Quatre ans après la tempête Alex, les habitants vivent toujours dans l'inquiétude dès que les pluies sont trop importantes. Témoignages dans la Vésubie et la Roya, des vallées très touchées par des inondations et des glissements de terrain. Le 2 octobre 2020, 18 personnes avaient perdu la vie.
Impossible d'oublier le 2 octobre 2020. Les habitants sont encore traumatisés par la tempête Alex, un cataclysme hors norme, suivi trois ans plus tard par la tempête Aline.
Les habitants croisés à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes) se souviennent du bruit de cette eau en furie. Une dame s'interroge encore : "D'où elle venait cette eau marron ? Je peux vous garantir que le bruit de l'eau il est encore dans la mémoire et le fracas des bois, des cailloux, des gros rochers qui roulaient comme si c’étaient des billes, on ne peut pas oublier ! "
Dans le petit village de montagne de 1 394 habitants, la vie semble avoir repris son cours.
"On n'oubliera jamais !"
Sur l'avancée des travaux, une autre habitante se montre compréhensive : "on a aussi beaucoup d'espoir pour l'avenir, pour que les choses rentrent dans l'ordre. Les travaux ne sont pas finis, il y a plein d'accès qui restent à faire, mais ça prend du temps vu l'ampleur des dégâts." Elle ajoute : "on n'oubliera jamais !"
Un groupe de personnes discutent ensemble près de la place principale. "On a toujours un peu peur quand il y a les gros orages !" Un retraité ajoute : "Surtout quand on voit les torrents sortir de leur lit, on balise un peu quand même !" Le maire de la commune se montre positif.
Saint-Martin est en pleine renaissance, on a des nouveaux commerces qui sont installés, les enrochements se poursuivent entre le pont Maïssa et le pont de Venanson de façon formidable. En ce moment il y a de gros travaux engagés.
Yvan Mottet, maire de Saint-Martin-Vésubie,à France 3 Côte d'Azur
L'élu précise : "aujourd'hui, on ne fait plus de travaux provisoires, on fait des enrochements. C'est long mais c'est le problème de ces tempêtes."
Actuellement, la gendarmerie, qui avait été entièrement emportée par la Vésubie, est en cours de reconstruction. Les ponts de Venanson et Maïssa seront complètement refaits et seront peut-être terminés fin 2026.
Ces constructions prennent du temps mais elles qui sont la seule solution pour protéger durablement habitants et maisons des intempéries extrêmes. Jean-Noël Bareau habite au niveau du passage à gué, au-dessus du lac du Boréon depuis 20 ans. Avec sa femme, ils ont déjà été évacués trois fois par précaution alors que son chalet est situé en hauteur.
En 2020 pour la tempête Alex, en 2023 pour la tempête Aline et le 24 juin 2024, au moment des fortes pluies. Il précise : "Deux fois en hélicoptère et la dernière fois avec le camion des pompiers, à 2 heures du matin."
Près du Boréon, il observe le ballet incessant d'une pelleteuse et dénonce des travaux provisoires.
Tout est provisoire, il y a trois, quatre buses pas assez calibrées pour supporter une prochaine crue. En juin, il a suffi d'un peu de pluie et de fonte des neiges pour que l'eau passe par-dessus. Tant qu'ils feront du remblai, ça ne suffira pas ! Tant que ce sera du provisoire, on ne sera pas protégés ! Même les ouvriers n'y croient pas. À la prochaine crue, tout partira !
Jean-Noël Bareau, habitant du BoréonFrance 3 Côte d'Azur.
Mais malgré les risques, la plupart des habitants ont décidé de rester vivre dans la Vésubie.
"Paul, il est là dans nos cœurs"
Dans la vallée de la Roya, à Vievola, une messe a eu lieu en mémoire du berger Paul Giordano décédé lors de la tempête Alex. Le maire de Tende, Jean-Pierre Vassallo, a assisté à la messe en présence des proches et des habitants.
"Aujourd'hui, c'était très important de rendre hommage à Paul, de se retrouver à Vievola pour ne pas oublier ce qui s'est passé parce que, pour nous, la blessure est encore ouverte. Pour nous, Paul, il est là dans nos cœurs. Il est toujours présent." Robert, un ami du berger, présent à la cérémonie, affirme :"C'est émouvant parce qu'il y a beaucoup de souvenirs qui reviennent."
Pour le maire de Tende, l'épisode de la tempête Alex est loin d'être terminé. Il liste tout ce qu'il reste à faire : les berges n'ont pas été refaites le long de la Roya, 50 maisons vont être détruites sur la commune, soit 80 logements. Plus difficile pour les familles : le cimetière de Saint-Dalmas-de-Tende n'a pas encore été reconstruit, il y a encore 70 corps au crématorium de Nice.
Très affecté, il affirme : "on est toujours dans la plaie ouverte, on n'a pas encore pu tourner la page, la souffrance est toujours là !"
Deux pompiers sont aussi morts en intervention pendant les intempéries dans la Vésubie : le commandant Bruno Kohlhuber et le sapeur-pompier de première classe Loïc Millo.
"On est toujours marqués par ce drame"
Le clocher résonne. Les habitants continuent à discuter, peinent à se séparer. Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya qui a vu sa commune dévastée par la tempête, explique : "on n'oublie pas les 18 personnes qui ont perdu la vie. Finalement, on est un seul et même territoire. (...) Quatre ans après, on est toujours marqués par ce drame."
Béatrice, une habitante de Tende reconnaît une certaine angoisse et la peur que ça recommence en cas de pluie. Mais elle explique que "ça a bien avancé, les travaux ont été faits rapidement et maintenant on essaye de mettre un petit peu ça derrière nous."
Preuve d'une certaine résilience dans ces villages, l'année prochaine, les routes devraient être terminées. Un soulagement pour les habitants qui subissent un chantier colossal. En revanche, il faudra patienter encore un peu pour les infrastructures sportives.
Mais pour le maire de Breil-sur-Roya, un immense chemin a été parcouru depuis les immenses dégâts causés le 2 octobre 2020.