Festival de Cannes 2023 est-il écolo ? Une enquête dénonce sa démarche de greenwashing

Reverdire l’image du Festival de Cannes, c’est ce qu’a entrepris l’organisation de la Grand messe cannoise du 7e art il y a quelques années. Le média en ligne Disclose l’accuse de greenwasher l’évènement qui, lui, souhaite vouloir compenser les émissions carbones.

De - presque - tous les continents, la planète du cinéma se rend chaque année à Cannes pour participer à son festival et à son marché du film. Une réunion annuelle particulièrement polluante qui génère quelque 25 000 tonnes de CO2 chaque année.

Le média en ligne Disclose a publié une enquête le 17 mai sur l'un des contrats passés entre le Festival de Cannes et une société helvète qui concourt à cette compensation carbone. 

80% des émissions polluantes sont dues au déplacement des festivaliers qui viennent à Cannes au mois de mai. Un contingent qui est désormais taxé par les organisateurs à hauteur de 20 euros en guise de contribution environnementale. 

Cette manne financière représente quelque 1,34 million d’euros cumulé en deux années. De quoi financer plusieurs projets environnementaux chaque année.

Le lac de la discorde

L'enquête publiée en ligne par Disclose le 17 mai affirme que "le Festival de Cannes a transféré 380.695 euros au projet Kariba, le 18 juillet 2022." Une somme hors taxe qui correspond à la moitié de son budget annuel alloué l'an passé à l'inversement de son impact carbone.

Ce projet du lac Kariba concerne une zone à la frontière entre le Zimbabwe et la Zambie, présente le site officiel du Festival de Cannes. Il est porté par South Pole, une entreprise suisse créée en 2006 qui travaille aussi pour des cadors tricolores : L'Oréal, Airbus, Kering, Danone ou la Banque de France.

Ce projet africain pour lequel l'entreprise implantée à Zurich doit permettre de protéger la biodiversité, notamment, et est labellisé REDD+. Un mécanisme international visant à "encourager les pays en voie de développement qui protègent et restaurent leurs stocks de carbone forestier."

South Pole dans le viseur 

L'entreprise helvète qui revendique quelque 400 experts et l'aboutissement de 700 projets à travers la planète est sous le feu des critiques. Le média hollandais d'investigation en ligne Follow The Money avait d'abord estimé au début de l'année que South Pole "a essentiellement vendu des droits d'émission concoctés à des centaines d'entreprises, dont Gucci, Volkswagen et le fournisseur d'énergie Greenchoice. En conséquence, une partie des réalisations climatiques de nombreuses entreprises prestigieuses n'existent que sur le papier".

Un marché de dupes qui a dopé les résultats de l'entreprise suisse affirme le média néerlandais : "Ces crédits carbone ont généré des dizaines de millions d'euros pour South Pole. L'entreprise est en crise : les salariés veulent que l'erreur soit reconnue, tandis que la direction la balaye sous le tapis".

Il y a quelques jours à peine, le Zimbabwe a réagi officiellement suite à cette controverse "South Pole". Et Follow The Money d'offrir un suivi de ce dossier qui a amené le pays africain à mieux encadrer ces marchés liés au carbone. South Pole est accusée de ne pouvoir prouver que la totalité des fonds encaissés pour ce projet sont effectivement parvenus au projet Kariba. 

Ariane Lavrilleux est la journaliste de cette enquête de Disclose. Ce marché visant à compenser les pollutions déjà émises a largement été biaisé. 

"Ils ont vendu des millions de crédits carbones à Gucci, Volkswagen, Porsche, etc. Ils en ont vendu beaucoup plus que ce qu'ils avaient. Pour le moment ils en ont vendu 23 millions, mais ils ambitionnent d'en vendre 42 millions."

Ils mettent au pot, ils financent un projet qui est boiteux.

Ariane Lavrilleux, journaliste et autrice de l'enquête de Disclose

Le Festival de Cannes s'appuie également sur d'autres projets, en France et à l'étranger, pour compenser ses émissions polluantes. Depuis 2007, d’autres mécanismes liés au développement durable ont été mis en place par le Festival. Son site web affirme qu’il a entamé une "démarche éco-responsable".

Diminution des impressions de brochures, passage au digital pour le guide destiné aux festivaliers, recyclage ou tri sélectif…

Sans oublier son tapis rouge plus enclin à incorporer des fibres recyclées.

Cela fait une dizaine d’années que le tapis rouge du Festival est recyclé après son utilisation, auprès des secteurs de l’automobile, de la construction et de l’agroalimentaire, comme le précisent les organisateurs.

Il a notamment été réemployé pour diverses scénographies, comme élément de décoration pour des remises de diplômes ou encore pour la fabrication d'objets "upcyclés". Une blogeuse l'avait employé pour se confectionner une robe en 2019. Un peu de poussière d'étoiles en moins pour cette grande réunion annuelle des stars. 

L'actualité "Environnement" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Provence-Alpes-Côte d'Azur
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité