Inondations : pourquoi le ruissellement des eaux pluviales lors des intempéries pose problème en Côte d'Azur

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A chaque épisode orageux important, les sations d'épuration débordent et les plages sont fermées. ©Coralie Becq, Frédéric Tisseaux, Fabrice Gras et Anne-Laure Mathuriau. France Télévisions

Lors des épisodes pluvieux intenses, dans plusieurs villes du littoral, le ruissellement des eaux pluviales pose un problème. Certains quartiers sont inondés et des plages sont régulièrement fermées. Deux exemples, à Antibes et Cannes.

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Depuis quelques années, les fortes pluies et les épisodes méditerranéens se multiplient, les mêmes conséquences, les mêmes dégâts se reproduisent. Ces grandes quantités de pluie qui tombent en un temps très court, inondent les quartiers, emportent tout sur leur passage, et se retrouvent dans la mer, ce qui entraîne la fermeture des plages, la plupart du temps.

Comment réagissent les communes le plus souvent concernées ? On fait le point.

À Antibes, il faut (encore) séparer les eaux usées et les eaux pluviales

Dans certains secteurs de la commune d'Antibes, durant les orages les plus importants, le débit des canalisations de collecte a pu être multiplié par trois.  Pour Gérard Brucker, directeur de l'assainissement de la Communauté d'Agglomération Sophia-Antipolis (CASA), le constat est clair. "Les réseaux d’assainissement d’eaux usées sont dimensionnés pour ne recevoir que les eaux usées et non pas, des surplus d’eau, par temps de pluie. Cela met en charge tous les réseaux, les stations d’épuration n’arrivent pas à traiter le surplus. Soit ça déborde sur la chaussée, soit ça va en mer par des systèmes de vannes."

Car tout le monde ne le sait pas forcément, mais les eaux usées et eaux pluviales doivent impérativement être séparées. L'article 42 du Règlement sanitaire départemental des Alpes-Maritimes  précise : "l'évacuation des eaux pluviales et des eaux usées doit pouvoir être assurée en permanence. Il est interdit de rejeter des eaux-vannes dans les ouvrages d’évacuation d’eaux pluviales et réciproquement". En cause, les mauvais raccordements réalisés lors de ces dernières décennies, probablement dû à une urbanisation galopante.

À l’heure actuelle, les orages sont intenses et de courte durée, le problème, c’est qu’on reçoit trop d’eau. À un moment, on n’y arrive plus. Si tout le monde était bien raccordé, il n’y aurait pas de problème.

Gérard Brucker, Directeur de l'assainissement de la CASA

à France 3 Côte d'Azur

Face à ce constat, la Communauté d'Agglomération de Sophia-Antipolis a entrepris une évaluation complète des 400 km de canalisations présentes sur son territoire  "On analyse déjà les secteurs où on a beaucoup de débit par temps de pluie qui nécessitent des investigations. On repère les anomalies des personnes qui ne sont pas raccordées, privées ou publiques". Les propriétaires publics et privés devront alors faire le nécessaire. Cela va nécessiter de (très) nombreuses années avant que le réseau de la CASA ne soit complètement inspecté. Aucune date n'est pour l'heure avancée.

À Cannes, on veut aider la pluie à circuler, la stocker et la traiter

Le lundi 23 septembre, en moins de 30 minutes, un torrent de 70 cm de hauteur s'est mis à dévaler le boulevard de la République à Cannes. Un niveau proche celui atteint lors des inondations de 2015.

Pourtant, ici, on a massivement investi ces dernières années. Il faut savoir que Cannes repose sur un réseau de petits vallons, comme le montre cette carte ci-dessous.

La commune doit également gérer la pluie tombée chez sa voisine, Le Cannet, et qui ruisselle sur son territoire.

Elle a alors le souci d'augmenter la capacité d'écouler les eaux de ruissellement. 

Historiquement, les vallons étaient équipés de prise d’étiage. Ces prises d’étiages ont été modernisées au fil du temps. Les capacités ont été majorées.

Arnaud Robini, Chef de service travaux réseaux à la communauté d'agglomération Cannes Pays de Lérins

à France 3 Côte d'Azur

Mais, à peine oubliées, les images du boulevard de la République, dévasté, sont revenues hanter ses habitants, le 23 septembre dernier. Pourtant, la commune a pris des mesures. Depuis 2014, la colline de la Californie qui se déverse sur le boulevard de la République, a été "sanctuarisée" et un bassin de rétention pouvant stocker 4000 m³ d'eau a été créé, impasse Nouvelle.

Une "débétonisation" affirme Thierry Migoule, le directeur de cabinet de la ville de Cannes. Quant au vallon de La Foux qui jouxte ce boulevard, il fait l'objet de toute l'attention municipale. "Le vallon de La Foux est en plein centre-ville, il est entre les maisons, il est parfois souterrain (...) on ne peut pas l’élargir" poursuit le directeur de cabinet.

On a fait en sorte que l’eau puisse circuler librement dans ce vallon, on a installé des filets pour retenir les gros macro-déchets, on a nettoyé tous les vallons à proximité pour ne pas créer d’embâcles qui sont à l'origine des vagues déferlantes qui emportent tout sur leur passage, lorsqu'ils cèdent sous la quantité d'eau.  Thierry Migoule, directeur général des services de la ville de Cannes

Thierry Migoule, directeur de cabinet de la ville de Cannes

à France 3 Côte d'Azur

Confrontée à de nouveaux défis, Cannes modernise également son réseau. Des travaux XXL, le long de la Croisette.

Les investissements réalisés par l’agglomération (à hauteur de 40 millions d'euros) consiste en la création d’une canalisation de plus de 2 km, au droit de la Croisette. Ces ouvrages vont augmenter la capacité de stockage dans les réseaux.

Aurélien Béhague, Directeur du cycle de l'eau communauté d'agglomération Cannes-Pays de Lérins

Et après les grosses pluies, pas de plage !

Après de très fortes pluies, les Azuréens sont régulièrement privés de plages durant quelques jours. Même en plein été ! Mais pourquoi ? La forte inclinaison du relief sur le littoral des Alpes-Maritimes, amène les ruissellements sur les surfaces souillées des villes et les éventuels reflux des eaux usées, très rapidement dans la mer, chargés de nombreuses bactéries.

Le ministère de la Santé explique, sur son site, que cela peut provoquer une pollution microbiologique des eaux de baignade, qui est essentiellement d'origine fécale. En cause principalement, les eaux usées provenant des habitations, mais également les déjections animales présentes en milieu urbain et sur quelques sites d'élevage. 

Et même si les troubles de santé liés à la qualité microbiologique de l'eau sont généralement assez bénins (ex : gastro-entérites, affections de la sphère ORL), les communes préfèrent ne prendre aucun risque et interdire les plages au public, le temps de vérifier la qualité de l'eau.

Le 5 septembre dernier, à Antibes, suite à de violents orages, plus d'une dizaine de plages ont été interdites au public. Sur les réseaux, la municipalité expliquait : "la surcharge hydraulique des réseaux a entraîné des délestages préventifs dans le milieu".

D'où l'intérêt, de dépolluer les eaux pluviales, ce qui n'est pas à première vue une évidence ! Par exemple, à Cannes, lorsque les eaux pluviales atteignent la station d’épuration, elles subissent trois étapes de traitement. La première enlève ce qu’on appelle les « gros déchets », le sable et la « graisse ». Ensuite, des bactéries viennent dégrader la pollution qu'’il y a dans l’eau. La dernière étape est l'ultrafiltration.

Avec les membranes de l’ultrafiltration, on est capable de retenir une très grande partie des bactéries et des virus qui sont dans l’eau, et de renvoyer une eau de très grande qualité en Méditerranée.

Charlène Noble, Responsable de station d’épuration chez Suez

On peut alors se mettre à imaginer que dans un futur, plus ou moins proche, la pluie qui ruisselle sur les trottoirs et les routes ne se jettera plus directement dans la mer avec son lot de déchets et ses potentielles bactéries Quand ?

Personne ne peut le dire.

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