Inondations de 2015 à Biot et Antibes : les campings sinistrés se disent abandonnés

Le 3 octobre 2015, des inondations avaient causé la mort de 20 personnes sur la Côte d'Azur. Depuis, rien n'a vraiment changé pour les campings sinistrés, qui n'ont pas reçu d'indemnisation.

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Sept ans après, la plupart des campings inondés par un épisode méditerranéen le 3 octobre 2015 n'existe plus. Au camping des Frênes d'Antibes (Alpes-Maritimes), Diana Gustinelli, la gérante, a perdu toute son exploitation. Et a interdiction de recevoir de nouveaux campeurs.

"Je vis avec ma petite retraite, comme je peux, avec des privations", explique-t-elle.

Ce qui est très injuste, c'est que les indemnisations suite à des pertes de fonds de commerce ou des catastrophes naturelles, il y en a. Dans les Landes, certains propriétaires de camping parlent de reconstruire ou d'être indemnisés, de repartir. Nous, tout est interdit !

Diana Gustinelli, gérante du camping des Frênes (Antibes)

"Nous sommes totalement oubliés", poursuit la propriétaire antiboise. "Nous avons utilisé nos fonds propres pour nous défendre. Et pour ne rien obtenir à ce jour !"

Action en justice

Avec plusieurs propriétaires de campings alentours, elle a intenté une action en justice et demandé une indemnisation mais le tribunal administratif et la cour d'appel de Marseille ont tout rejeté, au motif qu'ils travaillaient en zone rouge.

Ce qui fait bondir l'avocat des gérants, Me Caminade : la cour a considéré que "l'aléa de l'inondabilité des terrains est tel que l'on savait et que l'on ne pouvait pas ignorer qu'un jour ou l'autre, ce serait inondé".

D'abord, on nous a laissé exploiter pendant 60 ans. Ensuite, on nous a poussé à investir dans les années 1980. Puis, on nous a délivré des autorisations administratives jusqu'en 2010 et, enfin, la commission de sécurité nous a délivré systématiquement des avis favorables. La veille des inondations, les avis étaient favorables !

Philippe Caminade, avocat de plusieurs propriétaires de campings d'Antibes

Aujourd'hui, trois des quatre campings déboutés poursuivent l'affaire devant le Conseil d'Etat. Avant de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme, s'ils ne sont pas entendus.

Une puissance de cours d'eau différente d'un département à l'autre

Même sentiment de désespoir au camping du Pylône. Ici, c'est le cours d'eau de la Brague qui a débordé la nuit du drame, en faisant une victime. Météo-France n'avait pas déclenché l'alerte rouge et les pouvoirs publics, pas donné d'ordre d'évacuation en temps voulu.

Aujourd'hui, ce camping a juste le droit d'exploiter 100 des 800 mobil-homes de l'époque. La propriétaire est prête à faire tous les aménagements de sécurité nécessaires, mais toutes ses solutions ont été refusées par la préfecture.

Il y a plusieurs façons de sécuriser le terrain : amarrer les mobil-homes, mettre sur pilotis... On a 36 solutions mais on ne veut pas les écouter !

Françoise Pauget, propriétaire du camping du Pylône (Antibes)

D'ailleurs, dans le Var, les campings en zone inondable ont pu continuer leur activité en construisant des refuges en hauteur et des hébergements sur pilotis.

La préfecture des Alpes-Maritimes n'a pas souhaité commenter la décision de justice. Elle explique que la puissance des cours d'eau dans le Var est sans doute différente pour les campings. Elle exclut toute nouvelle possibilité d'exploitation sur la zone d'Antibes et de Biot qui fait désormais l'objet d'une renaturation végétale.

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