Le service des urgences de l'hôpital d'Antibes dans les Alpes-Maritimes enregistre jusqu'à 200 passages par jour - un record historique - contre 90 en temps normal. Les soignants, en sous-effectif à cause des départs en congés, n'arrivent plus à faire face.
Dans le couloir des urgences de l'hôpital d'Antibes, des patients attendent pendant des heures sur un lit d'appoint ou, quand ce n'est pas possible, sur un brancard. Les infirmiers et aides-soignants, trop occupés à prodiguer les premiers soins aux cas les plus graves, n'ont pas le temps de les prendre en charge.
"Les soignants ont le sentiment d'être à la limite de la maltraitance parce qu'ils n'arrivent pas à les soigner correctement, et ça, c'est quelque chose de très difficile à vivre pour eux", explique Eric Jorry, représentant syndical UNSA au centre hospitalier d'Antibes.
La faute à un afflux très important de patients cet été - jusqu'à 200 passages par jour, contre 90 habituellement. Et au manque de "lits d'aval", c'est-à-dire les lits sur lesquels on transfère les patients après leur passage aux urgences.
Résultat : les urgences sont engorgées et les soignants - en sous-effectif à cause des congés - n'en peuvent plus.
Eric Jorry a du mal à expliquer pourquoi ce phénomène s'est aggravé cet été.
Evidemment, il y a la saison estivale et l'arrivée des touristes, mais ça, on est préparé, il y aussi du personnel qui est parti en congé. Peut-être qu'avec la canicule, on a eu davantage de personnes âgées ?
s'interroge le représentant du personnel.
Souffrance des soignants
Toujours est-il que la situation est très éprouvante pour les soignants. "On est épuisés, confie Maéva Lanier, infirmière de nuit à l'hôpital. Ces gens, souvent une population vieillissante, restent pendant des heures sur des brancards et on ne peut pas toujours s'occuper d'eux, que ce soit s'ils ont besoin de soins d'hygiène ou s'ils ont des douleurs" s'alarme-t-elle.
"D'habitude, en fin de nuit à 7 h, il reste 3 ou 4 patients aux urgences. Là, on se retrouve avec 30 à 40 malades. Cela devient vraiment compliqué avec tout le flux qui arrive pendant la journée", raconte Anthony Manceau, infirmier.
Les syndicats craignent pour la santé des soignants. "Il y a un vrai danger du côté du personnel parce qu'il y a un phénomène d'épuisement, une démoralisation complète des agents donc un risque de fatigue voire de burn-out", alerte Anne-Laure Salaun, porte-parole de l'intersyndicale CFDT-Unsa pour le centre hospitalier d'Antibes.
Recrutement supplémentaire
Pour ne pas se retrouver dans la même situation que le CHU Pasteur II de Nice, qui a dû fermer son service d'urgence le 11 juillet face à l'affluence, les deux syndicats réclament l'embauche d'une infirmière et d'un aide soignant pour s'occuper de ces patients supplémentaires.
Pour désengorger les urgences, il faudrait également que les patients avec les pathologies les moins graves se dirigent vers les médecins de ville ou les cliniques privées.
C'est d'ailleurs la solution promue par l'Agence Régionale de Santé :
Depuis l'alerte lancée par le personnel, la direction explique avoir ouvert cinq lits. "On a aussi mobilisé des renforts aux urgences chaque fois que c'était nécessaire et on a également demandé aux médecins de décaler leurs opérations, dans la mesure du possible", explique Bastien Ripert, directeur de l'hôpital. Une réunion de crise continue d'être organisée tous les lundis pour trouver des solutions.