Le Marineland d'Antibes est menacé par l'interdiction prochaine des cétacés dans les zoos, votée à l'Assemblée nationale. Son directeur regrette un projet "biaisé" dont les soigneurs, le travail scientifique et même les animaux risquent d'être les "laissés pour compte".
Plus de dauphin sautant dans un cerceau ? Plus d'otarie jonglant avec son museau ? Plus de photo devant la piscine des orques ? Les delphinariums sont en train de devenir une espèce en voie de disparition. Sans surprise, l'Assemblée Nationale a voté vendredi 29 janvier, le projet de loi sur la maltraitance animale, signant ainsi la fin des ces pars animaliers. Une loi portée par le député LREM, Loïc Dombreval qui a posté son discours devant l'assemblée sur Facebook :
Dès 2022, les parcs français ne pourront plus détenir d’orques, une interdiction qui concernera ensuite les dauphins à partir de 2027.
Reproduction naturelle en milieu zoologique
Adopté notamment avec les voix de deux députés élus d'Antibes et Vence, Eric Pauget (LR) et Loïc Dombreval (LREM, rapporteur du texte), le texte contre la maltraitance animale prévoit l'interdiction prochaine de détention d'animaux sauvages dans les delphinariums. Il proscrira aussi la reproduction naturelle en milieu zoologique dès son entrée en vigueur.
Il doit encore être examiné au Sénat. Une décision saluée par les associations de défense des animaux et notamment "C'est assez" qui salue "une grande victoire à l'assemblée :
Réponse en forme de riposte du parc Marineland d'Antibes : "Nous ne devons pas être les laissés pour compte d'une décision si peu éclairée", a souligné Pascal Picot, directeur général du site. C'est un coup dur pour le plus grand parc zoologique marin d'Europe. Marineland existe depuis 1970, sur 26 hectares en bord de mer méditerranée. Il abrite notamment 4 orques et 12 dauphins. Le directeur de Marineland le déplore :
Avec ce texte tel qu'il est, dans deux ans, il n'y a plus d'orque en France, ni de dauphins dans sept ans", (...) "le débat n'a rien de rationnel et tient de l'affichage politicien (...) On n'a pas du tout été associé au texte.
Enclos en mer ou dans les parcs
Il reproche à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili d'avoir "montré peu d'intérêt (...) à prendre en compte les informations scientifiques concernant les cétacés en provenance des zoos français" et "cela a conduit à une compréhension biaisée de la situation". L'idée des associations de replacer les cétacés détenus par les parcs dans des enclos en mer reste floue selon lui :
On n'arrive pas à comprendre la différence entre un enclos marin et nos enclos dans les parcs avec des soigneurs et des vétérinaires".
Pourtant, le directeur n'est pas hostile à l'idée d'explorer cette piste des enclos marins. Des enclos qui pourraient héberger les dauphins sauvages "en vue de leur réhabilitation puis de leur libération". Problème : où seront situés ces sanctuaires marins ? Qui payera les aménagements ?
Transférer ces mammifères marins
Trouver un lieu pour transférer des orques d'ici deux ans, cela semble être mission impossible. Avec un risque : les propriétaires du parc (le groupe espagnol Parques Reunidos) pourrait se désengager de son activité et transférer ces mammifères marins dans des parcs à l'étranger qui n'ont pas la même législation. Parques Reunidos exploite 60 actifs parcs de loisirs en Europe, Amérique du Nord, Moyen-Orient et Australie.
Moteur touristique
Avec cette interdiction se pose la question des compensations financières. Marineland est un important gisement d'emplois et un moteur touristique. Ses retombées économiques sont évaluées à 97,9 millions d'euros en 2019. Pascal Picot renchérit :
Nous attendons des mesures fortes de la part du gouvernement pour assurer l'emploi et l'accompagnement des scientifiques, des soigneurs animaliers, des vétérinaires et des équipes qui consacrent leur vie aux cétacés.
Le parc a connu une fréquentation "correcte" pendant l'été 2020 mais il subit son 7ème mois de fermeture depuis le début de la crise Covid-19.