L'eau de Biot dans les Alpes-Maritimes est redevenue conforme à une utilisation sans restriction, ce 31 août. Celle des communes d'Antibes, La Colle-sur-Loup et Roquefort-les-Pins doit néanmoins toujours être purgée avant d'être consommée, à cause de la présence de plomb et nickel. On fait le point.
Faudra-t-il, encore se méfier de l'eau qui coule ? Des semaines après l'annonce de la contamination de l'eau potable en plomb et en nickel à Antibes et La Colle-sur-Loup (et près de deux mois pour Roquefort-les-Pins), la situation "évolue favorablement" mais n'est pas encore réglée au 31 août, indique la ville d’Antibes Juan-les-Pins dans les Alpes-Maritimes.
Seuls les habitants de Biot peuvent à ce jour, à nouveau, consommer l'eau du robinet sans aucune précaution, indique-t-on dans un communiqué.
Les traitements menés par la Casa (Communauté d'agglomération Sophia-Antipolis) et Veolia ont ainsi "permis un retour à une situation tout à fait conforme de la qualité de l’eau potable".
Mais, "la fin des restrictions de consommation d'eau est envisagée d'ici la fin de la semaine" pour les communes d'Antibes, La Colle-sur-Loup et Roquefort-les-Pins, assure Olivier Moulinas, directeur des opérations des Alpes-Maritimes à Véolia.
Les communes concernées :
Que faire ?
En attendant, il faudra continuer de laisser l'eau s'écouler pendant au moins deux minutes avant de l'utiliser par précaution.
En effet, c'est lorsque l'eau stagne dans les branchements qu'elle se charge en métaux lourds. Une fois le robinet ouvert et "premier jet" passé, les valeurs de plomb et nickel redeviennent normales dans l'eau courante.
"L'eau est un produit extrêmement surveillé"
Pour rappel, la présence de plomb et de nickel est expliquée par le pH de l'eau, qui a été déséquilibré.
Celle-ci devient "agressive", ce qui n'est, en soi, pas dangereux pour la santé. Mais son acidité et sa dureté font qu'elle peut dissoudre le calcaire et le tartre présents dans les canalisations, la robinetterie, les soudures, etc. Elle provoque ainsi la corrosion des métaux présents dans ces équipements et les transporte jusqu'au robinet et au final, jusque dans votre verre.
Veolia n'explique toujours pas la raison de ce changement soudain de pH, jamais observé auparavant dans le secteur. Deux hypothèses sont néanmoins avancées : ce pourrait être une conséquence de la tempête Alex, ou un déplacement d'une nappe phréatique d'eau salée qui aurait pu se mélanger avec celle où est principalement puisée l'eau des quatre communes
"L'investigation est en cours, mais est complexe, car elle nécessite des observations souterraines", ajoute Olivier Moulinas. "Notre priorité a été de d'abord retrouver la conformité de l'eau". Pour ce faire, Veolia injecte de la soude, qui rééquilibre le pH de l'eau et la rend moins corrosive, plus douce.
C'est seulement lorsque les analyses témoignent d'une conformité sur la durée que l'eau peut redevenir propre à la consommation. Olivier Moulinas tient à rappeler que "l'eau est un produit extrêmement surveillé", et ce, par des parties différentes (gestionnaires du réseau public ou privé, ARS...). > Les résultats des analyses du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine sont disponibles en ligne.
Présence de plomb et de nickel dans l'eau à Biot, Antibes, La Colle-sur-Loup et Roquefort.
— France 3 Côte d'Azur (@F3cotedazur) September 2, 2021
Olivier Moulinas, directeur des opérations des Alpes-Maritimes à Véolia fait le point. https://t.co/gkFgX6rRDv @Veolia_FR @antibes_jlp @collesurloup @roquefort06330 @VilledeBiot pic.twitter.com/34AbYrEp3B
Il ajoute que, en deux mois, plus de 600 analyses ont été effectuées sur le réseau concerné par les niveaux trop élevés de plomb et de nickel.
S'il y a un quelconque problème, il est détecté entre 24 h et 48 h, le temps de recevoir les résultats des analyses chimiques et bactériologiques.
Une centaine de branchements en plomb restante
Néanmoins, il n'y a qu'une seule solution sur le long terme pour éviter un nouveau dépassement dans les niveaux de plomb et de nickel : remplacer les canalisations.
A savoir que les canalisations comportant des métaux lourds ne sont pas interdit, mais réglementés. La loi française suit la directive européenne 98/83/CE du 3 novembre 1998 (revue en 2013), qui dispose que la teneur en plomb au niveau des robinets ne doit pas excéder 10 microgrammes par litre d'eau. Concernant le nickel, la limite est fixée à 20 microgrammes par litre d'eau.
Des programmes de remplacement des branchements publics en plomb ont été mis en place dans toute la France ces dernières années. Mais certains éléments isolés et difficilement repérables n'ont pu être changés.
Ainsi, dans les Alpes-Maritimes, il subsisterait encore une centaine de branchements en plomb sur le réseau public. Le nickel, lui, est présent exclusivement dans la robinetterie des particuliers.
Si les éléments se trouvent sur le réseau public, c'est au gestionnaire de les remplacer."De nombreux sondages, remplacements de canalisations et branchements ainsi que de fréquentes analyses vont continuer à se dérouler ces prochains mois" par les services de la Casa et de Veolia, écrit ainsi la ville d’Antibes Juan-les-Pins dans son communiqué, "pour éviter toute répétition de ce phénomène".
Pour le cas des installations privées, dans des maisons ou des immeubles, "il vous appartient, en lien avec votre syndic si nécessaire, de vérifier vos installations et, si cette présence est avérée, de faire appel à un plombier qui se chargera de les supprimer", à vos frais.
Olivier Moulinas ajoute que Veolia serait actuellement en discussion avec la Casa. Un projet serait "à l'étude" pour réduire le coût de la facture d'eau des usagers concernés par la purge de deux minutes.