Festival de Cannes 2023 : en dédicace dans une librairie cannoise, Thierry Frémaux se livre sur son travail littéraire

Le délégué général du Festival de Cannes a rencontré son public, ce vendredi 12 mai en fin de journée, pour une séance de dédicace. L'occasion de le questionner sur sa passion pour la littérature, la 76e édition qui commence ce mardi 16 mai, et son prochain ouvrage.

Lorsque l'on croise Thierry Frémaux, on lui parle souvent de cinéma, mais aussi de littérature. Ce vendredi 12 mai, il y avait foule dans la bibliothèque Au détour d'un livre, rue Jean-Jaurès à Cannes.

Beaucoup sont venus partager leur avis expert sur le Festival, aborder films et anecdotes de tournage, sans oublier l'ouvrage réédité en avril dans la collection Babel d'Actes Sud, Sélection officielle.

Un travail littéraire dans lequel Thierry Frémaux narre les coulisses de l'organisation et de la tenue de la Grand-messe du 7e art, dont la 76e édition débute sous peu

"Un journal quotidien"

D'abord paru en 2017 chez Grasset, année durant laquelle Thierry Frémaux fête ses 10 ans en tant que délégué général du Festival, le livre Sélection officielle est rééditée en avril 2023 aux éditions Actes Sud, sous un format de 668 pages. 

"C'est un journal quotidien, donc tous les jours, j'écrivais, je prenais des notes. Le week-end, je les reprenais. Tout a été fait en direct, à tel point même que les correcteurs commençaient déjà à avoir la première partie du texte quand j'étais encore en train de rédiger la suite" explique Thierry Frémaux. 

Sans détour, il y raconte les coulisses, sans ne rien cacher à son lecteur, car "la promesse que l'on se fait à soi-même, lorsque l'on décide de publier un journal, est d'être complètement honnête et transparent."

Une plongée, aussi, dans les métiers qui anticipent, créent et façonnent un Festival. "Je parle en effet de tout, en tout cas de beaucoup de choses, et surtout d'un métier, qui est celui que j'exerce moi, mais pas seulement. Celui de tous mes collaborateurs, des gens qui fabriquent à la fois le Festival de Cannes, et le cinéma, partout dans le monde. Je parle aussi beaucoup de l'Institut Lumière."

Thierry Frémaux se partage entre la capitale des Gaules et celle des festivals. À Lyon, il côtoie l'institut depuis sa création. D'abord comme bénévole, puis comme salarié et directeur depuis plusieurs décennies.

Documenter pour l'Histoire

Sélection officielle "commence au lendemain d'une clôture, celle de 2015, et cela va jusqu'à la clôture du Cannes suivant, soit 365 jours sur lesquelles j'ai des choses, beaucoup, à raconter. Évidemment, pas forcément pour parler de moi. Et de le relire aujourd'hui - c'est d'ailleurs ce que j'explique dans la nouvelle préface - je me suis rendu compte que ça avait pris un certain volume, une certaine force avec le temps - pardon de le dire comme ça. Et c'est à cela que ça sert".

Un travail de précision qui s'apparenterait à un documentaire. On en arriverait à regretter de ne pas voir une caméra suivre pendant toute une année le délégué général qu'est Thierry Frémaux.

Un travail aussi inédit puisque nul n'a détaillé les coulisses de ce festival comme lui.

Cela peut être lu aujourd'hui, mais cela pourra aussi être lu par les historiens, dans 20 ans, dans 50 ans. En tout cas, j'aurais adoré que Robert Favre Le Bret qui a dirigé le Festival dans les années 1950 et 1960, par exemple, s'il avait tenu un journal... J'aurais adoré lire ça.

Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière

Une 76e édition en ligne de mire

Cette parenthèse littéraire va tout de même se refermer le temps d'une quinzaine qui se profile, alors que la 76e édition débute mardi 16 mai. Tous les ingrédients sont réunis pour faire recette cette année : "Un Festival réussi, cela reste d'abord un festival bien organisé, où les films sont projetés à l'heure, où il y a du monde pour voir ces films, où la sécurité de chacun est assurée, et où la joie règne. 

La joie n'est pas forcément un sentiment que l'on partage beaucoup en ce moment, on voudrait contribuer à la faire revenir.

Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière

Cette nouvelle édition comporte "une belle sélection, il y a des choses importantes, qui viennent du monde entier, spécialement de pays un peu plus rares" se réjouit Thierry Frémaux.

"Quand est venue pour la première fois la Corée, c'était une grosse surprise. Cette année, c'est pareil, pour des pays que l'on n'a pas l'habitude de voir, le Sénégal, le Soudan, la Mongolie, le Chili... Là, on est très fiers. En plus, bien évidemment, du cinéma européen, français et américain" poursuit-il.

Le cinéma et la littérature, deux grandes passions

L'écriture est la matrice de tout. Thierry Frémaux le sait bien, car derrière chaque film se cache un script, un scénario, au service d'une idée, d'un message. Ces deux univers créatifs se rappellent toujours à lui.

"Ce sont deux exercices différents, y compris, moi-même qui était destiné, par ma formation d'historien, à écrire des articles et des livres, je ne l'ai pas fait pendant des décennies parce que mon métier, c'est de me dévouer aux autres. Et puis là, pour la première fois avec ce livre Sélection officielle, j'avais décidé d'écrire l'activité qui est la mienne". 

D'autres propositions littéraires lui ont été faites après la sortie de Sélection officielle. "Ça c'est un peu enchainé. Un éditeur m'a proposé d'écrire sur le sport, et j'ai choisi d'écrire sur le judo (une autre passion de Thierry Frémaux qui est d'ailleurs ceinture noire 4e dan, NDLR, et qui a écrit Judoka, paru en 2021 chez Stock), qui était la passion de ma vie avant celle du cinéma, et puis sur Bertrand Tavernier. Parce que c'était un ami cher, un mai fidèle, et sur lequel il y avait des choses à dire, des choses à redire. Lorsqu'il est parti, je me suis dit que je voulais livrer ce témoignage-là, et lui faire un tombeau littéraire. Cela arrive pour les écrivains, pour les peintres, et assez rarement pour les gens de cinéma. De parler de l'homme, mais aussi du cinéaste."

Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage, paru chez grasset en 2022, rend hommage au truculent réalisateur français mort dans le Var, à Sainte-Maxime.

Un prochain ouvrage déjà en préparation

D'ici peu, c'est l'Institut Lumière qu'il va retrouver. De jour, comme de nuit. 

"Je dois écrire pour l'éditeur Stock, pour la collection Ma nuit au musée. Je dois écrire pour l'une des prochaines livraisons de cette collection qui voit des écrivains écrire sur des lieux dans le monde. Moi, je ne vais pas aller très loin, car je vais écrire sur le musée Lumière, qui est actuellement en travaux, et qui va rouvrir à la rentrée, à l'automne prochain."

Je vais aller dans un endroit que je fréquente depuis toujours, pas chaque jour, mais presque, je vais aller y passer une nuit pour y raconter ce que ces collections, ce que ces couloirs, ces escaliers, ces entrepôts, recèlent de trésors.

Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière

Avant cela, ce sera le tapis rouge. Et, avant de le quitter, quand l'on demande au délégué général ce que l'on peut lui souhaiter avant le coup d'envoi du 76e Festival de Cannes, il répond :"À moi, comme à tout le monde, que les artistes soient heureux, que les spectateurs le soient aussi, que la presse puisse travailler, que les Cannois et les professionnels de la restauration, les hôteliers, les libraires, puissent être aussi heureux. Que Cannes, deux semaines durant, place le cinéma au cœur du monde." 

Début des festivités, mardi 16 mai.

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