trait de côte est plus vaste. Et les risques littoraux sont désormais qualifiés de majeur. Avec des conséquences lourdes sur la population et l’activité des habitants.
Il faut dire que les communes littorales de métropoles et d’outre-mer totalise huit millions d’habitants, c’est deux fois et demi la moyenne de la densité en métropole.
Au total, un million et demi d’habitants vivent en zone inondable. Quant au trait de côte c’est désormais une certitude selon un rapport du ministère de la transition écologique que la pression des activités humaines agit sensiblement sur le phénomène.
Avec un chiffre inquiétant : 22 % du littoral métropolitain recule du fait de l’érosion marine.
Enfin un risque de tsunami n’est pas à exclure. Ils sont déjà observés de près en outre-mer.
Des "épisodes" météorologiques largement causés de façon directe ou indirecte par la main de l’homme.