Dès le 15 décembre prochain, après des années d'attente, la fréquence de passage des TER entre Cannes et Menton va doubler. La première étape concrète de l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire en région Paca, qui devrait se poursuivre en juin avec l'arrivée du nouvel opérateur Transdev sur la ligne Marseille-Nice.
Il y a eu les longues années d'attente, puis le test grandeur nature du 26 septembre dernier, qui avait quelque peu chamboulé les usagers. Mais ça y est, dans un mois, le 15 décembre, la fréquence de passage des TER sur les lignes les plus chargées de la Côte d'Azur va doubler. Sont concernées les liaisons entre la gare des Arcs-Draguignan et Nice, et entre Grasse et Menton/Vintimille.
Concrètement, il y aura désormais "un train au quart d'heure" sur le tronçon central du réseau azuréen, entre Cannes et Menton, promet la Région. Une cadence qui sera tenue en semaine de 5h45 à 22h. Sur les sections et pour les gares desservies par un train sur deux, qui voient actuellement passer un train par heure en général, la desserte sera là aussi doublée, de quoi assurer un bien meilleur service.
Cela concerne par exemple la ligne Cannes-Grasse, ainsi que les gares de Golfe-Juan Vallauris, de Biot, de Villeneuve-Loubet, et de Cros-de-Cagnes.
La région l'assure, tout va s'améliorer sur la Côte d'Azur, notamment grâce au nouveau centre de maintenance situé dans le quartier Saint-Roch à Nice. Jusqu'à présent, les trains allaient régulièrement à Marseille pour certaines opérations de maintenance.
Jean-Pierre Serrus, le vice-président (EPR) de la région en charge des transports et de la mobilité durable, promet une augmentation de l'offre "de 75%" au total, ainsi que davantage de trains longs aux heures de pointe. Il se dit "prêt à appuyer sur le bouton", sans crainte particulière à un mois du lancement.
Ce n'est pas parce qu’on augmente le trafic qu’on risque de créer la panique
Jean-Pierre Serrus,Vice-président (EPR) de la région en charge des transports et de la mobilité durable
Une hausse du trafic liée à l'ouverture à la concurrence
À l'origine de ce grand remaniement, l'ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire, qui signe la fin du monopole de la SNCF sur le trafic des voyageurs. La région Paca a été la première à lancer des appels d'offres dès 2020, puis à attribuer l'exploitation d'une ligne de TER à une autre compagnie que l'opérateur public en 2021.
Alors si pour les usagers la date du 15 décembre correspond surtout au doublement de l'offre, en coulisses, elle marquera surtout le jour un de la nouvelle filiale de SNCF Voyageurs, "SNCF Sud Azur", qui exploitera tout le réseau TER autour de Nice.
C'est en effet la compagnie historique qui a réussi à conserver l'exploitation des lignes sur la Côte d'Azur, y compris la ligne Nice-Tende qui rouvrira en décembre 2025. Cette nouvelle filiale est surtout née dans l'optique de l'arrivée imminente du premier opérateur privé dans la région, Transdev.
La ligne Marseille-Nice passera sous l'égide de Transdev le 29 juin 2025
Car ce 15 décembre 2024 ne sera que la première étape de cette petite révolution qui attend les usagers du réseau TER de la région. La prochaine étape est prévue pour la fin juin, avec le début de l'exploitation de la ligne dite "Intervilles" Marseille-Toulon-Nice, via Les Arcs-Draguignan, Cannes et Antibes, par Transdev. Cet opérateur ferroviaire était déjà présent en France pour l'exploitation de réseaux de transports en commun urbains, mais c'est la première fois qu'il s'apprête à exploiter une ligne de train sur le territoire.
À l'approche de l'échéance, la création d'une filiale de l'entreprise dédiée à l'exploitation de cette ligne, qui représente 10% du trafic régional, a été annoncée. C'est donc Transdev Rail Sud Inter-métropoles qui sera chargée de la gestion des 16 nouveaux trains flambant neufs à double étage commandés à Alstom, pour remplacer les actuels trains Corail usés par des dizaines d'années de service.
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Reste à savoir si le nouvel opérateur arrivera à obtenir un nombre suffisant de ces rames flambant neuves pour l'ouverture prévue le 29 juin 2025.
Auprès de Ville Rail & Transports, Alstom s'est dit "sûr d'en livrer sept" avant la date butoir, tandis que Transdev estime avoir besoin de 11 trains pour faire tourner la ligne en respectant ses engagements.
Autre problème en vue, le nombre de conducteurs pourrait être insuffisant pour lancer la ligne en juin. Un rapport de la Cour des comptes publié en septembre dernier relevait que "seuls 27 agents" de la SNCF, "sur 163 se sont portés volontaires pour rejoindre Transdev".
L'institution concluait alors que "les conditions du transfert des personnels paraissent, à ce stade, insuffisamment précises pour garantir à un opérateur entrant que les besoins de l’exploitation seront satisfaits".
De quoi laisser planer le doute sur la capacité de Transdev à gérer l'exploitation de la ligne au début de l'été, période où elle est la plus chargée. L'entreprise déclare "être dans les temps".
La CGT dénonce des "effets d'annonce" pour promouvoir la concurrence
Du côté des syndicats du ferroviaire, on se félicite pour l'affluence dans les trains, qui a poussé la région à augmenter le nombre de trains en circulation, "ce qui est demandé depuis des années par les organisations syndicales". Pourtant, invité dans l'édition ICI 12/13 de France 3 Côte d'Azur ce jeudi 14 novembre, le secrétaire général de la CGT cheminots à Nice, Olivier Gourmet a estimé que "la privatisation n'annonçait rien de bon".
⬇️ L’ouverture à la #concurrence dans les trafics voyageurs #SNCF ne va pas améliorer le service public et va augmenter le prix des billets.
— SUD-Rail Fédération ⏚ (@Fede_SUD_Rail) November 12, 2024
⏭️ Ce week-end, plusieurs économistes l’ont affirmé et confirment notre analyse #syndicale.
✅ Notre combat est pour l’intérêt général. pic.twitter.com/MCCbuukyZj
"Ce qui était impossible à faire pour le service public ferroviaire, ça devient possible parce que le privé arrive dans la région" poursuit le syndicaliste, qui dénonce des "effets d'annonce" pour faire "la promotion" de l'arrivée de la concurrence.
Tous ces changements doivent, sur le papier, permettre d'améliorer la ponctualité des trains.
En 2023, la région Provence-Alpes Côte d'Azur pointait en dernière place du classement de ponctualité des TER en France, avec seulement 84,7% de trains à l'heure.