Le ministre de l'Intérieur a interrompu ses vacances sur la Côte d'Azur pour rencontrer ce matin les acteurs locaux de la sécurité, à Antibes et à Cannes, 2 thèmes d'actualité à cette visite : la série noire des noyades et les vols de bijoux.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, en visite sur des plages ou chez des bijoutiers-horlogers de Cannes, a répété qu'il donnait "la priorité à la sécurité" sans toutefois faire de nouvelles annonces dans la cité frappée par deux retentissants braquages.
"Cannes, et plus globalement la Côte d'Azur, est une destination touristique reconnue, prestigieuse, dont la réputation dépasse très largement nos frontières. Cannes est une des belles images de notre pays et donc la sécurité des commerçants cannois, des habitants de cette ville, des touristes français comme étrangers, doit être
une priorité", a déclaré le ministre, qui a interrompu pour quelques heures ses vacances dans la région.
M. Valls a rappelé que "chaque année les forces de l'ordre adaptent leur dispositif pour l'été". Ainsi, 4.750 policiers et gendarmes sont déployés en renfort sur l'ensemble du littoral (dont 143 à Cannes et Nice). En outre un nouveau plan de sécurisation des zones touristiques est testé depuis la mi-juin à Paris, Bordeaux, Nice et Cannes.
Les deux récents braquages sur la Croisette de Cannes (le vol d'une centaine de montres d'une valeur d'un million d'euros et celui de bijoux exposés dans un hôtel représentant un butin d'anthologie de 100 millions d'euros) "ne doivent pas faire oublier l'ensemble de ces efforts déployés", a plaidé M. Valls.
Le ministre s'est surtout félicité de la "nouvelle instance" qui sera instaurée à Cannes sur le modèle du comité Vendôme créé en 1936 par les professionnels du luxe du secteur de la place Vendôme à Paris. Elle constituera "un lieu d'échange des bonnes pratiques et d'information", a-t-il souligné.
Sous un soleil de plomb, le ministre s'est promené pendant une heure à Cannes, en saluant sur la Croisette des CRS faisant partie d'une compagnie de douze personnes venues en renfort après les deux derniers braquages.
"Cela permet d'assurer une présence, de rassurer", a glissé le ministre avant de cibler une plage surveillée par des maîtres nageurs sauveteurs (MNS) également issus des rangs des CRS.
"Il faut garder les CRS. Il est hors de question de se désengager", a-t-il déclaré aux sauveteurs présents, en promettant de "reconstituer un stock d'hommes et de femmes" mis à mal par des suppressions de postes du gouvernement précédent.
"La verbalisation s'il faut la renforcer , on pourra la renforcer. Il faudra qu'on examine après toute cette période, la tête froide, quelles sont les dispositifs qu'on peut améliorer", a précisé le ministre, tout en soulignant que le nombre de noyés était stable depuis une dizaine d'années (environ 500 sur la période estivale
du 1er juin au 30 septembre).
Une centaine de décès par noyade ont été recensés en France depuis le début de l'été.
Le ministre a aussi fait deux haltes chez des bijoutiers-horlogers, dont la boutique "Julian" qui a pignon sur rue depuis 150 ans à Cannes et s'est munie d'un sas de sécurité après avoir connu de nombreux vols. "Le sas c'est très bien, mais il reste la formation des personnels des bijouteries. On n'est pas infaillibles", a expliqué
l'un des gérants. "Une ou deux fois par an, un ancien membre du KGB vient nous apprendre comment jauger quelqu'un devant la porte", a-t-il précisé.
A la sortie, le ministre a prévenu que les Français ne devaient pas "se tirer une balle dans le pied" en médiatisant à outrance les braquages de Cannes, ville clef de l'économie du luxe. "Les braquages, malheureusement, il y en a dans beaucoup d'autres pays", a-t-il souligné.
Chez l'horloger de luxe Kronometry, qui s'est fait braquer mercredi, mais n'a pas reçu de visite ministérielle, on estimait mardi que "rien n'est fait pour sécuriser la Croisette qui ne fait qu'un kilomètre alors qu'il suffirait de quatre voitures de patrouille".