Les auteurs du pillage d'une épave du IIe siècle avant Jésus-Christ ont été interpellés. Selon nos informations, il s'agit de deux Antibois connus dans le milieu de la plongée. Ils ont reconnu les faits et disent agir par passion.
Suite au pillage d'une épave au large de Cannes, une affaire révélée en avril dernier, une opération judiciaire s’est déroulée lundi 9 mai. Elle a conduit à l’interpellation de plusieurs suspects dans différentes communes des Alpes-Maritimes.
Trois personnes, dont deux Antibois, le père et son fils, bien connus dans le milieu de la plongée ont été entendu. Ils ont reconnu les faits lors de leur garde en vue et audition au bureau de la gendarmerie maritime à Nice.
L'un d'eux, interviewé ce 18 mai par France 3 Côte d'Azur nous a précisé que pour lui, "c'est l'histoire qui prime et non l'aspect trophée comme indiqué dans la presse."
C'est par passion, sans aucun but lucratif et non pour de la revente que nous avons plongé. Pour moi, c'était magique de pouvoir toucher des pièces de plus de 2000 ans d'histoire.
L'un des auteurs des faits.
Agent de la ville d'Antibes, il nous a précisé avoir pris un avocat.
68 amphores étaient encore en leur possession dans leur garage, chacune pour une valeur d'environ 2000 euros. A total : 24 amphores cassées, 64 cols d’amphores, 4 tuiles antiques, et divers fragments d’amphores, de céramiques antiques et modernes sont mis au jour.
Dans le cadre de l’enquête, sont également saisis 2 bateaux ainsi que du matériel de plongée ayant servi à la commission des faits.
A l’issue de leur audition, les personnes interpellées ont été remises en liberté dans l’attente des résultats des investigations en cours. Des analyses complémentaires se poursuivent pour confirmer l’origine des amphores saisies et leur destination nous ont précisé les gendarmes dans un communiqué ce 18 mai.
Selon une autre source, leurs agissements avaient déjà éveillé les soupçons avant même le pillage de l’épave du Fort Royal 1 située à une vingtaine de mètres de profondeur au large de Cannes dans les Alpes-Maritimes.
Une "opération structurée de pillage", c'est en ces mots que le DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) avait dénoncé les faits.
Le parquet du tribunal judiciaire de Marseille n'a pas pour l'heure souhaité répondre à nos questions. L'enquête a été menée par la brigade de recherches de Marseille ainsi que celle de Nice.
La qualification de "vol d'un bien culturel relevant du domaine public mobilier" pourrait être retenue contre ces plongeurs collectionneurs qui risqueraient alors jusqu'à 10 ans de prison.
Découvert en 2017 au large des Îles de Lérins
Le navire avait été découvert en 2017 au large des Îles de Lérins. À son bord des amphores, traces du passé qui devaient permettre aux archéologues de mieux connaître l'histoire. Un trésor, qui a également attiré des convoitises.
Les amphores ont été confiées au DRASSM afin d’être conditionnées et préservées. Il s’agit d’une saisie majeure tant par son volume que par sa valeur, le prix à la revente d’une amphore est estimé à 2000 euros l’unité.
"On a vraiment perdu une part du site avec ce pillage. En fonction du fragment qu'ils ont réussi à extraire, on perd une pièce du puzzle, on ne l'inventera pas..."
Sybille Legendre, responsable des opérations en archéologie sous-marine à la Métropole Nice Côte d'Azur le 5 mai.