Le groupe de maisons de retraite Orpea a été mis en examen pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires" après des inondations en octobre 2015 qui avaient coûté la vie à trois de ses résidentes noyées à Biot, a-t-on appris auprès des avocats des parties.
"Après plus de quatre ans, c'est une mise en examen aux forceps... et une bonne chose car on va enfin avoir accès au dossier. On a entendu beaucoup d'accusations qui étaient des contre-vérités et il y a peut-être d'autres responsabilités à rechercher", a indiqué à l'AFP Me Michel Valiergue, avocat d'Orpea, confirmant une information de Nice-Matin.
Le numéro deux français du secteur des maisons de retraite et des cliniques privée avait acquis l'établissement construit sur une zone à risque d'inondations modéré au tournant des années 2000.
L'ancienne maire sans étiquette de Biot, Guilaine Debras, a également été mise en examen en 2017 pour "homicide involontaire" par "violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".
Le dossier a depuis été repris en 2020 par une troisième juge d'instruction qui a indiqué à Me Valiergue vouloir boucler au plus tard d'ici début 2022.
"Un événement important"
Pour Me Philippe Soussi, avocat d'un proche d'une pensionnaire de 91 ans décédée, cette nouvelle "mise en examen est un événement important", même s'il faut encore attendre pour un renvoi devant un tribunal et une éventuelle date de procès.
Le soir du 3 octobre 2015, des habitants de la Côte d'Azur ont vécu l'apocalypse. Des trombes d'eau se sont abattues en deux heures, faisant au total 20 morts et causant plus de 600 millions d'euros de dégâts. Cet "épisode méditerranéen" a ravagé une étroite bande côtière et battu des records de précipitations à Antibes et Cannes.
A Biot, dont la célèbre verrerie a été entièrement détruite et rebâtie depuis, une vague d'eau et de boue avait déferlé dans un vallon et envahi par toutes les ouvertures le rez-de-chaussée de la maison de retraite du Clos Saint-Grégoire.
Une vingtaine de pensionnaires avaient été évacués du rez-de-chaussée par deux salariées, mais trois femmes, âgées de 82, 91 et 94 ans, avaient péri noyées. L'établissement, qui avait déjà connu un problème d'inondation dans le passé, est proche d'un canal d'évacuation des eaux de pluie.
Notre documentaire réalisé par Jean-Bernard Vitiello, Frédéric Tisseaux et Céline Espanol après ces inondations meurtrières :
La catastrophe a conduit à revoir la carte des risques inondations et à entreprendre le 24 mars 2021 la démolition d'un lotissement de 24 maisons.